La télévision n'est pas morte. Présent au MIPCOM 2023 à Cannes la semaine dernière, Julien Degroote, directeur du développement et de la création chez TF1, a livré quelques détails de la stratégie du groupe audiovisuel pour rester leader des audiences en France. En préambule de sa prise de parole devant un parterre de professionnels étrangers, le dirigeant a rappelé la lutte qui s'est engagée depuis plusieurs mois avec France 2 pour que TF1 reste première chaîne de France.
"En France, TF1 est largement leader sur cibles ; sur l'ensemble du public, l'écart se réduit avec le service public qui est très fort sur le public âgé" a-t-il expliqué. Pour autant, TF1 ne baisse pas les bras pour faire (re)venir les Français devant le petit-écran. "Le linéaire est en déclin donc vous devez lutter contre cela en innovant. Chez TF1, on mise sur 3 points clés. Le premier c'est le direct. Notre stratégie c'est que les gens allument leur téléviseur pour regarder notre chaîne à des moments clés. C'est assez facile de le faire avec l'information ou encore le sport, c'est plus complexe avec le flux", a-t-il indiqué.
L'autre vecteur de croissance pour la Une : la fiction française. "Nous avons deux feuilletons quotidiens chaque jour ("Ici tout commence" et "Demain nous appartient"), deux cases de fictions françaises de prime-time chaque semaine (le lundi et le jeudi, ndlr). Nous investissons des millions et des millions en productions locales car nous pensons que c'est un bon moyen pour nous de rassembler des audiences massives grâce à des séries puissantes et attractives sur l'ensemble du public", s'est-il réjoui.
Enfin dernier point clé pour TF1 : "Faire, produire, imaginer des programmes pour toute la famille". "Dans notre catalogue nous avons 'Mask Singer', 'The Voice', 'Danse avec les stars', 'Ninja Warrior'. On essaye d'avoir les plus gros formats et les plus gros événements live pour attirer les gens devant la télévision", a-t-il rappelé avant d'ajouter que la télévision avait encore une carte à jouer : "Souvent, les gens du métier me disent que le linéaire est en train de mourir que la hype est sur les plateformes et les streamers. Je crois que nous avons encore une carte à jouer. Sur TF1, on a la possibilité de promouvoir nos programmes. Quand nous lançons un nouveau divertissement comme "Star Academy" ou "The Voice", nous commençons à le promouvoir 10 jours avant à l'antenne avec des bandes-annonces. En 10 jours, nous pouvons toucher entre 30 et 40 millions de personnes avant l'arrivée du programme sur notre antenne. C'est une force considérable. On sait qu'on est encore capable de créer l'événement et de faire venir les gens devant leur télé à un jour et un horaire spécifique".
Durant cette prise de parole, Julien Degroote est également revenu sur l'exercice périlleux pour un groupe privé comme TF1 de trouver "un juste équilibre" entre "marque forte sur cibles mais aussi sur l'ensemble du public". "La question clé aujourd'hui c'est de trouver le programme qui va performer sur les deux (linéaire / digital). Cet été, nous avons lancé "Ma mère, ton père, l'amour et moi" en prime sur TF1, on pensait que vu que c'était une télé-réalité fictionnalisée ça pourrait être porteur pour le digital. Ça l'a été. Sur MyTF1, ça a bien marché. Sur les cibles, en linéaire, ça a plutôt bien marché mais sur l'ensemble du public c'était faible. Parce que les téléspectateurs de cinquante ans et plus ne sont pas venus. À la fin, le bilan n'est pas évident pour un groupe comme le nôtre. Nous voulons développer le digital, donc accélérer le passage des cibles sur ce marché, tout en conservant la puissance du linéaire. C'est un équilibre permanent mais à terme, le digital prendra de plus en plus d'importance", a-t-il conclu rappelant que TF1 était "leader" sur ce marché et que MyTF1 capte "30 millions d'utilisateurs actifs par mois et affiche plus de 2 milliards de vues".