L'info de TF1 retrouve la gagne. Cette année, la Une a réalisé un quasi-grand chelem sur les principaux événements d'actualité. Une gageure alors qu'en 2017, c'est France 2 qui avait pris le pas sur sa rivale, à la faveur d'une actualité politique exceptionnelle. Mais cette saison, la politique, qui demeure le point fort de la Deux, est aux abonnés absents parmi les temps forts de l'année. Celle-ci a en effet été rythmée par la mort de Johnny Hallyday en décembre, l'hommage national à Arnaud Beltrame en mars, le mariage de Meghan Markle et du prince Harry en mai ou encore le retour des Bleus après leur triomphe en Russie il y a quelques jours.
Sur l'ensemble de ces grands événements d'actualité, TF1 et France 2 ont systématiquement bousculé leurs programmes, tout comme M6. Mais cette dernière reste totalement hors-course avec des scores dignes des chaînes de la TNT lorsqu'elle casse son antenne. Cette année, elle a d'ailleurs été systématiquement devancée par BFMTV. Au global, France 2 a couvert davantage d'événements que TF1 puisque la chaîne publique a cassé son antenne pour couvrir l'hommage national à Jean d'Ormesson et l'entrée de Simone Veil au Panthéon. Pour ces deux événements, du côté du groupe TF1, c'est la seule LCI qui a été mobilisée.
À l'exception du mariage princier, pour lequel France 2 est davantage identifiée grâce à la présence de Stéphane Bern, TF1 s'est systématiquement classée assez largement en tête des audiences. Mieux encore, ce samedi, la Une est même parvenue à très largement reprendre le large sur sa rivale publique à l'occasion du traditionnel défilé militaire du 14 juillet. "TF1 a bénéficié à plein des effets du Mondial et de la qualification des Bleus en finale, qui a entraîné un effet d'audience très vertueux. Le contexte est particulier cette année", souffle un cadre de France Télévisions, qui reconnaît toutefois que les éditions spéciales de la Une ont été "intelligemment retravaillées".
Ce renouveau des éditions spéciales de la Une est piloté en haut lieu par Thierry Thuillier, patron de l'information de TF1 depuis septembre dernier. Un fin connaisseur du secteur qui a laissé derrière lui un excellent bilan à France Télévisions, où il a notamment piloté la direction de l'information entre 2010 et 2015. "Il a fait beaucoup de bien à l'information de la Une. C'est un grand patron et un grand bosseur. C'est aussi à lui que France 2 doit la réussite de ses éditions spéciales ces dernières années. Il avait su impulser quelque chose...", commente un journaliste qui a travaillé à ses côtés.
"Nous avons beaucoup travaillé sur les éditions spéciales de TF1", reconnaît Thierry Thuillier. Selon lui, si celles-ci marchent mieux, c'est notamment grâce à "un dispositif antenne élargi". "Avec Ara Aprikian, nous faisons le choix de privilégier absolument le direct. TF1 doit être une chaîne de direct lorsque de grands événements se produisent", commente-t-il, rappelant que ce week-end, "entre le dispositif pour le 14 juillet et le Mondial, TF1 a été en direct et en spéciale quasiment du samedi matin au lundi soir".
Autre changement opéré par Thierry Thuillier : les incarnations. "Nous comptons beaucoup sur Jean-Pierre Pernaut qui est le présentateur préféré des Français pour commenter de grands événements populaires et bien sûr sur Gilles Bouleau et Anne-Claire Coudray", explique le dirigeant, qui rappelle que l'emblématique pilier du "13 Heures" de la Une a été aux commandes de deux éditions spéciales consacrées à Johnny Hallyday. Pour la première fois depuis son arrivée sur TF1 il y a trente ans, Jean-Pierre Pernaut a aussi été mobilisé pour le 14 juillet. "Nous voulons compter sur tous ceux qui incarnent l'info sur notre antenne", poursuit Thierry Thuillier. Pour le retour des Bleus, ce sont Harry Roselmack et Julien Arnaud qui ont été envoyés au front dans les rues de Paris. Pour la mort de Johnny et pour le mariage princier, Audrey Crespo-Mara et Pascale de La Tour du Pin (LCI) ont aussi été mobilisées.
Malgré le bilan réjouissant de cette année, TF1 ne peut pas se reposer sur ses lauriers. En termes d'image, la chaîne a souffert du "bug" ayant récemment affecté la retransmission du retour des Bleus en France. "Nous devons faire en sorte que ça n'arrive plus et nous concentrer sur les prochains événements", souligne Thierry Thuillier, qui planche actuellement sur le dispositif spécial prévu par la Une pour le centenaire de l'armistice du 11 novembre 1918. Sauf événement d'actualité majeur, il devrait d'ailleurs s'agir de la toute première spéciale enregistrée sur le nouveau plateau de l'information de la Une.
Un détail qui ne compte pas tant que cela selon Thierry Thuillier. "Nous avons fait nos spéciales sur le 14 juillet et sur le retour des Bleus depuis un plateau provisoire, ça n'a pas d'impact. La priorité, ce sont les images venues de l'extérieur", estime le patron de l'info de la Une. En face, consciente d'avoir du plomb dans l'aile depuis le départ de Thierry Thuillier, France 2 s'apprête à revoir sa copie. Dans un vaste jeu de chaises musicales à la direction de l'information du groupe, François Brabant, directeur adjoint opérationnel chargé des éditions spéciales, cède son siège à Amaury Guibert, jusqu'à présent correspondant de la chaîne en Allemagne.