Le réalisateur Jean-Jacques Beineix, auteur du film culte "37°2 le matin", est décédé ce jeudi 13 janvier à l'âge de 75 ans à Paris des suites d'une longue maladie, a annoncé son frère Jean-Claude, vendredi 14 janvier à l'AFP.
Grand nom du "cinéma du look", le cinéaste s'est fait connaitre du public grâce à "Diva (1981)", son premier film césarisé à quatre reprises, et donc "37°2 le matin" (1986), une histoire d'amour et de folie avec Jean-Hugues Anglade et Béatrice Dalle. Nommé à neuf reprises aux César, le film, adapté du roman de Philippe Djian et qui cartonna au cinéma (3,6 millions d'entrées), fut nommé à l'Oscar du meilleur film étranger et révéla Béatrice Dalle, qui incarnait le personnage de Betty.
Après "37°2 le matin" s'ensuivront plusieurs films, tous des échecs, dont "Roselyne et les lions" et "IP5 : L'île aux pachydermes", dernier film d'Yves Montand sorti en 1992. En 2001, après neuf ans d'absence, il revient avec "Mortel Transfert", un échec critique et commercial complet, rappelle l'AFP. Il déclare, d'ailleurs, que ce film l'endette fortement. Ce sera le dernier de ses six longs-métrages, suivi de documentaires pour la télévision ("Les enfants de Roumanie", "Place Clichy sans complexes"...), sous la bannière de sa société de production, Cargos Films.
Egalement passionné du petit écran, le réalisateur avait décrypté l'arrivée en France du phénomène "Loft Story" au début des années 2000. Un film documentaire de 80 minutes, "Loft paradoxe", est né de sa réflexion autour des émotions suscitées par la télé-réalité décriée par les uns et adulée par les autres. "Il est allé questionner tous ceux qui, sociologues, philosophes, politiques, journalistes, gens de la haute et France d'en bas, pourraient avoir un avis argumenté sur le mètre étalon de la real TV, décrivait ainsi "Libération" dans un article critique. Lors de 'Loft Story' première édition, le réalisateur Jean-Jacques Beineix avait trouvé l'émission 'énorme'. Selon ses dires, il y aurait découvert la nature profonde de la jeunesse".
"Pro-Loft ? Moi ? C'est une idée reçue que vous-même, inconsciemment, avez intégrée. Dans le film, (je) pose des questions sur ce nouvel objet télévisuel. Mais aujourd'hui, celui qui réfléchit est vite soupçonné de prendre partie 'pour' ou 'contre'", contestait-il pourtant dans une interview à "L'Humanité" en 2002.
"Quand le 'Loft' a commencé, j'ai regardé. Par curiosité. J'ai senti qu'il allait se créer un événement autour de ce jeu. J'ai accepté de jouer le rôle du pro-Loft dans une émission de Marc-Olivier Fogiel, sur France 3, face à Gérard Miller. Parce que je me doutais que Miller serait un détracteur violent du loft. Face à ses arguments, je lui ai seulement répliqué : "Vous êtes un vrai professionnel de la contestation. C'est pratiquement votre fonds de commerce. Or, vous êtes aussi véhément sur Vilvorde que sur le Loft...' Ça me pose un problème".
"Tellement de souvenirs avec Jean-Jacques Beineix. Son analyse de l'arrivée du 'Loft' sur le plateau d''ONPP' ! Son récit du tournage de 37.2 avec ma Beatrice. Adieu Jean-Jacques", a tweeté Marc-Olivier Fogiel, précisément en référence à la participation du cinéaste à un numéro de "On ne peut pas plaire à tout le monde", l'émission qu'il présentait à l'époque le dimanche soir sur France 3.
Ces deux dernières décennies, Jean-Jacques Beineix s'était réfugié dans l'écriture, notamment celle de son autobiographie, "Les Chantiers de la gloire : mémoires", publiée en 2006.