La partie de "Risk" continue à Lagardère. Alors que la rumeur courait depuis plusieurs semaines, Amber Capital et Vivendi viennent d'annoncer via des communiqués séparés la conclusion d'un "pacte" en vue de peser davantage sur la gouvernance de Lagardère. Respectivement premier et deuxième actionnaire du groupe avec 23,5% et 20% du capital, les deux acteurs affirment avoir surmonté leurs "divergences" "à la suite des très mauvais résultats annoncés par Lagardère il y a quelques jours". Très affaibli par la crise, le propriétaire d'Europe 1 et de "Paris Match" a en effet annoncé fin juillet une perte opérationnelle de 218 millions d'euros sur les six premiers mois, pour un chiffre d'affaires en baisse de 38%, à 2,09 milliards d'euros.
Amber et Vivendi annoncent aujourd'hui "entamer auprès de Lagardère des démarches afin d'avoir, chacun, au conseil de surveillance une représentation minoritaire, de trois membres pour Amber Capital et un membre pour Vivendi". Trois mois après l'assemblée générale annuelle de Lagardère, les deux groupes veulent qu'une nouvelle AG soit organisée "le plus tôt possible", selon Reuters. Affirmant vouloir stabiliser l'actionnariat de Lagardère, Amber et Vivendi ont également prévu de s'octroyer via leur accord "un droit de première offre et un droit de préemption réciproques". Concrètement, si l'un vend ses parts, l'autre sera prioritaire pour les racheter. De son côté, Amber précise dans son communiqué que ce pacte "ne crée aucun accord entre les signataires sur la stratégie ou le contrôle de Lagardère".
S'il ne contraint pas Arnaud Lagardère à rompre le statu quo actuel, ce pacte Amber/Bolloré n'en est pas moins un énième rebondissement dans la crise que traverse son groupe depuis plusieurs mois. En avril dernier, Vincent Bolloré était ainsi officiellement venu prêter main forte à Arnaud Lagardère alors qu'Amber Capital militait pour son départ. "Soutien amical", Vincent Bolloré n'a ensuite cessé de faire monter Vivendi au capital de Lagardère, interrogeant sur ses réelles intentions.
De son côté, Arnaud Lagardère, ne pouvant compter cette année sur les dividendes de son groupe pour éponger sa dette personnelle, s'est décidé à faire appel à Bernard Arnault. Le patron de LVMH a ainsi injecté près de 80 millions d'euros en échange de 25% des parts de Lagardère Capital & Management (LCM), sa holding familiale, entrant ainsi dans la commandite. L'arrivée d'un crocodile de plus dans un marigot qui n'en manquait pas.