"La dernière fois qu'une chaîne publique a mis de l'argent dans un de mes films, c'est en 2003 !". C'est le cri de colère que pousse le réalisateur François Dupeyron, à qui on doit des films comme "Drôle d'endroit pour une rencontre", "La Chambre des officiers" ou "Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran".
Dans le dossier de presse qui accompagne la sortie de son prochain film, "Mon âme par toi guérie", qui sort le 26 septembre, le réalisateur s'en prend vivement aux chaînes de télévision, source de financement majeure du cinéma français. "Ca va faire dix ans qu'on me refuse tout ! Je viens d'en prendre conscience cette semaine. (...) Dix ans ! C'est pas rien dix ans ! (...) Je ne suis pas resté sans rien faire, j'ai écrit huit, dix scénarios, j'ai eu des avances sur recettes, je les ai perdues. J'ai écrit quatre romans... Et maintenant, je suis sec, ils ont gagné, mais ils n'auront pas ma peau", s'agace le cinéaste dans un faux dialogue.
François Dupeyron estime avoir pu faire deux film en une décennie ("Inguélézi", et "Aide-toi le ciel t'aidera") grâce à l'avance sur recettes et à Canal+. "Depuis 2007 chez Canal, c'est niet ! Je suis marqué au rouge. 'Dupeyron, on aime beaucoup ce qu'il fait, mais pas ça.' C'est le refrain, dès que je l'entends, je crains la suite", lâche le réalisateur blasé que les télévisions aient refusé de financer son film pour lequel il a convaincu les acteurs Grégory Gadebois, Céline Sallette et Jean-Pierre Darroussin. Une jeune productrice a même qualifié son scénario de "merde". Deux autres ont eu pour seule réaction de lui demander d'enlever les "gros mots". D'autres lui ont renvoyé estimant que le sujet était "non traité".
Dupeyron parle d'un "système qui rend idiot" et raconte comment il a du réécrire plusieurs fois un scénario après les refus de France 2, France 3, Arte, Canal et Orange. Il s'en prend plus directement à Arte. "Il y a deux ans, j'ai fait une note d'intention pour un scénario qu'on proposait à Arte. J'ai eu le malheur de citer Tarkovski pour faire comprendre je ne sais plus trop quoi. Malheur ! Le retour a été cinglant, 'Non Tarkovski, c'est pas possible' Arte ! la chaîne culturelle qui n'a jamais mis un centime dans un de mes films", s'agace-t-il avant d'expliquer avoir rencontrer un jour un producteur indépendant, Paulo Branco (qui produit les films de Raoul Ruiz ou de Christophe Honoré ) qui a accepté de financer le film, sans lire le scénario, après une longue discussion avec le cinéaste. Il termine en demandant aux journalistes de soutenir son film. Sera-t-il entendu ?