Julien Degroote : "'Mask Singer' aura une saison 2"

Place au bilan. Demain soir, TF1 diffusera la finale de "Mask Singer", son concours de célébrités masquées animé par Camille Combal et produit par Hervé Hubert. Alors que la licorne, l'aigle, le paon et le panda sont toujours en compétition et seront tous quatre démasqués au cours de ce sixième et ultime numéro, puremedias.com s'est entretenu avec Julien Degroote, directeur de la veille et du développement du groupe TF1, pour évoquer avec lui cette première saison du concours.

Propos recueillis par Kevin Boucher.

puremedias.com : "Mask Singer" va s'achever avec le démasquage des quatre dernières célébrités. Vous êtes content du cast ?
Julien Degroote : Nos 12 célébrités ont un taux de notoriété très élevé, sur un public très large. Quand vous vous adressez à près de 6 millions de téléspectateurs chaque semaine, il faut pouvoir s'adresser à tout le monde. Il fallait que, lorsque la célébrité retire son masque, tout le monde puisse la reconnaître et citer son nom. Ensuite, certains n'étaient pas connus des plus âgés - Joyce Jonathan parlait peu à mon grand-père par exemple -, et d'autres des plus jeunes. Néanmoins, ils sont venus voir l'émission en masse puisque nous avons 56% des 4-14 ans, 49% des 15-24 ans et 45% des 15-34 ans. Aujourd'hui, aucun programme ne fait de tels scores. Par ailleurs, toutes nos célébrités ont des carrières incroyables, qu'il s'agisse de David Douillet, de Sheila, de Joyce Jonathan, de Marie-José Pérec, de Smaïn, de Lio qui avait fait "Danse avec les stars" l'an dernier...

Justement, n'y a-t-il pas un souci avec ces candidats déjà vus dans d'autres programmes, notamment "Danse avec les stars" pour Sheila, Joyce Jonathan et Lio ?
Ce ne sont que quelques noms sur les 12. Et si on prend le cas de Lio, ce qui nous a intéressé - comme avec les chanteurs en général -, c'est de la redécouvrir sous un autre angle puisqu'elle s'est amusée à chanter un autre répertoire que le sien. Franchement, ça nous a fait tripper de voir Sheila reprendre du Aya Nakamura !

Certaines voix étaient très identifiables, d'autres beaucoup moins en raison de grosses retouches, notamment concernant Sheila. N'est-ce pas finalement compliquer le jeu avec des voix moins naturelles ?
Je vous trouve un peu dur. Les voix n'étaient pas nécessairement retouchées. Après, il y avait certains arrangements. Il est clair qu'au vu de la production sur Aya Nakamura, il y a un certain arrangement. Néanmoins, la voix n'est pas extrêmement modifiée. Dans mon entourage, des personnes ont tilté rapidement. Et puis il y avait les indices : beaucoup ont reconnu Sheila en voyant l'écureuil avec le néon dans la main, rappelant le clip de "Spacer".

Quand on voit Smaïn alors que les enquêteurs pensent à Jean Dujardin, vous comprenez qu'on puisse être déçu ?
En l'occurrence, sur certains noms, les enquêteurs ont peut-être mal fait l'enquête. (Sourire) Après, Jean Dujardin et Omar Sy ont beaucoup été cités. J'espère qu'ils ont regardé l'émission et, s'ils ont envie de faire la saison 2, ce sera avec plaisir !

La saison 2 est signée ?
J'ai une certaine émotion en vous l'annonçant : oui, la saison 2 est en préparation. Au vu des audiences magnifiques, il était difficile de ne pas faire de saison 2. Aujourd'hui, nous sommes fiers de dire que "Mask Singer" est l'émission la plus puissante en 2019 sur le public jeune, familial et les cibles principales, toutes chaînes et tous genres confondus - y compris la fiction. C'est un immense succès. Et c'est l'émission la plus kiffante à faire pour nous, pour les producteurs Hervé Hubert et Anthony Meunier, pour Camille Combal, pour les enquêteurs mais aussi pour les costumiers qui préparent déjà les croquis des costumes de la saison 2. Par ailleurs, le talent de Camille, déjà excellent dans "Danse avec les stars" et "Plan C", a explosé dans "Mask Singer". Il nous a bluffé par son aisance, par sa maîtrise technique et par son humour. Je n'avais pas beaucoup de doutes mais il a vraiment confirmé qu'il était l'un des meilleurs entertainers de la télévision française. Il nous a mis une grosse claque.

Pour la saison 2, on prend les même et on recommence ?
Naturellement, nous voulons repartir sur les mêmes bases. Nous allons repartir avec Camille et le jury, qui ont adoré l'expérience. Nous sommes aussi contents de la deuxième partie de soirée, tant au niveau des audiences que du contenu.

Des évolutions sont-elles prévues au niveau de la mécanique, jugée parfois trop répétitive ?
Il y a bien sûr des possibilités d'évolution. Nous sommes fiers du programme que nous avons proposé mais nous n'allons pas nous reposer sur nos lauriers et voir comment nous pouvons surprendre une nouvelle fois les téléspectateurs.

L'émission a connu un grand succès, avec une stabilité remarquable sur cibles. Mais entre le démarrage tonitruant et la suite de l'émission, environ 1,5 million de téléspectateurs ont déserté. Comment l'expliquez-vous ?
Nous n'avons jamais été inquiets. Notre priorité était de toucher le public familial, les cibles principales, les enfants et les jeunes et, comme vous l'avez noté, nous avons eu une grande stabilité à ce niveau. Nous avons signé un démarrage au plus haut depuis plus de cinq ans. Forcément, après un tel démarrage, vous vous attendez à ce que des gens partent un peu. Quand vous regardez, au vu de notre stabilité sur cibles, nous avons perdu des téléspectateurs de 60-70 ans et plus avec qui le programme n'était peut-être pas affinitaire.

Puisque le public jeune est resté mais pas le public âgé, ne faut-il pas un cast plus jeune ? Cette saison, la benjamine est Joyce Jonathan (30 ans)...
Notre volonté est toujours de favoriser le taux de notoriété sur l'ensemble des cibles. Sur la saison 2, tout est ouvert. Peut-être que nous aurons une personnalité de 20-25 ans comme une personne de 70 ans, à partir du moment où elles ont une notoriété importante. Nous sommes très fiers du cast de la saison 1 et, sur la saison 2, nous ouvrons toutes les possibilités.

La fuite de 7 noms avant la diffusion a-t-elle porté préjudice à l'émission ?
Dans le monde entier, des noms sortent avant le démarrage. Premièrement, c'est comme si je vous racontais la fin du prochain "Star Wars". Ce n'est déjà pas cool et, si ma voix porte via un blog ou une émission, je gâche le plaisir des gens. D'ailleurs, j'ai l'impression que ceux qui l'ont fait au début et moins ensuite car le public s'est plaint. Deuxièmement, quand des noms sortent, jusqu'à la révélation, vous ne savez jamais s'ils sont vrais ou non. Résultat, le jeu demeure. Après, bien entendu, si je pouvais tout gérer dans l'univers, j'éviterais que des noms sortent avant le début de l'émission. Une fois qu'elle a démarré, c'est le jeu.

Le passage au direct ne pourrait-il pas empêcher ces fuites ?
Non car en Allemagne, seul pays à avoir produit l'émission en direct, il y a aussi eu des fuites. Quoi qu'il arrive, vu que les célébrités vont pendant plusieurs mois choisir leurs chansons, préparer les costumes..., il y a forcément des personnes au courant et donc des fuites possibles. Je ne suis pas sûr que le direct réduise ces risques. Surtout, en enregistré, nous pouvons à la fin proposer un programme de meilleure qualité et plus rythmé. Parfois, les enquêteurs pouvaient prendre 5 minutes pour recouper les indices et se mettre d'accord sur une question... Et malgré les fuites, nous avons vu que le jeu demeure et que les téléspectateurs viennent.

Le succès de "Mask Singer" va-t-il amener à une augmentation des formats asiatiques ?
Nous avons déjà "Ninja Warrior". Nous sommes ouverts, avec mon équipe de développement et de veille, à toutes les bonnes idées, quelles que soient leurs origines. Les formats du monde occidental sont plus simples d'accès car il y a plus de promotion, de mise en avant et de contact avec nos partenaires européens. L'Asie est plus lointaine mais, très clairement, entre "Ninja Warrior", "Good Doctor" et "Mask Singer", nous avons envie de nouer des contacts avec eux pour d'autres programmes. Plus globalement, nous regardons ce qui se fait dans le monde entier, notamment en Amérique latine pour la fiction.