Le début de la fin ? Aujourd'hui, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a décidé de lancer une procédure contre Mathieu Gallet, président de Radio France, après sa condamnation en première instance pour favoritisme, lundi. Pour prendre leur décision, les membres du CSA réunis en séance plénière se sont fondés sur l'article 47-5 de la loi Léotard de 1986 qui leur donne pouvoir de "retirer" aux présidents de l'audiovisuel public le mandat qu'ils leur ont confié.
Alors que Mathieu Gallet a invoqué la présomption d'innocence, ayant fait appel de sa condamnation, le CSA indique qu'"au terme de la procédure, sa décision interviendra le plus rapidement possible dans le respect du contradictoire et notamment après la communication du jugement rendu à l'égard de monsieur Mathieu Gallet."
Inédite, cette décision du CSA ne signe pas pour autant le départ immédiat de Mathieu Gallet de la présidence de la Maison ronde. Sauf si ce dernier choisit de démissionner, il bénéficiera d'une procédure contradictoire définie par la jurisprudence, à l'issue de laquelle le CSA se prononcera définitivement sur son sort. Il n'empêche, la décision d'aujourd'hui ressemble fâcheusement à un clou supplémentaire planté sur le cercueil de sa mandature, 24 heures après le premier, sournoisement apposé par Françoise Nyssen mardi.
Après avoir assuré lundi que toute "intervention de l'exécutif" dans cette affaire serait "critiquable", la ministre de la Culture, Françoise Nyssen a fait volte-face dès le lendemain, encouragée par l'Elysée et Matignon selon "Le Monde". "Les dirigeants d'entreprises publiques ont un devoir d'exemplarité. Un dirigeant d'entreprise publique condamné pour favoritisme, ce n'est pas une situation acceptable. Il appartient à l'intéressé d'en tirer les conséquences, ainsi qu'au Conseil supérieur de l'audiovisuel, légalement compétent", avait alors estimé Françoise Nyssen. Le message, on ne peut plus clair, n'avait cependant pas suffi à faire plier Mathieu Gallet, qui avait fait savoir qu'il ne démissionnerait pas de son poste.
Lundi, Mathieu Gallet a été condamné à un an d'emprisonnement avec sursis et à 20.000 euros d'amende par le tribunal de Créteil. Le dirigeant était visé par une enquête pour délit de favoritisme entre 2010-2014, période durant laquelle il était président de l'INA. Mathieu Gallet a annoncé qu'il allait faire appel de sa condamnation. Il a par ailleurs fait savoir qu'il portait plainte pour violation du secret de l'enquête, après que le parquet de Créteil eut convoqué l'AFP et Reuters pour les informer de son renvoi en correctionnelle, alors que lui-même n'en était pas averti.