Dans une lettre à ses salariés que s'est procurée puremedias.com, Nicolas de Tavernost, président du directoire du groupe M6, réagit à l'annonce surprise du rachat de Direct Star et Direct 8 par le groupe Canal+.
"C'est le énième épisode du feuilleton TNT et certainement pas le dernier, qui vient illustrer ce que nous avons toujours formulé : le choix d'acteurs soi-disant "indépendants" et dénommés "nouveaux entrants" était une mascarade puisque ces derniers rétrocèdent les uns après les autres et à prix élevés leurs autorisations", dénonce Nicolas de Tavernost alors que son groupe apparait comme le principal perdant dans l'affaire. TF1 possède trois chaînes sur la TNT gratuite, Canal+ passerait de deux à quatre (en comptant i-Télé) tandis que M6 possède deux fréquences. "Ce nouveau mouvement aura certainement des conséquences significatives s'il se concrétise et entraînera d'autres changements dans le paysage audiovisuel", prédit-il.
En effet, ces derniers mois, les mouvements de concentration se sont multipliés sur le marché de la télévision gratuite alors que, lors du lancement de la TNT en 2005, le gouvernement et le CSA avaient expliqué que l'élargissement du PAF allait permettre l'émergence de nouveaux acteurs et une plus grande diversité. L'an dernier, le groupe TF1 a pris le contrôle de NT1 et TMC tandis que le groupe Bolloré a racheté Direct Star (ex-Virgin 17) à Lagardère.
Si les autorités compétentes autorisent le rachat de Direct Star et Direct 8 par Canal+, NRJ 12 et BFM TV seront les deux seules chaînes "indépendantes" du PAF. Par sa convention de chaîne généraliste, la chaîne du groupe NRJ apparait clairement comme la proie idéale pour M6 afin de rattraper son retard. Surtout que le groupe de Nicolas de Tavernost dispose d'une trésorerie nette de 300 millions d'euros. Pour l'heure, NRJ a démenti toute volonté de vendre sa chaîne...
D'autres voies s'ouvrent à M6 pour lancer de nouvelles chaînes, mais elles apparaissent très incertaines. D'une part, tout comme TF1 et Canal+, M6 s'est vu octroyer un canal compensatoire prévu pour entrer en service à la fin de l'année. Mais ce "cadeau" a été jugé illégal par Bruxelles qui menace la France de représailles juridiques. Pour sa part, le CSA avait indiqué que le lancement de ces nouveaux canaux seraient de toutes façons repoussé. D'autre part, avant de geler son projet, le Conseil avait prévu en 2010 de lancer un appel à candidatures concernant deux nouvelles chaînes sur la TNT gratuite. Enfin, pour couronner le tout, le gouvernement étudie la possibilité de différer tout élargissement du marché de la télévision gratuite en décidant le passage à une nouvelle norme de diffusion.