Il a quitté C8 pour M6. Dimanche soir à 21h, Julien Courbet prend les commandes pour la première fois du magazine économique "Capital". L'animateur succède à Bastien Cadéac qui avait présenté l'émission pendant deux ans. Il est également tous les matins à l'animation de "Ca peut vous arriver" sur RTL. puremedias.com a rencontré le présentateur pour un long entretien, publié tout au long de la journée.
P1 : Julien Courbet : "Dans 'Capital', on n'est pas dans la dénonciation"
P3 : Julien Courbet : "Je pourrais refaire 'Sans aucun doute' sur M6"
Propos recueillis par Florian Guadalupe.
puremedias.com : Vous étiez l'année dernière aux commandes de "C'est que de la télé" sur C8, désormais animé par Valérie Bénaïm. Avez-vous regardé la nouvelle version de l'émission ?
Julien Courbet : J'ai jeté un petit coup d'oeil. Je vois que rien n'a changé. Je vous parie aujourd'hui que "C'est que de la télé" sera exactement comme "C à vous". "C à vous", il y a eu trois présentatrices et ça n'a fait que monter. Ce qu'a installé la première, la deuxième en a bénéficié. Ce qu'a installé la deuxième, la troisième en a bénéficié. Je mets ma tête à couper que ce sera un succès cette année pour Valérie Bénaïm. Je trouve qu'elle a démarré très haut.
"'C'est que de la télé' est l'une des plus belles aventures de ma carrière"
C'est une émission qui est plus forte que son présentateur ?
Exactement. Autant je ne dirai pas ça de "Touche pas à mon poste" où, là, on vient chercher un one-man-show qui est parfaitement réalisé par Cyril Hanouna. C'est pour ça que je suis très fier, les peu de fois où je l'ai remplacé, d'avoir réussi à sauver les meubles. Ma fierté sur "C'est que de la télé", c'est d'avoir pu installer un ton, une bande, un côté chaleureux, dont va bénéficier Valérie, qui apportera elle-même autre chose. Le concept est plus fort. L'animateur n'est là que pour relancer ses chroniqueurs. La force de l'émission, ce sont les extraits. Je pense que ce sera la bonne surprise de l'année. Je le crois.
L'histoire de l'émission est assez spéciale. Vous êtes un peu arrivé en pompier avec ce format sur C8.
L'histoire est incroyable ! Je me rappelle, je suis de retour de vacances. Je rentre dans ma voiture avec mon chien en direction de Paris. Au-delà de la radio, je suis censé faire une émission tous les vendredis. Alors que nous sommes le 29 août 2017, je reçois un coup de fil du bras droit de Cyril Hanouna. Il me dit : "Tu ne feras plus le vendredi". Inutile de vous dire que j'étais surpris. Je lui ai dit : "Il va se passer quoi alors ?". "On va te confier, si tu es d'accord, la case de Camille Combal, (qui, lui, avait décidé de l'arrêter pour se consacrer à 'Touche pas à mon poste'). Est-ce que tu es d'accord ? De toute façon, la décision est prise mais tu as le temps. Il y a déjà l'émission de couples. Donc tu as trois semaines". Après, l'émission de couples a été ce que ça a été. Du coup, j'ai encore eu un coup de fil : "Changement de programme, ce n'est plus dans trois semaines, c'est lundi !" (rires) On s'est alors appelé. En trois ou quatre jours, avec Cyril, Nourredine le producteur et moi-même, on a cherché à savoir ce qu'on pouvait faire très vite, avec cette partie du décor qu'on utilisait déjà. Parfois ça ne marche pas. Mais c'est la magie de la télé : tout de suite, on a trouvé le ton. D'abord on était "télé", puis on s'est aperçu qu'on était trop proche de "Touche pas à mon poste" et que c'était idiot. On a laissé tomber la télé, on est allé sur l'actu.
"C'est que de la télé" a alors progressé de semaine en semaine.
Tout de suite ! Avec un record à 730.000, alors qu'on est parti de 200.000. C'est l'une des plus belles aventures de ma carrière.
Sur Tex : "Je pense qu'un rappel à l'ordre aurait pu suffire de la part de France Télévisions"
Avez-vous le sentiment d'avoir rempli tous vos objectifs dans ce programme ?
Plus que rempli ! L'objectif était d'arriver à se remettre à 350.000-400.000 téléspectateurs. Puis, les audiences, franchement... Ce n'est pas un manque de modestie. J'ai eu la chance sur TF1 d'animer des primes à 11 millions. J'en ai fait des dizaines à plusieurs millions. Donc, le fait de passer de 400 à 700.000, ce n'est pas ça qui fait que le matin, j'ouvre une bouteille de champagne. Ce qui était super intéressant, c'était d'arriver à créer ça. Ce qui prouve qu'on n'a pas toujours besoin d'avoir d'énormes moyens. On avait un bout de table, un bout de studio, un bout de caméra et un bout de lumière. Quand on arrive à trouver tout de suite cette magie, cette interaction, les bonnes personnes.... Se comprendre d'un regard.... C'est ça ma plus grande fierté. C'est aussi parce que j'ai eu des coups de coeur avec Jean-Michel Cohen et Francesca Antoniotti par exemple. Tout le monde m'a dit que ce n'était pas une bonne idée mais j'ai pris dans ma bande Tatiana Laurens. Ca a été un laboratoire extraordinaire. Je me rappelle très bien de Julien Lalande (en charge des flux et des documentaires sur C8, ndlr) qui me dit : "Profites-en, vas-y. Tente ! Ne te refuse rien ! Tente tout jusqu'à trouver la bonne formule !"
Avec du recul, est-ce que la polémique autour de la blague de Tex dans votre émission était évitable ?
Non. Je ne pouvais évidemment pas l'éviter. Tex est un comique qui vient pour faire le show sur le plateau. Il adore raconter des blagues. Il a dit en direct qu'il veut raconter une blague. Est-ce que vous connaissez un animateur au monde qui dirait : "Non, vous n'allez pas en raconter" ? Bigard en a raconté des tonnes. Je me rappelle d'un "Touche pas à mon poste" où il en a raconté une que je n'ose même pas vous raconter. C'est le propre d'un humoriste. C'est ce qui fait son charme. Donc Tex vient, il raconte sa blague. Derrière, je comprends tout de suite que c'est un peu compliqué et qu'il risque d'y avoir des retombées. Je me dis qu'il serait bien d'atténuer. Mais je n'aurais pas pu l'éviter. Je trouve que c'était dommage. Je pense qu'un rappel à l'ordre aurait pu suffire de la part de France Télévisions. (Tex a été viré de France Télévisions après sa blague sur C8, ndlr) Vous savez, la punition ne fait pas évoluer les choses. Vous avez beau punir, virer autant de gens, ça ne sert à rien. La meilleure chose qu'il fallait faire, c'était de demander à Tex de participer à une campagne dont il serait le porte-drapeau pour dire qu'on ne touche pas une femme et qu'on ne fait pas de blagues comme ça. Ca aurait eu un impact énorme ! Alors que là, on le vire, ça crée une polémique encore plus grosse. On mélange tout. On ne parle même plus des droits de la femme. On parle de chasse aux sorcières.
"Rediffuser 'A prendre ou à laisser' sur C8, ça n'avait aucun intérêt. C'est vraiment dommage. On aurait pu aller très haut et se stabiliser au million."
Vous avez également présenté des jeux sur C8, mais la chaîne ne vous a confié que des émissions "recyclées" de TF1, "A prendre ou à laisser" et "Le maillon faible". Est-ce que vous auriez aimé animer des formats inédits, comme ceux de Jean-Luc Lemoine ?
Je n'aurais pas préféré qu'ils soient inédits ou pas inédits. Si j'ai un regret par rapport à ça, c'est qu'on a eu une progression extraordinaire. Malheureusement, avec les budgets TNT, on a été obligé d'arrêter les diffusions. On oublie trop souvent que je démarre "Le maillon faible" à 300.000 téléspectateurs. Un mois après, ça s'arrête. On était à 600.000 ou à 700.000. On aurait continué, on aurait pu atteindre le million. Sauf qu'on arrête parce que "Le maillon faible" a été mis à l'antenne pour payer un dédit à un producteur à qui on avait supprimé une émission. Comme on ne voulait pas payer le dédit, on lui a dit : "Trouve-nous autre chose ! Tiens, t'as ce jeu. Mais tu n'as qu'un mois, qui va combler ton dédit. On arrêtera au bout d'un mois". C'est un peu dommage parce qu'on avait progressé au fur et à mesure. Là-dessus arrive une autre marque qui est celle d'"A prendre ou à laisser". C'est tout de suite 700.000 téléspectateurs, puis 800.000, puis 900.000. Au moins de décembre, on rend l'antenne à 1,1 million de téléspectateurs à 19h à Cyril Hanouna. Et là, plus de budget, on me dit qu'on reprendra les jeux au mois de septembre. Sur la TNT, ça ne se passe pas comme ça. Sur la TNT, quand il y a un truc qui marche, c'est 365 jours sur 365. Regardez les jeux sur les autres chaînes, quels sont ceux qui marchent le mieux ? Ce sont ceux qui sont là 7 jours sur 7. Nous, on mettait même des rediff'.
Souvent des rediffusions des jeux de la veille...
On savait dès le début, sur les dix, qui allaient être le gagnant. Les boîtes, c'est un jeu uniquement basé sur le suspens. Le rediffuser, ça n'avait aucun intérêt. Donc, c'est vraiment dommage. Je pense qu'on aurait pu aller très haut et se stabiliser au million entre 18h et 19h. Le jeu des boîtes a été l'un de mes plus beaux kiffs. J'ai vécu une aventure humaine. C'était aussi l'un des plus beaux trucs que j'ai pu faire à la télé. Moi, le producteur, j'ai un respect et je peux m'agenouiller devant celui qui, un jour, est allé voir un patron de chaîne en lui disant : "On va faire un jeu où il n'y a aucune question. On va juste ouvrir des boîtes". Si j'étais patron de chaîne, j'aurais répondu : "Il faut qu'on règle ton problème d'alcoolisme et que tu ailles voir un bon docteur" (rires).
"Je serai critiqué dans 'Touche pas à mon poste'. C'est tout à fait normal."
Aimeriez-vous faire du jeu sur M6 ?
Non, ça y est. J'espère être parti pour longtemps dans le magazine et la radio. Il faut que tout ça soit cohérent. Si on me propose de faire un jeu, il faudrait arrêter "Capital". Il est hors de question d'animer un jeu sur M6. La question ne se pose même pas. J'entre dans une nouvelle aventure. Je ne viens pas pour faire un petit tour, juste pour animer "Capital" puis ensuite faire autre chose. J'espère m'installer sur le très long terme. Je suis parti pour de très longues années de magazine.
Vous avez également participé à une émission qui critique les autres programmes de télévision, "Touche pas à mon poste". Avez-vous peur de ne pas être épargné ?
Non. Daniel Balavoine disait : "Au-delà de dix lignes, écrivez ce que vous voulez". Il a bien raison. C'est le jeu. Je serai critiqué. C'est tout à fait normal.