Au moins de juin, dans le cadre de la publication de son cinquième rapport semestriel sur la transparence, la firme américaine Google alertait l'opinion publique sur le développement fulgurant de la censure sur le web, soulignant que les contenus à caractère politique étaient les cibles privilégiées des gouvernements - qu'ils soient démocratiques ou non. Si Twitter a d'ailleurs déjà été sommé de collaborer avec les autorités, notamment britanniques, dans le cadre d'enquêtes judiciaires, le réseau social est désormais sous le coup d'une menace du gouvernement indien. En cause : des messages postés sur Twitter qui auraient provoqué un exode massif de travailleurs migrants installés dans le sud du pays vers leur région d'origine.
Situé à la frontière du Bangladesh et du Bhoutan, l'Etat d'Assam est régulièrement en proie à des violences interethniques entre la communauté musulmane et une tribu locale. Récemment, des dizaines de milliers de travailleurs installés à Bangalore et Bombay auraient fui pour rentrer dans le nord-est du pays, suite à l'envoi de menaces sur les téléphones portables et Internet, affirmant que leur communauté serait attaquée par les musulmans à la fin du Ramadan, rapporte le quotidien national Times of India, relayé par l'AFP. Un exode massif qui a conduit le gouvernement à demander à Twitter et à d'autres réseaux sociaux de supprimer les contenus "malfaisants et incendiaires" de leurs sites, réclamant une enquête sur l'identité des personnes ayant relayé ces rumeurs de violences.
"Si Twitter ne répond pas à notre requête, nous prendrons des mesures appropriées", a indiqué un responsable au sein du ministère de l'Intérieur, R.K. Singh. Alors que les reponsables de Twitter ne se sont pas exprimés pour le moment, les directions de Google et Facebook ont rappelé qu'ils avaient déjà mis en place une politique interdisant les contenus incitant à la violence et qu'ils restaient en contact avec le gouvernement. Une réponse insuffisante pour le ministre indien en charge des technologies de l'information qui a regretté que "lorsque l'on demande à ces sites d'enquêter sur l'identité (des personnes postant des messages), ils répondent qu'ils sont hors de leur juridiction, que leurs serveurs sont à l'étranger et qu'ils n'ont pas l'obligation de dévoiler les identités". "Cela veut donc dire que c'est une plateforme où n'importe qui peut faire n'importe quoi", a-t-il déploré.