Il voit le rôle de la télévision dans l'industrie du 7e art d'un mauvais oeil. Jérôme Seydoux, président de Pathé, producteur et distributeur de films, a accordé un entretien à nos confrères du "Point". Après avoir récemment remis en cause la qualité des films français, le puissant dirigeant persiste et signe en pointant l'influence des chaînes de télévision, qui ont des obligations d'investissement dans la production d'oeuvres cinématographiques. Le patron du groupe Pathé appelle à "changer les rapports entre le cinéma et la télévision". "C'est un travail de longue haleine", admet-il en substance.
Pour Jérôme Seydoux, pour qui Canal+ fait figure d'exception, cette influence des chaînes se ressent sur la qualité des films français visibles en salles. "Si on veut voir des films de cinéma pas chers, on peut regarder la télé ! On accuse de nombreuses productions françaises pour le cinéma de ressembler davantage à des téléfilms... Le cinéma français est trop influencé par le système des obligations des télévisions de financer des films. Il y a donc un formatage télé qui n'est pas favorable à la salle", déplore-t-il.
Et de poursuivre : "Le cinéma français est marié aux chaînes de télévision. Ce serait un bon système si on vivait en autarcie. Mais, autour de nous, le monde change très vite", observe le patron de Pathé, en référence aux plateformes de SVOD, qui ont fait le plein d'abonnements en période de confinement. En France, Netflix revendique désormais plus de 10 millions de foyers abonnés, contre 6,7 millions en 2020.
Jérôme Seydoux estime en sus que la nouvelle chronologie des médias, qui permet dans certains cas aux chaines de télévision de diffuser un film dès 22 mois après sa sortie en salles, est un risque à terme pour les salles de cinéma. Il cite l'exemple de Disney, dont les productions représentent selon lui "20 à 25% des entrées" : "Si, en France, Disney ne sort pas en salle son film de Noël, "Avalonia", c'est qu'il aurait dû attendre dix-sept mois pour ne l'avoir que cinq mois sur sa plateforme Disney+ avant de laisser les chaînes françaises le diffuser. La nouvelle chronologie des médias, qui fixe les fenêtres de diffusion des films en France, ne peut pas fonctionner ainsi".