C'est l'un des nouveaux visages de BFMTV en cette rentrée. Christophe Hondelatte intègre la grille de programmes de la chaîne d'info en continu dès cette semaine. Chaque vendredi, samedi et dimanche, le journaliste sera aux commandes d'un 20 Heures puis, à 22h, animera "Hondelatte Direct", un talk show d'info de deux heures, où il décryptera l'actualité.
A l'occasion de la conférence de rentrée de BFMTV et BFM Business, qui se déroulait cet après-midi, le journaliste a évoqué pour puremedias.com son retour à l'antenne, son retour à l'actualité, son image et son parcours.
Propos recueillis par Charles Decant.
Pourquoi ce retour au hard news ?
Pour quelqu'un comme moi, qui fait du hard news depuis 1981, on est quand même vachement dépendant. On est une machine à malaxer l'actualité. J'étais super content de faire du reportage pendant deux ans, et ça ne m'a pas traumatisé d'être moins exposé pendant ces deux ans. Mais, si je suis très honnête, le news m'a beaucoup manqué l'année dernière, où je n'avais plus mon émission hebdomadaire sur Yahoo!. Je me suis aperçu à quel point ça me manquait.
L'an dernier, il ne vous restait donc plus que vos reportages sur 13e Rue...
Oui, et pour des raisons peut-être imbéciles, même si j'ai adoré faire ce que j'ai fait, faire des reportages que personne ne regarde, j'ai un peu de mal. Quand on l'habitude de faire des gros scores d'audience, c'est sûr que, quand on se retrouve avec 80.000 personnes sur 13e Rue au meilleur de sa forme, on se dit "Merde, j'ai passé du temps, le reportage est bien, il y a des trucs intéressants..." Donc j'avais envie aussi de revenir sur un grand média. Et enfin, c'est l'histoire d'une relation avec un homme, Hervé Béroud, patron de la rédaction de BFMTV. C'est un homme avec lequel j'ai adoré travailler à RTL. D'une certaine manière, je suis parti de RTL parce qu'il n'était plus là. C'est un résumé un peu hâtif mais ce n'est pas totalement faux. C'est un homme en qui j'ai confiance et qui a confiance en moi. Il sait comment je fonctionne et il ne fonctionne pas sur un stéréotype à mon égard.
C'est quoi, selon vous, ce stéréotype ?
Hervé Béroud sait qu'on peut travailler avec moi, que je ne suis pas complètement fou. Comme plein de choses se sont dites à mon égard... Je savais que lui au moins savait qui j'étais.
Ca vient d'où, cette idée, que vous êtes ingérable ?
C'est à cause de mes départs ! Ils laissent penser que je peux être fou. D'abord, il y l'arrêt du 13 Heures de France 2, mais c'était il y dix ans donc j'estime qu'aujourd'hui je n'ai plus à m'en expliquer. Mon départ de "Faites entrer l'accusé", le type qui arrête une émission en plein succès... Tout le monde dit partout qu'il faut arrêter tant que ça marche mais apparemment, il ne faut pas le faire ! Sans doute qu'on me donnera raison un jour mais entre temps, qu'est-ce qu'on m'a dit que je m'étais planté !
Et votre départ de RTL ?
Je n'ai jamais eu l'occasion de l'expliquer, pour une bonne et simple raison, c'est que j'ai été viré ! Tout le petit milieu le savait, même si ce n'est pas ce qui a été dit. Il y a des animateurs qui disent aussi qu'ils partent de leur plein gré alors qu'on les a virés, et il y a même des ministres ! Je crois qu'on appelle ça le privilège de communication, c'est en général le premier point qu'on négocie quand on quitte une entreprise. J'ai été viré parce que j'étais en désaccord avec la direction de RTL sur la manière de revenir en première ligne, première radio de France. Ce que je constate, c'est que depuis, ils ne sont pas remontés.
Ce créneau du week-end vous convient ?
J'en avais envie oui. Le 22h-minuit. Et le week-end, c'est encore plus intéressant parce que les gens n'ont aucun scrupule à rester. En semaine, rester jusque minuit, c'est compliqué de garder les gens.
Vous aviez quelle image de BFMTV avant d'y arriver ? Elle est beaucoup critiquée, notamment sur l'orientation politique supposée de sa ligne éditoriale...
De toute ma vie, je n'ai jamais vécu dans autre chose que l'indépendance. Asseyez-vous une heure dans la rédaction de BFMTV et vous verrez... Je ne sais pas à quel moment il peut y avoir le début du quart d'une pression. Les gens qui fabriquent l'info, ce sont des petites mains. C'est une fourmillière. C'est assez impressionnant à regarder d'ailleurs, les gens travaillent énormément, dans un brouhaha général. Ca fait quinze ans que j'avais un bureau individuel, et là j'arrive dans un bureau collectif, sans bureau attribué, donc obligé de me trouver une table tous les jours... C'est un lieu où règne l'indépendance. Après, l'info en continu a ses défauts !
Lesquels ?
C'est un phénomène mondial, l'info en continu, ce n'est pas seulement chez BFMTV. Les défauts, c'est une concentration de l'info sur deux ou trois sujets maximum, etc. Tous les exercices que j'ai pu faire dans ma vie ont eu leurs défauts. La seule différence, c'est qu'on formulait beaucoup aux journalistes la critique de ne pas parler d'assez de choses. "Vous ne parlez pas des indiens de Colombie, des Ouzbeks ou des Esquimaux. C'était un reproche juste ! Mais depuis, il y a Internet. Donc les gens peuvent l'avoir l'info. Nous, on offre un bagage minimum de gestion de l'actualité. Info brute et son commentaire. Après, qu'on ne recouvre pas tout le champ de l'actualité, oui, mais de toutes façons, ça n'est pas possible.
Et les accusations de droitisation de la ligne éditoriale ?
Vous savez, toute ma vie on m'a dit "Ah ça y est, on vous a débusqué, vous êtes un chiraquien déguisé", "Vous êtes un sarkozyste !", "Salopard, vous détestez Sarkozy !"... Tous les jours, l'accusation est différente. Honnêtement, les gens qui me connaissent savent que je n'ai pas de passion politique. Je ne suis pas partisan. J'aime les gens d'abord et les actes plus que les idées. Posez la question à Jean-Luc Mélenchon ! Sur RTL, c'était le seul endroit où il voulait venir parce qu'il se sentait respecté. Non seulement je le respecte, mais je pense qu'il ne dit pas que des conneries. Voilà le bonhomme qui débarque à BFMTV.
Vous avez dit lors de la conférence de presse que vous n'alliez pas changer BFM, mais que BFM allait sans doute vous changer... Vous êtes encore capable de changer ?
Oui, je vais m'adapter ! Je rejoins une grande machine qui fonctionne très bien, je ne vais pas tout chambouler, au contraire, je vais m'adapter ! Et puis j'ai déjà changé. La multiplication des crises ces dernières années... J'ai bien senti que je perdais pied. Ces deux ans m'ont permis de faire le point, de me poser, et honnêtement, je le dis souvent à BFM, je pense qu'ils ont fait le meilleur investissement, parce que je pense que je suis au top de ma forme, et ils ne m'ont pas payé cher ! (Rires)