Les bonnes vagues d'audiences se suivent et se ressemblent pour France Inter. Sur la période novembre/décembre 2017, selon Médiamétrie, la station du service public conforte sa deuxième place dans le classement des stations les plus écoutées de France. Elle réunit chaque jour en moyenne 6.107.000 auditeurs, pour 11,1% de parts d'audience, soit une progression de 97.000 paires d'oreilles sur un an et même 110.000 de plus par rapport à la période septembre/octobre 2017. Laurence Bloch, directrice de France Inter, commente ces résultats pour puremedias.com.
Propos recueillis par Christophe GazzanoA la vue de cette dernière vague d'audiences, tous les indicateurs semblent être au vert pour France Inter...
Je vais utiliser un grand mot, mais je pense que c'est un moment vraiment historique pour Inter. C'est la 6e fois que la chaîne est au-dessus des 11 points. Avant, les stades historiques, c'étaient 10,5 points. La station est la seule de toutes les généralistes à progresser, alors que nous ne sommes pas dans une année politique. C'est une vague record. En novembre/décembre, c'était déjà une vague record avec 11,2 points* et là on est à 11,3 points*. Ça prouve la solidité de la grille, la solidité de tous les carrefours stratégiques d'audience et ça prouve que quand on travaille à fabriquer une grille cohérente, claire, constante, ça marche. Les auditeurs savent où ils se trouvent quand ils écoutent Inter.
Autre motif de satisfaction pour vous : la matinale de France Inter repasse devant celle de RTL et redevient donc la plus écoutée de France avec le duo Nicolas Demorand/Léa Salamé.
Oui et sur tous les indicateurs. Quand on change un "anchorman", il y a toujours un petit effet de surprise et de tremblement (Patrick Cohen a quitté France Inter pour Europe 1 à la rentrée, ndlr). Il y a eu une petite baisse sur la vague de septembre/octobre, mais la matinale est redevenue en une vague la plus écoutée de France. Les interviews de Léa Salamé et de Nicolas Demorand sont les plus écoutées de France et le journal de 8h est le journal le plus écouté de France. Il y a une vraie cohérence, il n'y avait donc pas de raison pour qu'on ne reste pas la matinale la plus écoutée.
"Toute la journée fonctionne bien."
Le reste de la grille est lui aussi marqué par des progressions.
Nagui ("La Bande originale") a une très belle et une très forte progression, il gagne 104.000 auditeurs* en un an. Antoine (De Caunes, qui anime "Popopop", ndlr), c'est spectaculaire. Par rapport aux résultats de l'année dernière dans la même tranche, il gagne 40% d'auditeurs en plus (en 2017, à la même période, était diffusée "La récréation", émission consacrée à la musique classique, ndlr). Avec "Par Jupiter !" (animée par Charline Vanhoenacker et Alex Vizorek, ndlr), toutes les vagues sont des vagues record et celle-là en est encore une avec un gain de 142.000 auditeurs* en un an. La tranche de Fabienne Sintès (le "18/20") avait reculé en septembre/octobre car il y avait eu un changement d'"anchorman", mais elle a regagné 179.000 auditeurs* par rapport à la dernière vague. Toute la journée fonctionne bien, il y a donc matière à se réjouir.
Y a-t-il une émission un peu plus faible que les autres malgré tout ?
Il n'y a aucun endroit critique, aucun. Il faut qu'on retravaille un tout petit peu le "6h30/7h", en légère baisse sur cette vague, mais c'est vraiment un travail d'ajustement. Il y a eu là-aussi un changement de présentateur à la rentrée et il faut donc que les auditeurs s'habituent. Il n'y a aucune raison pour que ça ne monte pas.
"J'ai demandé à Catherine Nayl de travailler sur la question du digital."
Catherine Nayl, ex-directrice de l'information du groupe TF1, est devenue au début de l'année directrice de l'information de France Inter. Lui avez-vous confié des dossiers prioritaires ?
Il faut qu'elle maintienne l'identité de l'information de France Inter et les bonnes audiences, mais je n'ai pas de doute là-dessus. C'est parce qu'on garde l'identité de la chaîne qu'on a de bonnes audiences. Je lui ai demandé de travailler beaucoup sur la question du digital.
Justement, lors d'une précédente interview, vous aviez déclaré vouloir faire de France Inter une radio "de plus en plus numérique". Qu'est-ce-que cela signifie concrètement ?
Il faut qu'on soit plus actif sur le positionnement de nos contenus sur le digital et notamment en matière d'information. Tous nos carrefours d'information sont extraordinairement puissants chez nous. Si vous prenez le "13h" par exemple, entre 13h et 13h15, on est à 1.248.000 auditeurs* ; le premier concurrent est à 620.000*. Il faut que cette puissance de l'information à la radio soit aussi puissante sur le digital, en arpentant les chemins qui sont les siens. C'est-à-dire : l'international, le politique et la culture.
Par ailleurs, il faut qu'on travaille sur des podcasts natifs (des podcasts originaux, qui ne sont pas liés à des émissions de la grille, ndlr). On a beaucoup de projets. Avec le podcast natif, vous touchez des tribus et des communautés que vous pouvez ensuite ramener sur la chaîne. Pour moi, il y a trois grands dossiers pour le digital : l'information, qui doit devenir aussi puissante sur le digital qu'elle l'est sur le support classique ; la question des podcasts natifs, qu'on est en train de développer et puis il y a la question de l'interactivité. On a des auditeurs très contributeurs, très engagés, comme par exemple dans "Le téléphone sonne". Il faut que cet engagement des auditeurs existe aussi sur le digital.
Quelles formes pourraient prendre ces podcasts natifs ?
On devrait annoncer ça très vite. On a trois projets très avancés.
"Une grille, ça se construit lentement."
Si les bonnes nouvelles s'enchaînent pour France Inter, c'est loin d'être le cas pour Europe 1, qui réalise son pire score historique sur cette vague, malgré la présence d'anciens membres de France Inter, à commencer par le présentateur de la matinale, Patrick Cohen. Qu'est-ce-que cela vous inspire ?
Ce n'est plus mon sujet. Cela me conforte juste dans une idée : une grille, ça se construit lentement et l'essentiel c'est d'avoir une promesse éditoriale qui soit claire, cohérente, constante. Les auditeurs, quand ils écoutent France Inter, ils savent qu'ils sont sur France Inter. C'est l'info, l'humour, la culture, l'éclectisme, la curiosité, l'énergie et la bonne humeur. On n'a jamais dévié de ça, c'est l'esprit qu'on a voulu préserver et on a cherché les gens qui venaient incarner cet esprit-là. Je pense que c'est comme ça qu'il faut faire : trouver une ligne éditoriale et les gens qui l'incarnent.
Donc, France Inter en résumé ?
France Inter va bien. France Inter continue de progresser et a le sourire. Toute ma reconnaissance va aux équipes. Elles n'ont jamais lâché la rampe et ça a été très important pour moi.