Pour la première fois depuis le lancement de l'opération "L'année médias vue par", les journalistes permanents de la rédaction de puremedias.com ont décidé de se mouiller en répondant à leur tour au questionnaire.
Julien Bellver : Plus qu'une personnalité, une rédaction, celle de "Charlie Hebdo", décimée en quelques minutes. On va beaucoup en parler ces prochains jours, à l'occasion de ce triste premier anniversaire. J'espère qu'on ne les oubliera pas trop vite, comme les 130 victimes des attentats du 13 novembre à Paris.
Kévin Boucher : Charline Vanhoenacker. Elle s'est imposée petit à petit dans le paysage médiatique français. Sa chronique quotidienne sur France Inter fait grincer les dents des personnes visées - Maïtena Biraben s'en rappelle - mais frappe toujours au bon endroit.
Benoît Daragon : Abou Bakr al-Baghdadi, le mystérieux calife de l'Etat Islamique, dont les images des massacres, chez nous comme ailleurs, ont rythmé notre année.
Charles Decant : Adele. 30 secondes de musique sur fond noir ont suffi pour enflammer le monde entier et annoncer un album qui bat tous les records dans un marché qu'on pensait éteint. Et quel naturel raffraîchissant en interview !
Benjamin Meffre : Le terroriste. Une personnalité au visage changeant, malheureusement omniprésente cette année.
Julien Bellver : D'un point de vue strictement médiatique, Emmanuel Macron. Inconnu du grand public il y a encore un an et demi, il est devenu depuis son arrivée à Bercy une égérie gouvernementale. Il prend bien la lumière, adore les médias, joue avec eux. Combien de temps encore ?
Kévin Boucher : Sans avis politique, Marine Le Pen et dans son ensemble le FN. Outre ses scores aux élections, le parti a réussi à s'imposer dans le paysage médiatique et à être de tous les débats, même en son absence comme dans "Des paroles et des actes".
Benoît Daragon : Bernard Cazeneuve, omniprésent du 7 janvier à la fin novembre....
Charles Decant : Donald Trump, dont la popularité est aussi effrayante que les idées.
Benjamin Meffre : Vladimir Poutine, l'incontournable.
Julien Bellver : Un coup médias en 2015, à confirmer en 2016 : la revente de Newen par Fabrice Larue à TF1. Cela fait sans doute de lui un millionnaire. Reste à savoir si ce deal hors-norme ne pénalisera pas un groupe qui travaille presque exclusivement avec France Télévisions.
Benoît Daragon : La saignante et intransigeante reprise en main de Canal+ par Vincent Bolloré. Au lieu de prendre le pouvoir doucement, il a imposé la force. Celui qui se pensait "le meilleur programmateur de France" a viré quelques uns des meilleurs techniciens du PAF. Résultat : sa chaîne est à l'agonie.
Charles Decant : Entre le chamboulement en dernière minute du clair de Canal+ et le re-lancement de NRJ 12 saboté par ses propres dirigeants en quelques semaines, deux gros coups médias qui n'ont (pour l'instant ?) pas du tout porté leurs fruits.
Benjamin Meffre : La reprise en main de Canal+ par Vincent Bolloré : une stratégie défendable mais une méthode discutable.
Julien Bellver : L'audition surréaliste de Pascal Houzelot devant les Sages du CSA pour défendre son opération de revente de Numéro 23. C'était à la fois drôle et consternant. Ce hold-up public me choque depuis le début, je suis assez content de voir que le CSA, malgré les errements du gouvernement sur la taxation de la plus-value des ventes de chaînes de la TNT, a tapé du poing sur la table.
Kevin Boucher : Brian Williams, ce journaliste de NBC qui a avoué avoir menti depuis 12 ans sur un reportage en Irak en 2003. Il avait affirmé avoir été à bord d'un hélicoptère abattu par une roquette de l'armée irakienne, alors qu'il était au sol, plus loin.
Benoît Daragon : La défense très maladroite de Dominique Rizet après sa bourde lors de la prise d'otage de l'Hyper Casher. Il a fallu six mois pour qu'il reconnaisse qu'il aurait du "fermer sa gueule".
Charles Decant : La parole de la plupart des hommes politiques, sur tous les plateaux télé ou dans les studios de radio, à coups d'éléments de langage et de retournements de veste brillamment soulignés par certains confrères.
Benjamin Meffre : "Je continue sur ma logique d'entrepreneur". Pascal Houzelot à propos de la vente de sa chaîne Numéro 23, créée seulement deux ans et quatre mois auparavant.
Julien Bellver : "Le Petit Journal" de Yann Barthès. Je suis épaté par l'imagination de ses équipes pour se renouveler chaque jour. L'émission du 16 novembre, deux jours après les attentats, était un modèle de sobriété et de dignité.
Kevin Boucher : "Le Petit Journal". Même avec 10-15 minutes d'antenne en plus, l'émission de Yann Barthès reste parfaitement rythmé et incontournable entre sérieux, déconne, interviews intéressantes... Surtout, l'émission post-attentats de novembre est le parfait exemple de ce qu'il fallait faire ce jour-là.
Benoît Daragon : "Touche pas à mon poste". Ca va s'arrêter où ?
Charles Decant : "Top Chef", remarquablement réinventé en 2015 alors que la précédente édition était particulièrement indigeste. Vivement la saison 7 !
Benjamin Meffre : "Entrée libre" animé par Laurent Goumarre sur France 5. De la culture pas chiante à une heure de grande écoute.
Julien Bellver : "Un jour dans le monde", avec Nicolas Demorand chaque soir sur France Inter. Pédago, exigeant, instructif, sans pub, et avec la deuxième meilleure voix de la radio après celle de Cohen.
Kevin Boucher : "Les Grosses Têtes" de Laurent Ruquier sur RTL. Oubliée l'ère Bouvard. Laurent Ruquier a su donner un nouveau souffle à l'émission en se recentrant sur la culture générale et l'actualité, accessible à tous publics. Et la bande qu'il a su créer sait mêler à merveille savoir et humour - parfois sale - afin d'offrir 2 heures de bonne humeur.
Benoît Daragon : "Boomerang" d'Augustin Trapenard. C'est intelligent, érudit et ça donne envie.
Charles Decant : Le Official Top 40 de Radio 1 (BBC), une institution qui évolue mais perdure.
Benjamin Meffre : "Affaires sensibles" sur France Inter, pour la voix et le talent de conteur de Fabrice Drouelle.
Julien Bellver : "Le discours de vérité du FN" de Maïtena Biraben. Moins qu'un dérapage, une maladresse. Ce sont ses non-excuses qui ont été un vrai dérapage le lendemain. Elle a pris de haut son public, celui de Canal+, qui avait été sincèrement troublé par ses propos.
Kevin Boucher : Nadine Morano et ses propos sur la "race blanche" dans "On n'est pas couché". Tout a été dit sur le sujet.
Benoît Daragon : Les notes de taxi d'Agnès Saal. Six mois après, je ne comprends toujours pas comment elles ont pu atteindre 40.000 euros...
Charles Decant : Jeremy Clarkson, qui agresse physiquement et verbalement un producteur de "Top Gear". Un dérapage de trop qui lui a coûté son poste à la BBC, mais Amazon lui a déroulé le tapis rouge pour rebondir...
Benjamin Meffre : Les photos postées sur Twitter par Marine Le Pen montrant les exécutions de plusieurs prisonniers de Daesh.
Julien Bellver : Ceux du journal "Le Monde" qui ont fait un formidable travail après les attentats du 13 novembre pour dresser le portrait de chacune des victimes. Je les ai tous lus sur la page #EnMémoire, le mémorial aux disparus du 13 novembre. Une très belle initiative.
Kevin Boucher : Léa Salamé. Bien qu'appréciant son travail à la radio, j'étais jusqu'ici plutôt insensible à ses interventions dans "On n'est pas couché". Mais le début de sa deuxième saison est particulièrement réussi : le duo avec Yann Moix fonctionne à merveille et ses questions sont toujours bien senties, comme sur France Inter.
Benoît Daragon : Hervé Béroud, le patron de BFMTV. Qu'on aime ou pas, on n'arrive pas à décrocher.
Charles Decant : Toute l'équipe du "Petit Journal" qui fait un travail remarquable. Elle raconte l'actu sous un autre angle et offre un recul indispensable, sans oublier l'humour si nécessaire cette année.
Benjamin Meffre : La rédaction du "Monde" pour son traitement des attentats de janvier et novembre alliant précaution et fond. Avec une mention spéciale pour le journaliste Soren Seelow.
Julien Bellver : Nagui, qui a réussi le tour de force de ressusciter "Taratata". On ne peut pas dire non à l'animateur qui remplit les caisses du service public, midi et soir.
Kevin Boucher : Nagui et sa détermination accompagnée de succès. La nouvelle formule de "N'oubliez pas les paroles" qui a signé une année exceptionnelle, le retour de "Taratata", "Tout le monde joue", sans oublier "Tout le monde veut prendre sa place"... Juste incroyable ! Mention spéciale par ailleurs à Christophe Beaugrand qui est passé du statut de simple chroniqueur à celui d'animateur de gros barnum en faisant oublier Benjamin Castaldi dans "Secret Story".
Benoît Daragon : Yann Barthes. Dans le fond comme dans la forme, le "Petit Journal" innove et surprend toujours.
Charles Decant : Laurent Ruquier, qui s'est approprié "Les Grosses têtes" avec brio tout en continuant à offrir un véritable espace de parole sur tous les sujets dans "On n'est pas couché", qu'on résume trop souvent à ses clashs.
Benjamin Meffre : Jon Stewart, qui a raccroché cette année après 16 ans de late show.
Julien Bellver : Deux hommes qui ont déjà fait parler d'eux en 2015 : Bolloré et Drahi. Deux industriels qui ne connaissent rien à la télévision et aux médias mais persuadés d'avoir trouvé un nouveau modèle, LE nouveau modèle. Il ne suffit pas d'être milliardaire pour faire des programmes et journaux de qualité.
Kevin Boucher : Gilles Pélisson. Le nouveau PDG de TF1 arrive dans un groupe où la chaîne mère cède du terrain face à ses concurrents. A lui de limiter la casse voire de remonter les audiences, face à une Delphine Ernotte déterminée sur le service public.
Benoît Daragon : Patrick Drahi. Va-t-il réussir son pari ou exploser en plein vol ?
Charles Decant : Les nouveaux patrons de TF1 et France 2, forcément, mais aussi les politiques en campagne pour la présidentielle. J'espère surtout être surpris - en bien - par de nouvelles personnalités.
Benjamin Meffre : Le prochain président des Etats-Unis.