Un visage qu'on risque de voir de plus en plus. Arrivé sur France 2 il y a quatre ans, Jean-Baptiste Marteau est désormais le joker de Leila Kaddour le week-end au 13 Heures, intervient dans "L'Emission politique" animée par Léa Salamé et participe régulièrement aux journaux de la chaîne en tant que journaliste politique. Invité du septième numéro de #QHM, le "Quart d'heure médias" de puremedias.com, Jean-Baptiste Marteau a évoqué sa rentrée chargée, le flop de "L'Emission politique" avec Marine Le Pen, les nombreux jokers des JT de France 2 ou encore les propos de Laurence Ferrari sur la grève à iTELE.
Sur sa rentrée chargée qui l'a obligé à faire des choix
Il a fallu faire quelques choix, notamment "Télématin" où je faisais les remplacements pour les journaux. Pour l'instant, on a mis un peu le ola. Mon métier, à la base, c'est reporter politique pour les 20 Heures de la chaîne, et il faut quand même un peu de temps pour préparer les sujets. Il a fallu faire des choix, arbitrer avec la direction, mais c'est très bien !
Sur le grand nombre de jokers à France 2
Chaque tranche a son joker. C'est désormais assez clair, plus qu'auparavant. Il y a quatre gros journaux : 13 Heures semaine, 13 Heures week-end, 20 Heures semaine et 20 Heures week-end. Et chacun a son joker. Depuis la rentrée, c'est assez clair et identifié. C'est vrai qu'il y a beaucoup de renouvellement à France 2. C'est aussi une des chances et des richesses du groupe, de pouvoir faire monter et voir arriver de nouveaux visages à l'antenne. Thomas Sotto nous a rejoints la semaine dernière au JT et ça s'est très bien passé !
Sur le côté un peu "gadget" du nouveau JT de France 2
Ce n'est pas gadget, on essaie d'avoir un endroit identifié. La demi-lune du début pour les titres, on se met autour pour la chronique culturelle le samedi, il y a une autre partie devant l'écran qu'on utilise pour les animations... Chaque coin est assez identifié et si on le fait, c'est parce que ça amène quelque chose. Ce qui est génial, c'est que le plateau permet énormément de choses. C'est vrai qu'il faut s'y retrouver au départ quand on arrive en tant que présentateur ! On suit beaucoup ce que nous dit le réalisateur, qui nous guide beaucoup, et on répète un peu avant. C'est vrai que c'est une gymnastique.
Sur la bonne santé des JT sur TF1 et France 2
On a été un peu surpris. Après une année présidentielle, on pouvait se dire que les gens allaient être moins intéressés par l'actualité au quotidien. Les scores étaient déjà très bons l'an dernier, et cette année ils sont encore meilleurs. Ca prouve d'abord qu'il y a un intérêt pour l'information, mais aussi qu'il y a une crédibilité du média télé et du 20 Heures. Ca reste une source d'information très importante pour beaucoup de Français, peut-être aussi parce que les 20 Heures ont réussi à se réinventer et proposer tout un tas de choses qu'on ne voit pas sur les chaînes info ou sur internet. Dans dix ans, je pense qu'il y aura encore des JT, mais ils ne ressembleront certainement pas à ceux de 2017.
Sur la crise de l'info à France Télévisions
Les inquiétudes se concrétisent dans les économies réclamées par l'Etat à France Télévisions, qui se chiffrent en dizaines de millions d'euros. Ce sont des emplois à la clé, on le voit au quotidien, notamment au service des JRI, les journalistes reporters d'images qui filment sur le terrain. Ce sont des CDD qu'on ne peut plus prendre, et ça se ressent un peu partout. Il y a des reportages qu'il est plus compliqué de monter, on demande plus de travail aux équipes. Je comprends ce malaise, on le constate tous les jours. Si on veut continuer à proposer une information différente ce que proposent les chaînes info, ça va coûter de l'argent !
Sur le flop de "L'Emission politique" consacrée à Marine Le Pen
On s'attendait à ce que cette année soit un peu compliquée en termes d'audiences, puisqu'on sort d'une année présidentielle. On se demandait si les gens voulaient encore voir de la politique en prime pendant deux ou trois heures. La réponse était oui pour Edouard Philippe, le premier invité, parce qu'il y a eu un intérêt pour l'émission, qui est devenue une référence dans son domaine, mais aussi parce qu'il y avait une curiosité sur l'invité. Les gens ne le connaissaient pas forcément. La semaine dernière, l'audience a été quasiment divisée par deux pour Marine Le Pen. On s'attendait à une audience beaucoup moins importante, mais pas autant. Elle veut dire quelque chose politiquement, cette audience. On le voit sur la courbe d'audience : elle est plate, les gens ne sont pas venus. Ils n'avaient pas envie de la voir ce soir-là. C'est encore un contrecoup de la présidentielle, elle ne s'en est pas remise !
Sur les propos de Laurence Ferrari, selon qui la grève à iTELE a "détruit l'outil de travail"
Dans le cas d'iTELE, je ne suis pas sûr que ce soit les grévistes et les journalistes de la rédaction qui aient détruit l'outil de travail. Je pense que quelqu'un s'en était déjà chargé avant eux. J'ai beaucoup d'amis qui travaillaient à iTELE, j'ai vu leur tristesse, parce que leur chaîne était en train de se détruire parce qu'il y avait un actionnaire et des dirigeants qui ne voulaient pas qu'elle poursuive son chemin de cette manière. Aujourd'hui, c'est une nouvelle aventure, ce n'est plus iTELE. Et puis, ce sont les journalistes qui sont en grande partie l'outil de travail en question, ce sont eux qui font l'information et la crédibilité. Les gens viennent sur la chaîne parce qu'ils ont confiance, et la confiance, ça se construit. Donc il ne faut pas tout mettre sur le dos de ces journalistes, ils ont fait cette grève pour des raisons importantes.
Sur la touche Jean-Baptiste Marteau
J'essaie d'être moi-même. J'aime bien être décontracté, parler aux gens. Je pense qu'il faut arriver à être sérieux sur le fond et un petit peu souriant. Oui, on peut sourire au JT, on peut dire un petit mot après un sujet, être un peu plus léger après une chronique culture ou sport. J'essaie d'être comme je suis dans la vie, d'être assez normal, ne pas rentrer trop dans le moule.
Sur le fait que le poste de titulaire du 13 Heures d'Elise Lucet ne lui a pas été proposé en raison de la parité
Deux choses : la parité, c'est normal. C'est normal qu'on féminise l'antenne. A la place de la direction, j'aurais fait pareil. Maintenant c'est vrai que quand vous pensez - et qu'on vous dit - qu'on aurait pu le faire, ou qu'on était légitime, mais qu'on n'a pas le poste parce qu'il faut mettre une femme, c'est frustrant sur le coup. On n'est pas très content pendant quelques heures. Et au final, c'est normal. Il faut faire la place à tout le monde. Mais ce n'est pas très sympa quand on vous l'annonce. Quelqu'un m'a reçu dans son bureau il y a quelques mois et m'a dit "Ca aurait pu être toi mais, dommage, tu es un homme". Effectivement, je n'y peux rien, c'est comme ça ! Ca fait partie de la règle du jeu.
Sur la rentrée de LCI
Je suis ravi de voir que la chaîne est repartie, arrivée en clair, s'est beaucoup densifiée encore cette année avec une nouvelle direction. Ca reste une chaîne que j'aime beaucoup. Je ne regrette pas d'en être parti, et on m'a même proposé d'y retourner, mais j'ai fait le choix de rester à France Télévisions parce que c'est la seule chaîne où on peut faire autant de choses.
Sur ses préférences en access
Je regarde "C à vous", même s'il y a des séquences de "Quotidien" que j'aime bien et que je regarde en replay. Mais en intégralité, c'est devenu trop long pour moi ! Je ne peux pas rester 1h30 à regarder cette émission. Quand ils font de l'info et du reportage, ils le font très bien. Mais il faut faire attention : on ne peut pas rire de tout, tout le temps, et surtout avec tout le monde. Mais ils arrivent à trouver un équilibre ! C'est bien que ça existe !
Sur le "storytelling" de Laurent Delahousse, critiqué
Laurent a son style à lui, j'ai une admiration pour Laurent depuis très longtemps, c'est pour ça que je suis venu à France 2 ! Il a dix idées par jour, il faut suivre du côté des équipes ! Il raconte des histoires effectivement. Il fait ça dans "Un jour, un destin" depuis des années, et je crois que c'est comme ça qu'il arrive à être proche des gens. Il a une rigueur sur les faits, c'est difficile de lui contester ça. Quand il raconte les histoires des personnalités, il va peut-être mettre du romanesque dans la forme, mais pas dans le fond, qui reste extrêmement rigoureux. Ca reste de l'info.
Sur Christine Angot
Intéressante. Elle peut avoir des moments parfois explosifs. On se demande ce qu'elle fait. Et au final, c'est une femme qui a énormément de choses à dire.