Censure ? Ce mardi, Libération repérait la suppression par LCI du replay de "La Médiasphère" de lundi, dans laquelle des commentateurs critiquaient ouvertement la communication des prétendants à la présidentielle, Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Les chroniqueurs y dézinguaient le dernier meeting à Marseille du candidat d'En Marche et le FN, visé par une enquête pour escroquerie et recel d'abus de biens sociaux.
Ainsi, l'ancien ministre de l'Economie avait été dépeint comme "neuneu", "Kiki qui fait de la politique", "trou noir", "dangereux" et "Télévangéliste". "On va en avoir des problèmes à la Médiaspère, on va en avoir", avait lancé ironiquement Christophe Moulin, le présentateur. Il ne croyait pas si bien dire... Sur le plateau, les commentateurs fustigeaient ensuite le FN : "On parle quand même d'un parti qui a organisé une fraude fiscale à grande échelle avec des sociétés écran qui vendent des kits de campagne qui sont remboursés avec de l'argent public, donc c'est une escroquerie."
Mardi, le replay de l'émission, qui a été mis en ligne la veille, n'était plus disponible sur le site de LCI, car "il y a deux candidats qui se sont sentis attaqués injustement", indiquait une source interne à Libération. Selon le journal, l'émission aurait ainsi été supprimée pour "protéger" la chaîne et ses intervenants sur le plan juridique. Contactée par le quotidien, la communication de la chaîne expliquait que "l'émission a créé un certain emballement et deux partis étaient mécontents. La direction de la chaîne a décidé de la retirer."
Invité ce matin sur Europe 1, Thierry Thuillier, directeur général de LCI, est revenu sur la polémique du retrait du replay. "Vous avez une 'Médiasphère' en direct, vous avez des alertes des entourages de certains candidats. Lorsqu'on est saisi via notre service politique, on regarde de quoi il s'agit. (...) Hier, il y avait de quoi dire ! Nous avons estimé qu'à la fois sur le plan éditorial et quand on aborde les histoires judiciaires, il faut un peu de rigueur."
Il a expliqué que l'émission "n'a pas su cadrer" et qu'il "était important de rappeler les contextes". "On est à trois semaines d'une élection présidentielle, on parle de candidats sur le terrain judiciaire. Nous avons pensé que nous n'avions pas été assez rigoureux", a conclu le patron de la chaîne.