Elle sort le bazooka. Ce mercredi, la comédie "Gaston Lagaffe" réalisée par Pierre-François Martin-Laval, alias Pef, sort au cinéma en France et en Belgique. A cette occasion, le site belge "L'Avenir" a interrogé ce mardi Isabelle Franquin, la fille d'André Franquin, scénariste de la bande dessinée. Celle qui détient le droit moral sur les oeuvres de son père n'a pas apprécié l'adaptation au cinéma de Gaston Lagaffe et l'a fait savoir au cours de l'entretien.
"La conception de ce film et la vente de ses droits ne sont pas de mon fait. C'est d'ailleurs une chose que je n'aurais pas faite si ça n'avait tenu qu'à moi. Il ne me reste que le droit moral, lequel m'a permis d'avoir accès au scénario", explique Isabelle Franquin, avant de lâcher : "Sa première version était inqualifiable, pleine d'aberrations : Gaston y abandonnait son chat et sa mouette. Ou chauffait la start-up où il travaille en introduisant un tuyau d'arrosage dans le derrière d'une vache". Elle ajoute : "Quand on sait la manière dont Gaston traite ses animaux et la façon dont mon père les a mis en scène dans ses séries, sérieusement..."
Son droit moral lui a ainsi permis de refuser plusieurs détails "du même acabit", mais ne lui a pas permis de modifier les grandes lignes du scénario puisque les droits patrimoniaux de l'oeuvre d'André Franquin ont été vendus à Jean-François Moyersoen, qui les a cédés aux éditions Dupuis en 2013. "Ce scénario était vraiment mauvais. Déjà, placer Gaston dans le contexte actuel, au sein d'une start-up, était une mauvaise idée", poursuit Isabelle Franquin, expliquant qu'elle "n'avait pas le pouvoir d'empêcher ce film" : "Même si les acteurs sont mal dirigés, le scénario débile et le rythme des gags catastrophique."
Elle confie ensuite : "Pef, dès que j'ai reçu son scénario, je n'avais plus du tout envie de le rencontrer. Et je ne l'ai donc jamais rencontré". La fille du dessinateur raconte avoir "vu deux fois" le producteur qui lui a expliqué "qu'il serait impossible de placer Gaston à l'époque où il a été créé", "car le contexte d'une rédaction de journal ne parlerait plus aux jeunes d'aujourd'hui". "Ca fait mal, très mal, car j'assiste impuissante au désastre, espérant de tout coeur que le public saura distinguer le bon grain de l'ivraie, si je puis dire", se désole Isabelle Franquin.
Enfin, elle dézingue les porteurs du projet du film qui se disent "amoureux" de Gaston Lagaffe : "C'est la rhétorique habituelle. Ces gens-là n'aiment rien tant que de sortir les violons pour dire leur amour de son oeuvre. Mais derrière, il n'y a généralement rien, sauf un appétit pour le lucre". Pour conclure, Isabelle Franquin s'attaque directement au réalisateur : "Dans le cas plus précis de Pef, on peut se demander si ce type a jamais lu un seul album de Gaston."