Quatre ans après le succès de son conte musical, [musique:25540 "Le Soldat Rose"], c'est en solo que Louis Chedid est de retour avec un album sobre et touchant, [musique:404384 "On ne dit jamais assez aux gens qu'on aime qu'on les aime"]. En fait, il n'est pas vraiment tout seul puisqu'il a réalisé ce nouvel album avec son fils, Matthieu Chedid. Alors qu'il se produira ce soir au théâtre du Châtelet à Paris, Louis Chedid évoque les médias, le travail en famille mais aussi l'album posthume de Michael Jackson ou encore la fin du groupe Noir Désir. Entretien.
Ozap : Avant de commencer, vous m'expliquiez que vous en demandez de plus en plus pour la promo d'un album, c'est à dire ?
Louis Chedid : Il me semble qu'il y a de plus en plus de niches médiatiques aux côtés des grands médias, avec le Net notamment. Ces niches sont importantes aussi car c'est comme ça que l'information passe. Ça multiplie les médias et j'aime bien l'idée de ne pas être que dans les gros médias, même s'il faut y être, sinon on est mort. C'est terrible mais c'est malheureusement vrai.
On note néanmoins qu'il y a de moins en moins d'émissions de variétés.
Il y a quand même des émissions où on chante un petit peu. Il y a Taratata, Chabada et quelques émissions à la radio comme les concerts sur RTL ou France Bleu et Inter.
Refusez-vous de faire certaines émissions ?
Oui, bien sûr.
Comme... ?
Des trucs où je ne me sentirai pas d'être, c'est-à-dire des talk-shows où on vous demande votre avis sur tout et n'importe quoi, et où les questions sont plus importantes que les réponses. Je n'ai pas non plus envie d'aller dans les émissions où les gens vont se faire massacrer avec masochisme... Enfin, vous voyez ce que je veux dire...
Comme Laurent Ruquier le samedi soir...
Voilà, par exemple. J'aime bien Laurent Ruquier et je trouve que c'est un mec vraiment bien mais il n'est pas tout seul. Evidemment que tous les artistes préfèrent qu'on dise des choses gentilles sur ce qu'ils font mais il arrive qu'on ait de mauvaises critiques, je trouve ça normal. Mais quand je vois certains artistes qui se font écarteler et dépecer en deux minutes trente par des gens qui ont écouté le disque en diagonale. C'est parfois d'une grande violence.... Je dis ça d'autant plus que j'ai la chance d'avoir de bonnes critiques.
Dans ce que j'ai lu, on dit beaucoup que c'est un disque intimiste. En tout cas, il est musicalement en rupture avec [musique:149716 "Le Soldat Rose"]. C'était une volonté pour mieux passer à autre chose après ce projet ?
Non, pas du tout. Vous faites des disques d'une manière instinctive, je n'ai pas de stratégie. Je n'ai pas de plan de carrière ou quoi que ce soit. C'est uniquement ce que je ressens et ce que j'ai envie de faire.
Votre entourage ou votre label n'essaient pas parfois de vous influencer ?
Non, ça existe pour certains artistes mais pas pour des vieux comme moi (rires). En fait, ça n'a jamais existé, même quand j'ai démarré.
C'est un mythe d'imaginer un patron de maison de disques en train de « diriger » ses artistes ?
Non, ce n'est pas un mythe mais ce ne sont pas avec ceux que j'appelle artistes car, justement, un artiste a un côté rebelle qui défend son bout de gras envers et contre tout. Personne ne m'a jamais obligé à faire quoi que ce soit. Après, ça ne veut pas dire que je n'écoute pas ce qu'on peut me dire. Je ne subis pas la pression d'un label... Sinon, je n'aurais pas attendu six ans et demi pour refaire un disque !
Vous êtes lancé comme un défi de faire tous les instruments de cet album avec Matthieu Chedid. Comment est née cette envie ?
Mes premiers disques, je les faisais un peu comme ça. Déjà parce que je n'avais pas de moyens et aussi parce que ça m'amusait de faire beaucoup d'instruments tout seul. Avec Matthieu, on a tous les deux ce fantasme de refaire un disque complètement tout seul. Comme on avait pas mal bossé en 2009 sur mon album, que j'avais mixé, cette idée a germé et, à un moment, je lui ai dit que ce serait marrant de le faire tous les deux. Il a découlé de cette façon de travailler ce disque produit de façon très acoustique.
Vous dîtes d'ailleurs que vous auriez presque envie de reprendre vos anciennes chansons avec cette méthode. Vous semblez avoir trouvé « le » truc qui vous correspond.
Oui, ça correspond le mieux à mon objectif. Quand des chansons se tiennent, elles fonctionnent simplement en guitare/voix. Là, ce n'est pas si extrême mais pourquoi ne pas faire des disques très simples où c'est juste la mélodie, la voix, le texte. On a sophistiqué les choses au fil du temps avec des effets, des guitares électriques... J'adore ça d'ailleurs mais la base et l'essence doit rester la chanson. Donc, une bonne chanson se joue guitare/voix ou piano/voix, et c'est bien comme ça.
Vous avez d'ailleurs vu la tournée de Raphaël où il était seul en scène ?
Non mais j'ai vu celle de Calogero. C'est un de mes fantasmes et je pense le faire un jour, j'en ai très envie. Je trouve ça bien de se mettre complètement à poil. Quand on est sur scène avec le public, il n'y a pas d'intermédiaire et, si on seul, alors là... (rires)
Le Figaro vous reprochait récemment d'utiliser les mêmes sons à chaque album et vous avez répondu que le public n'aimait pas que les chanteurs changent radicalement de registre. Vous avez peur de les bousculer ?
Je n'ai pas dit ça. Le public est à la fois conservateur et aime qu'on garde un style mais, à la fois, il aime pouvoir dire que le chanteur a évolué. C'est compliqué. C'est un peu la sensation que j'ai... On ne peut pas changer radicalement et je ne pense pas que ce soit souhaitable car on a un style et je ne vais pas me mettre à faire du hard-rock ou du rap.
Mais vous pourriez très bien en avoir envie.
Bien sûr. Mais peut-être que je me connais suffisamment pour savoir que ce n'est pas mon vrai truc. Et ce que je ressens n'est d'ailleurs pas forcément ce qu'il y a de plus commercial ou dans les formats radio.
Et est-ce que vous vous êtes déjà dit d'une chanson "Je ne la garde pas car elle va trop dérouter les gens" ?
Non, jamais je ferai ça.
Vous avez la pression de vendre un minimum de disques pour être assuré de pouvoir en faire un suivant ?
Oui, évidemment. Ce n'est pas une pression, c'est un fait. Si vous vendez zéro disques, vous ne correspondez plus à aucune économie et, à priori, ça s'arrête. Après, toutes les maisons de disques sont friandes de bons morceaux. Des artistes peuvent faire des disques moyens et, tout d'un coup, ils vont faire un disque extraordinaire.
Vous travaillez de nouveau avec votre fils donc on vous en parle beaucoup. C'est quelque chose qui vous agace ?
Pas du tout, c'est moi qui l'ai voulu. C'est une chance de pouvoir travailler avec un mec comme ça donc je trouve ça normal qu'on m'en parle. Et comme en plus c'est mon fils (rires). Ca ne me pose aucun problème, je comprends qu'on m'en parle et, en plus, il y a une vraie justification, d'autant plus qu'on a fait un duo sur ce disque. Tout ça est quand même réfléchi. Il n'y aucun poids là-dedans. Après, on ne peut pas empêcher certains journalistes de faire des comparaisons... C'est comme si vous compariez Alain Souchon à moi, on ne peut pas. Chaque artiste est unique. Je ne rentre pas là-dedans. Je travaille avec un musicien et il se trouve que c'est mon fils et, qu'en plus, tout le monde a envie de travailler avec lui (rires). J'ai de la chance, c'est tout.
Lui est justement parti faire l'album de Johnny Hallyday alors qu'ils sont à priori dans des univers très différents. Vous aimeriez aller faire l'album de quelqu'un qui est aux antipodes de ce que vous faites ?
Aux antipodes de ce que je fais ? Non, je ne pourrai pas.
Johnny, il l'est par exemple ? Un peu, non ?
Johnny, ce n'est même plus un chanteur, c'est une statue, un commandeur, une icône. Tout le monde a envie de faire une chanson pour Johnny Hallyday. Après, tout un disque, je ne sais pas. Après, tout le monde a envie de travailler pour lui et je crois que personne ne refuserait de faire un duo avec lui par exemple. Et c'est rigolo de faire le grand écart entre Brigitte Fontaine et Johnny Hallyday, je trouve ça génial. C'est tellement rare en France.
Le premier album posthume de Michael Jackson vient de sortir. Vous allez l'acheter ?
Non. Je l'écouterai mais je ne vais pas l'acheter.
En tant qu'artiste, ça vous choque de voir qu'on puisse sortir des morceaux qu'il n'avait pas souhaité éditer de son vivant ?
Oui, ça ne me plairait pas. Là, il y a une telle machinerie autour et une telle possibilité de récupérer de l'argent que j'imagine qu'il doit y avoir beaucoup d'avidité autour de ça. A partir du moment où un artiste décide de ne pas sortir une chanson, c'est qu'il y a une raison. Qu'on le sorte en plus de sa mort, c'est encore pire car il ne peut rien dire ! C'est affreux, je ne trouve ça pas bien, c'est dégueulasse. Après, c'est le showbiz...
Noir Désir ne sortira pour sa part plus de disque. Le groupe a décidé de se séparer. Ça vous a étonné ?
Non. Je trouve ça triste parce que j'avais trouvé leur dernier album formidable. Après, je comprends que ce soit invivable moralement et je comprends qu'ils s'arrêtent.
C'est invivable vis-à-vis des médias mais vous pensez aussi que c'était invivable au sein du groupe ?
Manifestement, ça doit être invivable pour les membres du groupe puisqu'ils se séparent. Après, je ne les connais pas mais j'imagine que quand il s'est passé autant de choses terribles et dramatiques, c'est difficile d'être en représentation. On se met quand même à nu devant les gens. C'est compliqué, ambigu. Le guitariste a parlé d'indécence et je comprends. Il y aussi une indécence. Après, ce n'est pas à moi de juger mais je comprends très bien leur attitude et je trouve ça même très noble.
Musique
Louis Chedid : "Je n'ai pas envie d'aller dans les émissions où les gens se font massacrer"
Publié le 13 décembre 2010 à 17:42
A l'occasion de la sortie de son album et le lancement de sa tournée, Louis Chedid parle de son travail avec son fils Matthieu mais aussi les médias, le business autour de Michael Jackson ou encore la fin de Noir Désir.
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