Dans sa décision rendue publique aujourd'hui, la Cour administrative d'appel de Paris demande à la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, de "procéder au réexamen de la demande de visa" dans les deux mois du film "La vie d'Adèle". Le ministère a annoncé son intention de faire appel. La cour a estimé que "plusieurs scènes de sexe présentées de façon réaliste, en gros plan" étaient "de nature à heurter la sensibilité du jeune public".
La ministre de l'époque Aurélie Filippetti "ne pouvait, sans commettre d'erreur d'appréciation" au regard de la loi "accorder un visa d'exploitation comportant une interdiction limitée aux mineurs de 12 ans", estime la Cour. Le film d'Abdellatif Kechiche, Palme d'Or du Festival de Cannes en 2013 raconte la relation mouvementée entre deux jeunes femmes jouées parAdèle Exarchopoulos etLéa Seydoux et comporte plusieurs scènes de sexe.
C'est l'association Promouvoir, proche des milieux catholiques traditionnalistes, qui a saisi la justice. Elle estime que le film devrait être interdit aux moins de 18 ans. En première instance, elle avait été déboutée de sa demande d'annulation de visa du film.
L'association, menée par l'avocat André Bonnet, est habituée des procédures de ce genre contre les films. Elle entend protéger les mineurs contre la violence et la sexualité au cinéma. Déjà, elle avait obtenu le retrait de "Baise moi" de Virginie Despentes en 1999 et la classification interdit aux mineurs pour "Love" de Gaspard Noé cet été, interdit aux moins de 16 ans à l'origine.