Excellente vague d'audience pour France Inter. Pariant sur la stabilité de sa grille imaginée par Laurence Bloch et Emmanuel Perreau, la station publique atteint 6,06 millions d'auditeurs au quotidien en septembre-octobre, sa plus haute performance des années 2000 ! France Inter gagne ainsi plus de 625.000 fidèles sur un an (+11,5%) et 322.000 curieux (+5,6%) sur une vague. Elle chipe ainsi la deuxième place à NRJ et progresse sur la quasi-intégralité des tranches en semaine. Laurence Bloch, la patronne de France Inter, revient sur ces bons résultats pour puremedias.com.
Propos recueillis par Benjamin Meffre.
puremedias.com : Cette vague, c'est le triomphe de la stabilité ?
Laurence Bloch : Non, je pense même que c'est l'inverse. Je pense que c'est la consécration d'un vrai renouvellement, celui de la grille intervenu il y a deux ans. Une grille sur laquelle j'ai travaillé en collaboration avec Emmanuel Perreau. Il y a des animateurs qui sont au bon endroit et c'est cette alchimie qui fonctionne. Par ailleurs, la station tient ses promesses et ça, c'est très important pour les auditeurs. On leur promet de l'info, de l'humour, de la culture et de la musique, et ils trouvent l'ensemble des ces éléments. Inter reste une grande chaîne culturelle et populaire et ça, ce n'est pas si fréquent.
Vous chipez la deuxième place à NRJ au classement général. C'est un motif de satisfaction supplémentaire ?
Non, ce n'est pas le classement qui m'intéresse. Ce qui m'intéresse, c'est de me dire qu'on peut fédérer 6 millions d'auditeurs sur des choses intelligentes alors qu'on nous dit que les médias traditionnels sont en train de mourir. Je trouve que c'est une vraie raison d'être optimiste.
La matinale cartonne particulièrement en cette rentrée...
Oui, nous sommes leader de 6h30 à 9h c'est à dire sur 10 quarts d'heure, ce qui n'était jamais arrivé. Les quarts d'heure de 8h et de 8h15 progressent de manière considérable. Augustin Trapenard fait aussi une rentrée absolument formidable, tout comme Charline (Vanhoenacker, ndlr). Quasiment toutes les tranches progressent.
Vous pouvez partir en vacances alors ?
Ah non ! Ce n'est justement pas le moment de partir en vacances ! Il faut cultiver cela et continuer de réfléchir.
Qu'est-ce que vous pouvez faire de plus ?
On ne va pas détricoter, évidemment. L'idée va être de conforter une grille qui marche bien. Mais il faut malgré tout se poser des questions, notamment dans le sillage de l'élection de Donald Trump. On n'a quand même pas vu que le mouvement qui soutenait Trump prenait une telle l'ampleur et je crois qu'il faut réfléchir, nous médias, à ces problématiques. Je pense qu'il faut qu'on ait peut-être plus d'espaces contradictoires sur notre antenne. Ce sont des petites choses, ce n'est pas du bouleversement. Il faut peaufiner, améliorer, j'y réfléchis. C'est à la marge mais il ne faut pas s'endormir !
Sur quelles tranches pensez-vous avoir la plus grande marge de progression ? Le soir ?
C'est sûr que de 20h à minuit, on peut encore progresser, bien que ce ne soit pas les heures reines de la radio. L'après-midi, je pense qu'on peut aussi encore gagner du terrain. Sur le 10-11h, on vient d'installer une nouvelle émission avec de nouveaux chroniqueurs, je suis sûr qu'il y a une grosse marge de progression. Plus globalement, ce dont je suis contente, c'est qu'on a gagné des 35-49 ans. Ca c'est très important pour moi. Il faut rajeunir les auditeurs du service public, c'est un enjeu majeur ! J'ajoute enfin que les femmes à l'antenne, ça marche ! Pour moi, c'est un combat très important !
Le match des humoristes est aussi remporté par France Inter à 8h45, c'est une satisfaction de plus ?
Oui, c'est en plus une nouvelle génération qui le permet : Charline Vanhoenacker, Alex Vizorek, ou encore Alison Wheeler et Tom Villa dans l'émission de Nagui ("La bande originale", ndlr). Au départ, je voulais absolument renouveler l'offre car je pense que l'humour est quelque chose de très compliqué. Je pense que les humoristes sont aussi des "humeuristes", c'est à dire qu'ils perçoivent quelque chose de très juste dans le monde réel, qu'ils caricaturent ensuite. C'est ça pour moi l'humour. Ce n'est pas le trash, la vulgarité, c'est la distance et le décapsulage de la réalité.