Toute publicité est bonne à prendre, paraît-il. Mais alors que les membres de l'Académie des Arts et Sciences du Cinéma décident actuellement des films qu'ils souhaitent nommer pour les prochains Oscars, pas sûr que la publicité qui entoure le film français "The Artist", porté par Jean Dujardin et Bérénice Bejo, soit particulièrement bénéfique.
Hier, dans une pleine page de publicité qu'elle a achetée dans le magazine spécialisé Variety, l'actrice américaine Kim Novak s'en est violemment pris au film de Michel Hazanavicius. L'actrice reproche au réalisateur d'avoir utilisé la musique du classique d'Alfred Hitchcock, "Sueurs froides", dans l'une des scènes de son film et va jusqu'à parler de "viol" pour qualifier la sensation qu'elle a éprouvée lorsqu'elle a visionné "The Artist", pourtant nommé aux Golden Globes et encensé par la critique américaine.
"Je souhaite signaler un viol. J'ai le sentiment que mon corps, ou du moins que mon oeuvre, a été violée par un film, "The Artist"", déclare ainsi Kim Novak, qui donnait la réplique à James Stewart dans le film d'Alfred Hitchcock sorti en 1958. Elle regrette que "The Artist" ait eu recours à ce procédé et poursuit : "le film aurait dû et aurait pu se servir de ses propres forces plutôt que de dépendre de la musique de Bernard Herrmann pour "Sueurs froides" d'Alfred Hitchcock afin d'y ajouter une dimension plus dramatique".
Selon Kim Novak, qui n'est pas apparue devant la caméra depuis 1991, cette méthode est comparable à de "la triche" et elle ajoute que l'équipe du film devrait avoir "honte". "Il est moralement condamnable dans notre milieu d'utiliser et d'abuser d'oeuvres célèbres qui ont été applaudies pour un usage différent de celui pour lesquelles elles avaient été créées. Il est indispensable de les préserver pour la postérité", conclut-elle.
Interpellé par les déclarations de Kim Novak, Michel Hazanavicius, le réalisateur de "The Artist", a publié un communiqué pour répondre à ses attaques. ""The Artist" a été conçu comme une lettre d'amour au cinéma, et le projet est né de mon admiration et de mon respect - et de celui de mon équipe et des acteurs - pour les films tout au long de l'histoire", commence le réalisateur français.
""The Artist" a été inspiré par le travail d'Hitchcock, de Lang, de Ford, de Lubitsch, de Murnau et de Wilder. J'aime Bernard Herrmann et sa musique a été utilisée dans de nombreux films et je suis très heureux qu'elle soit dans mon film. Je respecte énormément Kim Novak et je suis désolé d'apprendre qu'elle ne partage pas mon avis", conclut Michel Hazanavicius.