De 2010 à 2020. A quelques jours de 2021, que retenir de la décennie médiatique écoulée ? Celle durant laquelle les réseaux sociaux ont pris leur plein essor, qui a installé les plateformes de SVOD dans notre quotidien ou qui a sonné le glas de la télé-réalité d'enfermement. Et tellement d'autres événements... Pour la première fois, puremedias.com a proposé à plusieurs personnalités de revenir sur ces dix années, en lieu et place de la traditionnelle, "Année médias vue par...".
Au tour de la journaliste Christine Kelly, présentatrice de "Face à l'info" sur CNews.
L'animateur/animatrice de la décennie ?
Un animateur a marqué la dernière décennie, avec un style nouveau : Cyril Hanouna. Il s'est révélé ces 10 dernières années et a modifié le rapport à la télévision. Il a notamment su attirer les jeunes, une cible si inexistante à la télévision et pourtant recherchée.
L'émission télé/radio de la décennie ?
"Ça peut vous arriver" sur RTL avec Julien Courbet. Je salue sa longévité bientôt 20 ans, une émission qui se consacre à la défense des consommateurs et a su s'adapter avec les années, ce qui est plutôt rare.
Le fiasco médiatique de la décennie ?
Il y a de nombreux fiascos en télévision avant de trouver la bonne voie comme par exemple la série "La Croisière" qui avait terminé sa saison sur le site internet de TF1, faute d'audience en 2013. Jamais la première chaîne française n'avait dû par le passé déprogrammer une série "maison".
La réussite médiatique de la décennie ?
Pascal Praud et son émission "L'heure des pros". C'est un pari osé que d'avoir mis un journaliste spécialisé dans le sport mais curieux de tout, sur une chaîne info, afin de partager son regard sur l'actualité. C'est l'unique émission du genre dans le PAF. Il a fait dans le journalisme exactement ce que le révolutionnaire Cyril Hanouna a fait dans l'animation.
La série de la décennie ?
"Le bureau des légendes" est une création originale signée CANAL+. Créée en 2014, 5 saisons, une série bien française, dans les coulisses de l'espionnage français. L'occasion de saluer les efforts des médias qui produisent français et ceux qui exportent leur production, ce qui est très rare. Et là, tout est réuni, le monde entier s'arrache cette série française.
La chaîne de télé de la décennie ?
CNews qui a osé la différence.
Dans un contexte de multiplication de chaînes d'information en continue, CNews a su renaître et trouver un public qui ne se retrouvait pas dans le paysage audiovisuel et répond ainsi au pluralisme, principe clé de la régulation audiovisuelle française.
La radio de la décennie ?
Europe 1.
La chute de cette radio démontre le manque de pluralisme dans les médias, et plus particulièrement des radios qui se ressemblent toutes. Le rapport des français aux médias a complètement été bousculé ces derniers temps. Europe 1 en est le témoin. Je pense que le succès succèdera à sa longue période de doute après un repositionnement éditorial qui prend en compte ce qu'attend l'auditeur.
Le titre de presse de la décennie ?
"France-Antilles". C'est le seul titre de presse que l'on trouve aux Antilles mais faute de bonne gestion, il a dû fermer. Même si le titre a été ensuite racheté, cet épisode souligne la faiblesse de l'offre culturelle à nos départements ultramarins.
Le scoop de la décennie ?
L'interview exclusive de Barack Obama interrogé par François Busnel sur France 2. Personne ne peut enlever à France Télévisions ce puissant coup médiatique.
Le patron médias de la décennie ?
Gerald-Brice Viret, directeur-général des antennes et des programmes du groupe CANAL+. Cela fait plus de 20 ans que je l'observe dans les médias, plus de 20 ans que je juxtapose à son nom les qualificatifs suivants: "humblement professionnel".