Il était invité en majesté sur tous les plateaux télé. "Paris Match" consacre ce jeudi un sujet de six pages à Stéphane Bourgoin, écrivain spécialiste des tueurs en série. Depuis le début de l'année, l'homme fait face aux accusations d'un groupe d'anonymes, baptisé 4ème Oeil Corporation, qui a mis en avant ses contradictions et autres mensonges. "Depuis des années, il est un invité privilégié pour nombre de médias dès qu'une actualité se rapporte aux tueurs en série", rappelait récemment le site "Arrêt sur images" dans une enquête fouillée. Si l'intéressé avait jusqu'à présent refusé de répondre en longueur sur le fond, allant même jusqu'à supprimer sa page Facebook officielle face à la polémique, il a visiblement décidé de changer de stratégie et de jouer la carte de la franchise.
Dans ce long papier intitulé "Rencontre avec un serial menteur", Stéphane Bourgoin confesse donc avoir menti. "Parfois, je me fais des films dans ma tête. J'ai toujours voulu qu'on m'aime", reconnaît-il en introduction. L'exemple le plus frappant est sans aucun doute l'histoire de sa petite amie, qui aurait été tuée, violée et découpée en morceaux par un serial killer aux Etats-Unis en 1976, ce qui aurait déclenché sa passion pour ce genre d'individus.
Mais comme le relate "Paris Match", la femme fantasmée de Stéphane Bourgoin était en réalité une barmaid qui se prostituait pour arrondir ses fins de mois et que le Français aurait vu "quatre ou cinq fois". Agée de 24 ans, son corps a été retrouvé dans un étang. "Pourquoi avoir transformé la barmaid prostituée de Floride en Eileen, l'épouse de Californie ? Pourquoi avoir ajouté tant de détails macabres ?", s'interroge la journaliste de "Paris Match". "Je ne voulais pas qu'on sache que je la dépannais financièrement", élude l'intéressé.
Outre le fait qu'il n'a jamais suivi de formation au FBI - contrairement à ce qu'il prétend depuis des années - et qu'il s'est approprié les faits d'armes de vrais enquêteurs, il n'a pas non plus rencontré 77 tueurs en série au cours de sa carrière. Le doute subsistait jusqu'à présent puisque seuls 9 entretiens vidéos réalisés par Stéphane Bourgoin existent. "Oui, certains je les ai juste aperçus dans les couloirs de prison ou les cours de promenade", reconnaît à présent l'écrivain.
Si son expertise en matière de tueurs en série reste indéniable, comme le reconnaissent des professionnels dans "Paris Match", c'est sa propension à la mythomanie qui semble avoir perdu Stéphane Bourgoin. "J'ai exagéré mon importance, j'ai parfois dit des conneries", admet-il. Avant de préciser un peu plus loin : "Ca me fait du bien de dire la vérité, de parler enfin (...) Quand je vous parle, je me dis que j'en ai dit des bobards. Quelle connerie". Avant le confinement, Stéphane Bourgoin s'était lancé dans une tournée dans toute la France pour projeter un documentaire rassemblant "le best of de (ses) entretiens avec les pires tueurs en série de la planète", comme il s'en vantait dans une bande-annonce diffusée sur internet.