La presse traditionnelle risque à nouveau d'être froissée. Fait inédit sous la Ve République, le mouvement politique auquel appartient la majorité présidentielle annonce son intention de se constituer comme... "un media". Une déclaration faite hier alors que le mouvement fondé par le chef de l'Etat tient ce samedi à Paris une convention sur son avenir qui pourrait définitivement acter sa transformation en parti politique.
Si tous les grands partis politiques possèdent leurs propres outils de communication, aucun ne s'était jamais revendiqué comme un média. Alors qu'Emmanuel Macron est critiqué depuis le début de son mandat pour avoir verrouillé sa communication et celle du gouvernement, LREM annonce désormais son intention d'éditer et développer ses propres contenus. Un outil de propagande qui comptera ses rédacteurs et ses vidéastes, et qui a pour ambition de relayer ses messages sur le terrain, y compris "là ou les médias ne vont pas".
"Nous voulons associer davantage la presse quotidienne régionale. Mais nous voulons aussi développer des contenus, de manière décentralisée. Si les médias n'y vont pas, on ira" a expliqué un porte-parole de LREM à l'AFP. "Nous voulons aussi nous adresser à des médias un peu plus sociétaux, pour casser la lecture uniquement politique des partis", a-t-il également précisé. Une façon polie de marquer la rupture avec la presse quotidienne traditionnelle avec laquelle le chef de l'Etat et son mouvement entretiennent un rapport teinté de méfiance et de distance.
Depuis son arrivée à l'Elysée, Emmanuel Macron, surnommé "Jupiter" par la presse, a plusieurs fois tenté de court-circuiter les journalistes. En mai dernier, une polémique était née quand les équipes de communication du candidat avaient fait savoir leur volonté de choisir les journalistes présents sur les voyages de presse autour du président. Désireux de s'adresser directement aux Français via sa propre communication, Emmanuel Macron a raréfié ses contacts avec les journalistes. Dernier exemple en date : La suppression de la traditionnelle interview télévisée du 14 juillet.