Démarche étonnante. "Je vous informe que Christine Kelly et Marc Menant de CNews m'ont demandé de porter plainte contre Marine Tondelier qui a osé déclarer que leur chaîne véhiculait une idéologie néonazie", a annoncé, ce jeudi 6 juillet 2023 sur Twitter, Gilles-William Goldnadel. "Pour l'avocat que je suis, à l'heure où l'extrême gauche maltraite les Français, c'est un honneur", a poursuivi celui qui intervient lui aussi régulièrement sur les plateaux de la chaîne du groupe Canal+.
Fait pour le moins curieux, à en croire le tweet de Gilles William Goldnanel : ce serait donc, non pas la chaîne, mais les deux protagonistes des émissions "Face à l'info" et "Les grands destins", à titre individuel, qui seraient à l'initiative de cette plainte. Contactée par puremedias.com, CNews n'a pas souhaité commenté cette affaire.
Sur le fond, les propos auxquels l'avocat fait référence dans son tweet remontent au dimanche 14 mai 2023. Ce jour-là, Marine Tondelier, secrétaire nationale d'Europe Écologie - Les Verts, est l'invitée de "Dimanche en politique", l'interview politique dominicale de France 3 menée par Francis Letellier.
En plateau, la cheffe de parti s'est indignée contre les manifestations, organisées à cette période-là par des mouvements issus de l'ultradroite à Paris. "Ce n'est pas l'extrême droite, c'est néonazi, leur idéologie a fait des millions de morts en Europe. Ce n'est pas juste ça le problème, c'est la conséquence de tout le reste. C'est la conséquence du fait que sur CNews, dans 'Valeurs actuelles', on laisse cette idéologie prospérer en ne respectant pas les règles du pluralisme".
"Mon client, Marc Menant, a été très affecté par ces allégations diffamatoires qui ont gravement porté atteinte à son honneur et à sa considération. Son père ayant été déporté. Il souhaite aujourd'hui réclamer justice", avait déclaré Arash Derambarsh, l'ancien avocat de Marc Menant dans "Valeurs actuelles" en mai. Le chroniqueur avait dénoncé "une offense terrible" sur CNews.
Et la secrétaire nationale d'EELV d'étendre son raisonnement : "Je ne mets pas juste en cause les médias, eux on sait quelle est leur stratégie, on sait quelle est la stratégie de (Vincent) Bolloré, (mais) je mets aussi en cause l'Arcom (gendarme de l'audiovisuel, ndlr), qui ne prend pas ses responsabilités et qui les laisse faire", a-t-elle reproché au gendarme de l'audiovisuel.
Avant de conclure : "Toute la journée (sur CNews), vous n'avez que des débats entre des gens d'extrême droite et de droite extrême sans aucune pluralité sur aucun plateau (et) personne ne leur dit rien", a déploré Marine Tondelier avant de faire allusion à l'argent public que "touche" "Valeurs actuelles" pour "répandre ces idées nauséabondes qui nuisent à la société (et conduisent) à ce genre de manifestations et à une impunité ressentie par l'extrême droite de ce pays".
En 2015, le gouvernement, dirigé alors par le Premier ministre Manuel Valls, avait exclu des aides à la presse les titres condamnés pour incitation à la haine ou à la violence. Ce qui est le cas de l'hebdomadaire. "Marine Tondelier ne révise pas visiblement avant d'aller sur un plateau de télévision, elle parle, un, d'une chaîne privée, deux, d'un des seuls journaux en France voire le seul, qui ne touche pas de subvention publique. Voilà, fin de la blague de l'intervention de Marine Tondelier", a répliqué le jour-même sur CNews, Charlotte d'Ornellas, à l'époque encore journaliste à "Valeurs actuelles".