Priorité à la fiction ? Dans une lettre adressée à la présidente du groupe France Télévisions, Delphine Ernotte, et que l'AFP a pu consulter, la Société des journalistes de France 2 considère que la chaîne est "largement responsable" de la retransmission coupée du discours de Manuel Valls lors du second tour de la primaire de la gauche. En effet, le dimanche 29 janvier, alors que l'ancien Premier ministre officialisait sa défaite, sa prise de parole était interrompue sur France 2 pour diffuser celle de Benoît Hamon, avant que celle-ci soit à son tour tronquée pour diffuser le film prévu en prime-time.
La SDJ de la chaîne du service public dénonce le "fiasco" de cette soirée électorale et "l'impératif d'un retour à l'antenne précoce" pour la diffusion à 21h07 du film d'Isabelle Mergault, "Je vous trouve très beau". "Résultat : des candidats dont on coupe la parole, ou que l'on presse de s'exprimer avant de rendre l'antenne (...) Avec au passage un imbroglio politique entre candidats, dont nous sommes au final largement responsables", se désole la société.
Selon eux, le vainqueur de la primaire socialiste, Benoît Hamon, a été pressé par les journalistes pour prendre la parole en direct depuis son QG. Il s'était d'ailleurs excusé publiquement par la suite d'avoir interrompu la retransmission du discours de son adversaire. La SDJ conteste "l'arbitrage qui a donné la priorité à une oeuvre de fiction plutôt qu'à la couverture d'un événement crucial de notre pays" et demande à Delphine Ernotte que, dans le contexte électoral, "la direction de l'information soit souveraine, en collaboration avec celle des programmes, dans l'organisation et la programmation des rendez-vous marquants de l'actualité politique."
Contacté par puremedias.com, Manuel Tissier, président de la SDJ de France 2, précise que c'est une "lettre normalement privée", s'étonne que l'AFP se la soit "procuréé si rapidement" et souligne que ce n'était "pas le but de la manoeuvre". Après avoir confirmé tous les éléments de la lettre, le journaliste ajoute qu'il "y a une forme d'iniquité par rapport à la primaire de la droite", à laquelle France 2 avait consacré toute sa soirée. "On ne veut pas être remis dans cette situation, parce qu'il y aura d'autres soirées électorales", explique-t-il.
Enfin, la soirée a été qualifiée de "fiasco", car selon lui, malgré "le gros boulot réalisé par la rédaction et les équipes techniques", on ne retiendra de cette soirée du second tour de la primaire de la gauche que cet "incident". "Dans des cas comme ça sur le service public, c'est la priorité à l'information", poursuit-il, concluant que "le bazar, ça se gère."