

Un ultime espoir. Vendredi 14 février, le Conseil d'État se prononcera sur le recours formulé par C8, qui a saisi la plus haute juridiction française pour contester son éviction de la TNT décidée par l'Arcom. Le régulateur de l'audiovisuel n'a en effet pas renouvelé sa fréquence, ainsi que celle de NRJ 12. Les deux chaînes doivent cesser d'émettre au 28 février prochain.
Ce mardi 11 février, quelques jours avant que le Conseil d'État ne livre son verdict, la journaliste et ancienne membre du CSA Françoise Laborde et l'ancien ministre et membre honoraire du Conseil d’État Renaud Dutreil ont co-signé une tribune sur "FigaroVox" intitulée : "La décision du Conseil d’État sur l’exclusion de C8 de la TNT dira où en est la liberté d’expression en France". Dans ce plaidoyer en faveur de la chaîne appartenant au groupe Bolloré, qui a d'ailleurs été la 6e chaîne la plus regardée en France sur le mois de janvier, les deux signataires jugent "l'enjeu" de la décision du Conseil d'État "considérable".
"La décision que le Conseil d’État va prendre cette semaine, pour invalider ou confirmer l’exclusion de la chaîne C8 de la TNT dira cependant où en est la liberté d’expression dans notre pays", estiment la sœur de Catherine Laborde et l'ex-ministre sous Jacques Chirac. Avant de tresser des louanges à la chaîne du canal 8 : "C8 n’est pas une chaîne qui ressemble aux élites françaises. Elle est populaire au sens propre et au sens figuré, première chaîne en audience de la TNT, à l’antenne depuis vingt ans, regardée chaque mois par 40 millions de téléspectateurs, dont une grande partie issue des milieux populaires. Elle a su, indéniablement, capter un public que les médias traditionnels, et peut-être les élites françaises, ont perdu de vue".

"Loin d’être une simple chaîne de divertissement, elle est capable d’enflammer le débat public, d’être l’objet de controverses, d’en créer de nouvelles, incarnant cette diversité d’opinions, de niveaux socioculturels, de goûts, de langage qui est le corollaire de la liberté d’expression et du pluralisme. Oui, elle suscite des positions politiques, radicalement opposées. De véritables passions même ! Lorsque l’Arcom a exclu C8 de la TNT, les députés LFI ont allumé des feux de joie et les députés de droite ont crié au liberticide. Que serait la liberté d’expression si elle coulait sur les esprits comme l’eau tiède ? Que serait le pluralisme dans l’audiovisuel si toutes les chaînes étaient consensuelles ? Et que serait le droit s’il devait prendre parti pour un camp ou pour un autre ?", poursuivent ceux qui voient dans cette décision du Conseil d'État "une boussole pour l’exercice de la liberté d’expression dans notre démocratie" qui fera "date et jurisprudence".
Le 3 février dernier sur X, Gérald-Brice Viret, le directeur général de Canal+, groupe auquel appartient C8, avait réagi aux audiences de janvier de la chaîne : "Il reste 25 jours d'antenne avant que la première chaîne de la TNT (hors chaînes hertziennes historiques, ndlr) ne s'éteigne. Pourtant, loin de se résigner, C8 termine son parcours en étant toujours davantage plébiscitée par les Français". Il saluait les bons résultats de l'émission phare de la chaîne, "TPMP", animée par Cyril Hanouna, "qui signe son meilleur mois de janvier après 16 saisons". Après avoir remercié les téléspectateurs pour leur "fidélité", le dirigeant terminait par ces quelques mots : "Alors que cette décision incompréhensible de l'Arcom menace de priver la télévision française de cette diversité, nous gardons confiance en la justice de notre pays". Dans 3 jours, l'avenir de la chaîne et des équipes sera définitivement scellé.