La Cour des comptes va-t-elle dynamiser les mornes soirées télé du mercredi et du samedi ? Dans un rapport en cours d'élaboration sur "le soutien public au cinéma et à la production audiovisuelle" cité par le Journal du Dimanche, les Sages de la rue Cambon se déclarent en tout cas favorable à une levée de l'interdiction faite aux chaînes de diffuser des films ces deux soirées.
Rappelons que cette interdiction vise à favoriser la fréquentation des cinémas le mercredi et le samedi et s'applique à la plupart des chaînes historiques et TNT. Mais la Cour des comptes semble vouloir revenir dessus afin de redynamiser l'offre de films à la télévision. Il est vrai que cette offre est en baisse régulière depuis plusieurs années sur la plupart des grandes chaînes. "L'oeuvre cinématographique perd progressivement son statut de produit d'appel sur les chaînes hertziennes classiques", constatent dans leur rapport les magistrats. Ainsi, en 1986, 43 films figuraient dans le classement des 50 meilleures audiences télé de l'année alors qu'ils ne sont plus que 7 à apparaître dans les 100 premières audiences en 2012.
La Cour des comptes note par ailleurs que face à ces performances d'audience en baisse, les chaînes réduisent progressivement le nombre de films diffusés. Elles ont aussi choisi de concentrer leurs investissements sur un nombre réduit de longs métrages censés être davantage fédérateurs. Ainsi, TF1 qui produisait 28 films en 2004, n'en a financé que 14 en 2012. D'où l'idée de la Cour des comptes d'assouplir plusieurs contraintes de diffusion des chaînes dont celle interdisant le cinéma les mercredis et samedis soir. Une décision qui, si elle était prise, pourrait surtout profiter aux chaînes de la TNT qui ont fait du 7ème art l'un des axes majeurs de leur offre de programmes en prime-time.
D'une manière plus générale, le rapport de la Cour des compte semble assez critique à l'égard du système de financement du cinéma français. Selon le JDD, les magistrats pointent ainsi du doigt l'importance de "l'effort public en faveur de ce secteur", évalué à 1,6 milliard d'euros en 2012. Cet effort financier est notamment jugé incompatible avec l'état actuel des finances publiques et surtout disproportionné au regard des résulats qu'il donne. Les magistrats de la Cour des comptes estiment ainsi que "le rendement des aides publiques n'est pas optimisé par rapport aux objectifs auxquels celles-ci pourraient prétendre".
Fait rare, la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, a tenu à réagir publiquement à cet article du Journal du Dimanche. Dans un communiqué, elle a ainsi précisé aujourd'hui que le document cité par l'hebdomadaire n'est pas la version finale du rapport mais un document d'étape. Elle a également affirmé que les "affirmations rapportées par le Journal comprennent au demeurant amalgames et contre-vérités".