Belle rentrée pour France Inter. Sur la vague septembre-octobre 2017, la première radio publique s'envole à 6,00 millions d'auditeurs, sa deuxième meilleure rentrée historique. Sur un an, France Inter accuse une légère baisse de 64.000 paires d'oreilles et est stable par rapport à la vague de la fin de saison dernière. Deuxième radio de France devant NRJ, la station maintient une bonne dynamique enclenchée ces dernières années. Cette rentrée est aussi marquée par de nombreux mouvements au sein de la grille de France Inter et des départs importants, comme celui de Patrick Cohen, l'ex-matinalier de la station, vers Europe 1. puremedias.com a demandé à la patronne de la station, Laurence Bloch, d'analyser ces bons résultats.
Propos recueillis par Florian Guadalupe.
puremedias.com : Avec 6 millions d'auditeurs pour cette période septembre-octobre 2017, France Inter signe sa deuxième meilleure rentrée historique. Vous vous y attendiez ?
Laurence Bloch : On a tout fait pour, en tout cas. On a retravaillé les programmes. On a mis les bons "anchormen" au bon moment. On a eu confiance en nos auditeurs. Donc je l'espérais très fortement.
Aviez-vous craint un effet lié au départ de Patrick Cohen vers Europe 1 ?
Aujourd'hui, ce n'est plus le sujet. Je me suis beaucoup exprimé là-dessus. Je me réjouis des très bons résultats de France Inter. Ils restent à un niveau extrêmement puissant, extrêmement solide et sur lequel on va pouvoir continuer de travailler. J'aimerais que ce soit une radio de plus en plus numérique. C'est ça ma préoccupation. Je ne m'occupe pas des autres.
"En audience cumulée, France Inter reste leader."
En quart d'heure moyen, la matinale de France Inter est deuxième derrière RTL. Sur un an, elle perd 200.000 auditeurs. Comment l'expliquez-vous ?
Non. Elle reste leader. En audience cumulée, elle a 3.809.000 auditeurs et 240.000 auditeurs de plus que sa concurrente. Après, comment je l'explique, s'il y a des quarts d'heure qui bougent, c'est la vie d'une radio, c'est la vie d'une matinale.
Sur un an, il y a quand même une baisse significative. A quoi est-elle due ?
De toute façon, l'année dernière, c'était un record absolument historique pour France Inter. L'étiage de France Inter aujourd'hui, c'est 11 points depuis cinq Médiamétrie. Avant, ce n'était pas l'étiage normal de France Inter. Donc, l'année dernière, c'était une année d'audience record absolu. C'était une année présidentielle. Effectivement, les choses bougent lorsque ces deux paramètres-là changent.
"On a eu deux jours de grève qui ont bouffé 5% des quarante jours sondés."
Avez-vous eu le sentiment qu'il y a eu un impact sur les audiences lié aux différents mouvements de la grille ?
Le fait que France Inter reste à 11,1 points, au-dessus de la barre d'étiage, et qu'on reste leader sur tous les grands carrefours d'audience, ça prouve que les choix que l'on a faits sont les bons. Nicolas Demorand et Léa Salamé ont maintenu la matinale à un très haut niveau, bien que ce ne soit plus une année politique forte. Le "18-20" reste leader, alors que l'on a installé une nouvelle "anchorman", Fabienne Sintes. "Popopop" avec Antoine de Caunes fait le meilleur score historique sur cette tranche. Quand on regarde les dimanches après-midi, ils sont en très forte hausse et c'est ce qu'on a le plus changé. Oui, les choix ont été bons. Après, la radio, c'est un mouvement perpétuel. Il faut continuer de travailler, d'améliorer et de regarder. C'est une mécanique, la radio. Franchement, je me réjouis de ce résultat qui est absolument formidable. Vous avez deux radios dans le paysage audiovisuel qui sont au-dessus de 11 points, dont France Inter. Effectivement, ce n'est plus une année présidentielle. On a traversé un mercato sauvage. On a eu deux jours de grève, qui ont bouffé 5% des quarante jours sondés. Je vous assure que je suis extrêmement contente et extrêmement fière de mes équipes.
Du coup, vous avez peut-être de nouvelles ambitions, comme aller chercher la place de leader de RTL ?
Je ne vais pas chercher RTL. Mon boulot est de faire de cette radio une radio de service public et qu'elle propose des programmes qui soient différents, exigeants, de qualité. J'aimerais qu'on reste sur le triptyque qui est l'humeur, l'humour, l'info et la culture, et que l'on gagne de plus en plus d'auditeurs autour de ce triptyque. On n'essaye pas d'aller chercher qui que ce soit.
"Les humoristes de France Inter, ça n'existe pas."
A la fin du mois d'octobre, Elisabeth Lévy avait critiqué "la pensée unique" des humoristes de France Inter. Qu'avez-vous à lui répondre ?
Je lui réponds que les humoristes de France Inter, ça n'existe pas. Il y a 25 humoristes sur la station. Personne ne vient du même endroit. Personne n'a la même personnalité. Personne n'a le même humour. D'ailleurs, Elisabeth Lévy qui était invitée par Sonia Devillers dans "L'instant M", s'est exclamée "Vive France Inter" à la fin de l'émission. Donc, je pense qu'elle a réalisé qu'il fallait partir du réel de France Inter et pas d'une sorte de position pour faire le buzz.