Cette nuit, le français Publicis et l'américain Omnicom ont annoncé l'abandon de leur projet de fusion. "Après plus de neuf mois d'efforts, devant l'impossibilité à le réaliser dans des délais raisonnables, nous avons décidé, d'un commun accord, de mettre un terme à ce projet", ont fait savoir, dans un communiqué, les deux groupes qui ambitionnaient devenir après cette opération le leader mondial de la publicité, devant le britannique WPP.
Ce matin, la presse évoquait des luttes de pouvoir entre les deux groupes, notamment sur le choix du directeur financier. Dans une interview au Monde, Maurice Lévy, président du directoire et actionnaire de Publicis, donne sa version des faits. "Nous n'étions pas à vendre, eux non plus. Cette fusion était une opportunité pour faire face aux bouleversements profonds de notre industrie, pas une nécessité. (...) Avec pour Omnicom un chiffre d'affaires de 14 milliards de dollars (10 milliards d'euros) et pour Publicis de 9 milliards de dollars (6,5 milliards d'euros), nous étions en mesure de faire une fusion entre égaux grâce à l'attractivité de notre modèle", rappelle le dirigeant.
C'est la rupture de cette égalité qui a fait capoter le projet. "Dans cette fusion entre égaux, il y avait quelques éléments essentiels, dont un était fondamental, l'équilibre. Sur cela, je n'étais pas prêt à transiger", explique Maurice Lévy, en confirmant ne s'être pas entendu sur le choix du directeur financier alors qu'il était acquis que John Wren, le PDG d'Omnicom, aurait dirigé le nouvel ensemble. "Je n'ai pas voulu céder sur ce point. On touchait à l'équilibre indispensable pour une fusion entre égaux. Nous divorçons par consentement mutuel : personne ne porte la faute, d'ailleurs aucune indemnisation n'est prévue", estime le patron qui confie avoir des "regrets".
"C'était un projet magnifique, qui aurait créé le premier groupe mondial. C'est assez douloureux et déplaisant d'avoir à renoncer. Mais il y avait un prix que je n'étais pas prêt à payer : l'âme de Publicis", conclut-il en précisant que son groupe va relancer le processus pour trouver son successeur.