Que retenir de l'année médiatique écoulée ? Pour la septième année, puremedias.com a proposé à plusieurs personnalités de revenir sur ces douze derniers mois, avec la désormais traditionnelle "Année médias vue par...". Au tour de Mohamed Bouhafsi, rédacteur en chef football à RMC Sport.
La personnalité médiatique de l'année ?
Jacques Chirac. C'est la première personne qui m'a donné l'amour de la politique. C'était le président de tous les Français. Son amour de la France était indescriptible et il portait fièrement les valeurs de notre culture. Son décès et la vague d'émotion en France m'ont profondément ému. Et la famille Chirac représente une partie de notre pays donc cette séquence pour moi a été tres forte et j'ai trouvé la famille Chirac très digne dans ce moment douloureux.
La personnalité politique de l'année ?
Mon choix n'est pas trop original mais je vais dire le président de la République, Emmanuel Macron. L'année a été difficile pour l'exécutif mais je trouve que les deux moments forts de l'année politique française sont le Grand Débat et le voyage mémoriel de la Grande Guerre du président. Je trouve que la communication présidentielle depuis l'arrivée de l'historien Joseph Zimet est d'ailleurs plus claire, plus lisible pour les Français.
Le coup médias de l'année ?
L'interview du journaliste de "Paris Match", Régis le Sommier, de Bachar al-Assad. Le dictateur syrien ne s'exprime jamais. C'est une interview très rare. C'est pour cela qu'on doit encore lire la presse et la presse magazine plus particulièrement. Pour des vrais scoops et des enquêtes au long court. J'imagine que cela a été un travail de longue haleine pour convaincre al-Assad. Je peux aussi souligner la nomination de Hervé Gattegno à la tête des deux rédacs du "JDD" et de "Paris Match". C'est un coup media car c'est un excellent journaliste avec une expérience incroyable.
Le mensonge médiatique de l'année ?
La fausse arrestation de Xavier Dupont de Ligonnès. L'emballement médiatique que ça a créé, c'est exceptionnel. Je me souviens avoir passé mon vendredi soir devant BFMTV en écoutant Dominique Rizet. Je pense cependant que l'on ne doit pas tomber dans "le bashing de certains médias" car c'est très difficile de sortir des informations. Seuls ceux qui ne sortent pas d'informations ne se trompent pas, donc c'est facile de tomber sur les journalistes d'investigation. C'est la preuve que le journalisme reste une science humaine et on ne peut rien faire face à des sources qui sont sérieuses mais qui peuvent faillir aussi.
L'émission TV de l'année ?
J'adore le ton de l'émission "C à vous", j'adore le côté "infotainment" avec un esprit bienveillant et surtout un ton original. Le travail des équipes de Pierre-Antoine Capton et de Anne-Elisabeth Lemoine est formidable. Je trouve que l'invité est mis dans les meilleures conditions pour pouvoir se confier et surtout dire des choses. En plus, les questions parfois même piquantes sont posées. J'aime beaucoup ce format qui est en plus parfaitement bien produit.
L'émission radio de l'année ?
"L'After Foot", c'est l'émission de football de mon enfance avec Gilbert Brisbois et Daniel Riolo. Malgré les critiques notamment lors de l'affaire "Neymar", c'est une émission qui connaît un succès incroyable depuis tant d'années. Depuis 2006, ce format cartonne. Dans une période où tout le monde baisse en radio, c'est la seule émission qui augmente son audience et surtout cette émission a créé une "Génération After Foot". Des millions de personnes écoutent chaque semaine cette émission pour se faire un avis. Au-delà d'être un ami, je trouve que Daniel Riolo est une personne talentueuse qui est à l'opposé de l'image que certains veulent lui coller. C'est une bonne personne avec des valeurs.
La série de l'année ?
"Les Sauvages". J'ai adoré et j'ai consommé toute la saison en quelques heures. C'est une énorme réussite. J'adore les séries avec une toile de fond politique. Pour moi, cette série montre aussi les dangers qui guettent la France a travers le communautarisme, le rejet de la banlieue et la peur de l'autre. C'est produit à l'américaine avec un jeu d'acteur formidable de Fianso, Dali Benssalah et Roschdy Zem.
Le dérapage médias de l'année ?
Eric Zemmour, pour ce qu'il dit. L'audience ne doit pas tout permettre. La provocation à la haine raciale n'a pas sa place sur les antennes. Il faut respecter toutes les communautés.
Le flop TV/radio de l'année ?
La promotion du livre "Orléans" de Yann Moix. Une promotion ratée pour moi avec des non-dits, des polémiques inutiles. Le linge sale familial n'a pas été lavé en famille et j'ai trouvé ça très malaisant.
Le/la journaliste de l'année ?
Léa Salamé. Pour son travail sur le service public et la qualité de ses interviews. Pour son éthique aussi. Même si elle n'était pas obligée, se retirer de l'antenne pour que son mari, Raphaël Glucksmann, puisse être candidat aux élections européennes ,je trouve ça très élégant et très intelligent. Médiatiquement, ça renforce aussi sa stature avec ce geste de droiture.
L'animateur/animatrice de l'année ?
Camille Combal. C'est l'un des hommes de l'année, il n'y a rien à dire. Il rassemble, il est fédérateur, il est bienveillant. Il a tout pour moi. C'est un talent monstre et surtout une bonne personne dans la vraie vie. Il a tout pour être une des personnes préférées des français. Je trouve en plus qu'il tient super bien l'antenne et qu'il ne semble jamais en difficulté. C'est un showman à l'américaine, il a apporté à sa façon un vent frais à toute la télé française.
La personnalité médiatique qui marquera 2020 ?
DJ Snake. En France, on ne se rend pas bien compte de sa force mondiale et de son succès international. On devrait être fier de voir un talent porter aussi haut la culture française et surtout revendiquer sa fierté d'être Français. Il a connu tellement de succès, les plus grandes stars du monde se battent pour travailler avec lui. Partout dans le monde les gens écoutent sa musique, même en France, en ne sachant pas que c'est lui. Dans tous ses concerts dans le monde entier, il montre un drapeau tricolore, c'est une histoire française magnifique. Le 22 février, il sera devant 45.000 personnes à la Paris Defense Arena et il n'y a quasiment plus de place.