Cette semaine, c'est aussi la rentrée sur le câble et le satellite. Mardi, SyFy lancera la saison 2 inédite de "Defiance", tandis que sa grande soeur 13e Rue dévoilera mercredi la saison 2 de "Motive", du producteur exécutif de "Dexter" et "Mentalist". A l'occasion de la rentrée, Léonor Grandsire, présidente de Universal Networks International France, évoque les objectifs de ces deux chaînes ainsi que de E!, leur avenir dans un univers où le gratuit prend de plus en plus de place, ou encore l'arrivée de Netflix. Elle prend aussi le temps de répondre aux remarques de Christophe Hondelatte en fin de semaine dernière sur puremedias.com au sujet des audiences confidentielles de 13e Rue.
Propos recueillis par Charles Decant.
C'est votre grande rentrée cette semaine, avec l'arrivée de "Defiance" saison 2 mardi sur SyFy et de "Motive" mercredi sur 13e Rue notamment. Dans quel état d'esprit êtes-vous ?
On est dans un état d'esprit très positif. On a une très grosse rentrée sur nos trois chaînes. On a globalement de très bons résultats, on a la chance d'éditer des chaînes qui ont de fortes personnalités, des marques et des positionnements très clairs, et des contenus originaux et exclusifs qui viennent pour la plupart de ce qui se fait de mieux aux Etats-Unis - même si on proposera la série nordique "Mammon" en octobre sur 13e Rue ou la saison 2 de la série britannique "The Fall" l'an prochain avec Jamie Dornan.
L'année va être mouvementée a priori, avec l'arrivée de Netflix d'ici peu...
Effectivement ! Ca va être quelque chose qu'on va observer avec beaucoup d'attention. Tout ce qui peut pousser et développer l'appétence pour des séries américaines nous met en valeur. Ca va nous permettre de bénéficier un petit peu de cette dynamique et de leur discours, et de pouvoir rebondir sur les séries que nous avons en première fenêtre sur notre chaîne. Après, il ne faut pas se voiler la face, c'est aussi une menace, ils vont concurrencer un peu les offres sur lesquelles nous sommes distribués.
Quels sont vos objectifs globaux pour cette saison ?
L'objectif principal est de continuer à nous maintenir dans les positions que nous avons. C'est-à-dire rester parmi les chaînes préférées des abonnés. On a des chaînes qui ont des dynamiques positives en termes de croissance mais aussi en satisfaction, et le développement du gratuit a permis de renforcer notre identité de chaînes appartenant au monde du payant. On a la liberté de ne pas être uniquement dans une course à l'audience mais d'avoir la possibilité de développer une thématique donnée, d'approfondir notre genre, et de se positionner avec des nouveaux services qu'on ne trouve pas toujours sur le gratuit. On a été parmi les premiers sur le replay, parmi les premières chaînes en HD, on a été la première chaîne en France à diffuser le lendemain des Etats-Unis...
Parlons plus précisément de 13e Rue...
Sur 13e Rue, l'objectif de la saison est de continuer à proposer le meilleur dans le domaine du crime, du policier et du thriller.
C'est une chaîne sur laquelle vous pariez plus que sur les autres sur la création française, avec le retour de Karl Zero pour une huitième saison des "Faits Karl Zéro", et la collection "Passeport pour le crime", où des personnalités partent aux côtés de policiers locaux dans des grandes villes du monde. Ce sont des marques importantes pour vous ?
Ce sont des franchises importantes oui, parce qu'elles nous permettent au delà des séries que nous proposons, et qui sont le coeur de notre offre. Elles permettent d'aller un peu plus loin dans le genre pour les amateurs de faits divers ou de cet univers, de ces professions qui tournent autour du crime ou des enquêtes. Et les "Passeport pour le crime", ça nous permet d'approcher une autre société par sa criminalité dans une de ses grandes villes.
Quand Christophe Hondelatte, ancien animateur chez vous, et qui était notamment parti tourner un "Passeport pour le crime", se réjouit de revenir sur la TNT (sur BFM, ndlr) et évoque la frustration des audiences confidentielles de 13e Rue, vous prenez ça comment ?
On a tous compris ce qu'il voulait dire, qu'il était assez content de revenir sur le gratuit, qui a une couverture nationale difficilement comparable avec le payant. Il n'y a que 20% des foyers français qui sont abonnés à la télévision payante... Maintenant, par rapport à 13e Rue elle-même, il faut savoir que c'est l'une des chaînes les plus performantes chez les foyers abonnés : toutes chaînes confondues, elle est 14e chaîne la plus regardée chez les abonnés, devant Arte, i-TELE, France 4, D17... Quand on la compare aux chaînes payantes, elle est deuxième ! Ce n'est pas la chaîne payante dont je parlerais pour dire qu'elle a des audiences faibles.
Et quand il parle de "80.000 téléspectateurs au meilleur de sa forme", c'est un ordre de grandeur juste ?
Pas au mieux de sa forme, mais c'est un ordre de grandeur de la télévision payante. Pour vous donner un ordre d'idée en part d'audience, puisqu'on communique davantage là-dessus, on fait 1% de pda. Les très bonnes chaînes payantes, de manière générale, vont réunir selon les moments entre 50 et 200.000 téléspectateurs.
Vous disiez que les séries sont le coeur de vos offres. Comment se passe l'acquisition des séries avec la concurrence des grandes chaînes ?
13e Rue et SyFy ont la chance d'être adossées au groupe NBC Universal. La différence entre les deux, c'est qu'il y a SyFy aux Etats-Unis, ce qui permet de commissionner des séries et des programmes qui viennent tout naturellement trouver leur place sur les SyFy internationales. 13e Rue n'a pas de déclinaison américaine, c'est une création française qui s'est ensuite exportée dans le monde. Du coup, ce sont nos équipes de programmes qui vont sélectionner le meilleur des séries policières.
Et en ce qui concerne la concurrence ?
C'est vrai qu'il y en a beaucoup. L'avantage d'être une chaîne du payant, c'est que ça nous permet de nous positionner sur des séries un peu plus audacieuses, un peu moins consensuelles, comme "Bates Motel", dont nous diffuserons la saison 2 en novembre. On n'a pas peur de prendre des risques éditoriaux, donc nos concurrents seront plutôt OCS ou Canal+.
Parlons plus précisément de SyFy, quel est votre objectif 2014-2015 pour la chaîne ?
Sur SyFy, on va poursuivre la croissance de la chaîne. C'est une chaîne qui affiche une croissance incroyable depuis sa création en 2005 et qui figure désormais parmi les chaînes les plus importantes dans l'univers de la télévision payante. L'objectif est que ça se sache encore plus, parce que c'est une marque plus récente que 13e Rue.
L'un des événements médiatiques de la chaîne cet été, ça a été la diffusion de "Sharknado 2". Ca a bien marché ?
Ca a bien marché, oui. Ca a surtout été un énorme succès digital. Dans le monde entier, il y a eu plus d'un milliard d'impressions Twitter. Ces téléfilms un peu "créatures", c'est la marque de fabrique de SyFy, c'est une façon de prendre au deuxième degré des films fantastiques et de créatures. Après, SyFy a opéré un léger virage aux Etats-Unis, basé sur le constat qu'il y a une appétence croissante pour le genre. Le succès de séries comme "Game of Thrones" ou "The Walking Dead" montre que c'est de plus en plus apprécié, et SyFy veut produire davantage de séries fantastiques et faire de la chaîne une référence. On s'éloigne un peu de séries plus grand public que la chaîne avait développées après le rebranding de la chaîne en 2009, on rééquilibre avec des choses un peu plus sombres ou exigeantes. C'est par exemple ce qu'on fera avec l'adaptation en série de "L'armée des douze singes".
On parlait du gratuit tout à l'heure, avec l'augmentation du nombre de chaînes, est-ce que vous avez vocation à moyen ou long terme à élargir votre présence ailleurs que sur CanalSat ?
De nos trois chaînes, 13e Rue et SyFy sont des chaînes toujours exclusives CanalSat et Numéricable. Nous sommes accessibles chez les autres opérateurs, mais via l'abonnement CanalSat. E!, en revanche, est accessible sur d'autres box.
Il y a une réflexion à ce sujet à moyen terme ?
Aujourd'hui, nous n'avons pas vocation à être des chaînes simili-gratuites. Notre positionnement est semi-payant, des chaînes qui nécessitent un abonnement. Beaucoup plus que des chaînes avec un positionnement très généraliste, très large. Après, peut-être que le marché fera qu'on aura à se poser ces questions-là, s'il évolue dans sa globalité vers ce type de distribution, mais il me semble qu'il restera toujours de la place pour des chaînes semi-premium comme celles-ci, qui apportent du contenu de qualité, exigeant, des services en avant-première... Mais ce serait très présomptueux d'affirmer quoi que ce soit au sujet du marché de la télévision, qui est tellement en mouvance qu'il est difficile de savoir ce qui va se passer.