Interview
Mohamed Bouhafsi : "L'empathie n'empêche pas de poser les bonnes questions"
Publié le 2 octobre 2022 à 11:00
Par Florian Guadalupe | Journaliste
Passionné de sport, de politique et des nouveaux médias, Florian Guadalupe est journaliste pour Puremédias depuis octobre 2015. Ses goûts pour le petit écran sont très divers, de "Quelle époque" à "L'heure des pros", en passant par "C ce soir", "Koh-Lanta", "L'équipe du soir" et "La France a un incroyable talent".
Le chroniqueur de "C à vous" Mohamed Bouhafsi a accordé un entretien à puremedias.com.
Mohamed Bouhafsi dans "C à vous" sur France 5 © Patrick FOUQUE-FTV
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Il a la parole facile. Mohamed Bouhafsi, chroniqueur de "C à vous" depuis un an, a accordé un entretien à puremedias.com afin de revenir sur sa rentrée dans l'émission de France 5. Au cours de l'entretien, l'ex-journaliste de RMC s'est confié sur sa complicité avec les membres de l'équipe d'Anne-Elisabeth Lemoine et a répété sa confiance envers le numéro 2 de France Télévisions, Stéphane Sitbon-Gomez. Depuis le début du mois de septembre, Mohamed Bouhafsi a également signé son retour à la radio avec son émission dominicale sur RTL, "Focus Dimanche". C'est l'occasion également de revenir sur son passage dans "20h22" présenté par Anne-Sophie Lapix et "Elysée 2022" animé par Léa Salamé et Laurent Guimier, la saison dernière, sur France 2.

Propos recueillis par Florian Guadalupe.

puremedias.com : Quel bilan tirez-vous de cette rentrée dans "C à vous" ?
Mohamed Bouhafsi
: Il n'est pas loin d'être fantastique. C'est une émission qui entame sa 14e saison. Les résultats d'audience sont formidables. Je crois que c'est une rentrée historique. L'année dernière, c'était particulier parce que j'arrivais dans l'émission. Il fallait que je m'adapte et que j'apprenne à connaître les personnalités de cette émission. Ca a été finalement très rapide avec une rédaction exceptionnelle. Cette année, c'est historique. Les gens dans la rue, quand ils m'arrêtent, me disent : "Vous nous avez manqués ! Vous étiez partis pendant trop longtemps". Il y a un vrai lien qui s'est créé avec les téléspectateurs, un lien avec l'ambiance de cette émission, qui est très conviviale...

(Le téléphone de Mohamed Bouhafsi sonne. Le journaliste interrompt sa phrase)

Je suis désolé, c'est pour le reportage de ce soir !

(Il range son téléphone)

Je te prie de m'excuser... Quand on parlait de rentrée historique, c'est parce qu'il y a un attachement qui s'est créé avec les téléspectateurs et les invités. Nous avons accueilli Gilles Lellouche, François Cluzet... Nous avons eu l'actualité dramatique du décès de la reine Elizabeth II qui a été un moment fort. Cette rentrée est passionnante.

Craignez-vous une baisse de régime après la séquence présidentielle de la saison dernière ?
On nous dit toujours qu'après l'élection présidentielle, l'actualité va descendre. Mais en fait, l'actu existe toujours ! Il n'y a plus de période creuse. Puis, ça a été personnellement un plaisir de retrouver Anne-Elisabeth Lemoine, Pierre Lescure, Matthieu Belliard, Bertrand Chameroy... Ce sont des amis intimes désormais. Je n'ai pas honte de le dire. La télé, c'est une grande famille. Parfois, c'est faux et on fait face à une sorte de langue de bois. Moi, j'ai l'impression que je viens bosser en famille. C'est agréable de continuer sur la même ambiance que j'ai à la maison. Pour moi, ce n'est presque pas un travail. La journée, je mange avec mes collègues. Le soir, je dîne avec eux. La vie de cette rédaction m'avait manqué pendant les vacances. Ce n'est pas un mot en l'air quand je dis que c'est une famille.

"Avec la 'Story', il faut que les téléspectateurs apprennent des choses différentes" Mohamed Bouhafsi

Vous ne faites plus cette saison de "Story média" dans "C à vous". Pourquoi ?
Il y avait deux "Story". La "Story" tout court et la petite "Story média". Cette année, il y a toujours la "Story" à 19h25. L'année dernière, elle a eu quelques moments forts, comme le témoignage de la famille de Shaïna, cette fille qui a été violée et assassinée. Il y a eu aussi Emmanuel Macron en Ukraine.... C'était des "Story" très fortes. Ensuite, il y avait la "Story média" où je mettais en avant un contenu médiatique, une série, un film ou un épisode "média" des réseaux sociaux. Cette saison, nous avons décidé de changer le conducteur sur la deuxième partie avec "Les trois raisons pour lesquelles nous aimons un artiste" et "Les Infos Express". On s'est dit que cette "Story média" pouvait s'incorporer dans ces deux chroniques. Surtout, il y avait la volonté que la "Story" soit plus incarnée, plus longue et sur le terrain. Quand je suis en week-end ou que je vais sur le terrain, les gens me disent souvent la même chose : "On aime bien vous voir sur le terrain, quand vous racontez des histoires et quand vous expliquez une affaire". Aller sur le terrain nécessite de partir tôt le matin et de revenir pour l'émission. La "Story média", parfois, pouvait mettre en danger la première "Story". L'idée était de se concentrer sur celle-ci. Il y a déjà eu des moments très forts, comme ces mamans qui n'ont pas leurs enfants à l'école. Je pense aussi à Madeleine Riffaud avec son témoignage où elle a vécu l'enfer à l'hôpital, et à la petite Camille, qui a fait 180 kilomètres à vélo pour voir Kylian Mbappé.

Comment construisez-vous cette "Story" ?
J'ai la chance qu'elle soit souvent collée à l'actualité. En général, nous en parlons avec Anne-Elisabeth Lemoine la veille. On s'échange quelques textos. Le matin, on en parle à la conférence de rédaction et on peut partir directement quand on a une bonne idée. Il faut beaucoup de réactivité. L'idée est d'avoir le meilleur témoignage possible. Parfois, on peut même avoir une "Story" à 11h et on la change à 14h. Le soir, il faut que les téléspectateurs apprennent des choses différentes et entendent le sonore qu'ils n'ont pas eu ailleurs. Ce n'est pas simple parce qu'il y a plus de 200 émissions dans l'année. Une à trois fois par semaine, on se doit de créer la différence avec des histoires qui sortent de l'ordinaire.

"Je m'y attendais de la part d'Eric Zemmour" Mohamed Bouhafsi

Vous avez un ton très empathique. Êtes-vous à l'aise avec la polémique ?
Alors... L'année dernière, quand je suis allé faire la "Story" dans la rue Lannoy à Roubaix (Une polémique est née après la diffusion d'un "Zone interdite" sur M6 traitant de l'islamisme radical à Roubaix, ndlr) et qu'Eric Zemmour a dit qu'on avait tourné un "village Potemkine", je ne crois pas que ce soit moins ou plus polémique. L'empathie n'empêche pas de poser les bonnes questions. Je ne serai jamais celui qui va pointer du doigt de manière violente et poser les questions méchamment. Je pense qu'on peut poser des questions de manière cordiale et polie, tout en étant direct. Il y a certains reportages qui paraissent empathiques de manière naturelle. Mais quand on fait un sujet sur l'influence de la Turquie, je pense que c'est un sujet qui est proche de la polémique. J'ai eu beaucoup de messages sur les réseaux sociaux. Ce sujet a fait 125.000 vues sur Twitter avec de sacrés commentaires en dessous. L'idée de mes reportages est que l'on retienne les témoignages. C'est la chose la plus forte. Je prends une émotion particulière à donner la parole à ceux qui ne l'ont pas facilement. C'est extrêmement important pour moi.

Je ne veux pas faire du corporatisme à deux balles. Mais France Télévisions, c'est le point commun des gens. Quel est le point commun ? C'est le Tour de France, les émissions politiques, les jeux et les divertissements. Et c'est aussi permettre aux Français d'avoir la parole. L'émission politique a mis 200 personnes en studio et a fait des sondages en direct. Moi, quand je me balade en France, les gens me disent : "C'est cool. Nous avons l'impression d'exister dans vos 'Story' et qu'on a la parole". Ce qui m'importe et c'est la raison pour laquelle je me retrouve dans les valeurs de France Télévisions, c'est d'essayer de donner la parole à tous les Français.

Vous attendiez-vous à cet échange houleux la saison dernière dans "C à vous" avec Eric Zemmour au sujet de votre reportage sur Roubaix ?
C'était important pour moi d'aller à Roubaix et de donner la vision des gens qui habitent Roubaix. C'est facile pour nous d'habiter Paris et de dire : "C'est comme ça à Roubaix ! C'est comme ça à Bordeaux ! C'est comme ça à Limoges ! C'est comme ça à Saint-Etienne !". Je ne dis pas que passer une journée à Roubaix est une réponse exacte de la vie de Roubaix. En revanche, donner la parole à des gens qui y vivent, c'est essentiel. Au moins, on ne parle pas depuis nos petits studios parisiens. J'ai été formidablement bien accueilli à Roubaix. J'ai donné la parole à tout le monde. J'ai passé cinq à six heures intéressantes. Les gens ne niaient pas les problèmes de trafic et de délinquance. Mais ils expliquaient que Roubaix, c'était la France. C'est une ville avec des problèmes comme on peut en avoir ailleurs. Je m'y attendais un peu de la part d'Eric Zemmour. Je pense que c'est une technique de sa part, quand les choses ne vont pas dans son sens, de changer le cap. C'est une méthode politicienne. Ce qui m'a le plus satisfait, c'est de recevoir ensuite des messages des gens qui m'ont dit : "C'est super de l'avoir invité à venir à Roubaix avec nous. On l'attend. On lui montrera comment ça se passe et comment est la vie". Je lui ai dit sur le plateau et hors antenne que je pouvais aller avec lui à Roubaix. Je n'ai toujours pas eu de nouvelles.

Mohamed Bouhafsi en interview auprès de puremedias.com © Patrick FOUQUE-FTV

En fin de saison dernière, regrettez-vous l'incompréhension qu'il y a eue avec la rédaction de France 2 lors de l'interview d'Emmanuel Macron en Ukraine ?
Je m'en suis suffisamment expliqué. Il y a eu un quiproquo malheureux. Il faut rappeler que ce déplacement s'est fait dans le cadre de la confidentialité la plus totale. J'ai été mis au courant le dimanche à minuit pour un déplacement qui a eu lieu mercredi à 7h du matin. J'ai informé la direction de France Télévisions le lundi. Pour des raisons de confidentialité, tout n'a pas pu être aussi fluide que certains l'espéraient. En revanche, je suis assez fier que France Télévisions ait été représenté à ce déplacement. Je suis un salarié de France Télévisions. Je le revendique. Je suis fier d'être dans ce groupe. Je suis fier d'avoir ses valeurs. Ce qui m'a le plus touché, c'est que le quiproquo est né de vraies incompréhensions. "C à vous" est sur France Télévisions. L'interview d'Emmanuel Macron a été faite dans la nuit du jeudi au vendredi. Elle a été diffusée à 10h sur franceinfo:, à midi dans le "12/13" de France 3, à 15h sur tous les réseaux sociaux du groupe. Et je rajoute que j'ai fait deux plateaux pour franceinfo: depuis l'Ukraine. Je suis très fier d'avoir vécu ce moment historique, de l'avoir raconté avec ma vision et d'avoir fait deux très belles journées pour "C à vous". J'ai tout mis à disposition de France Télévisions. Techniquement, ça aurait pu être mieux géré. Peut-être qu'on aurait pu faire plus de direct. Je pense que j'ai été une victime collatérale de certaines incompréhensions avec l'Elysée. C'était dommageable. Moi, je porte les couleurs de France Télévisions. Être dans un groupe aussi pro-actif, aussi disruptif, aussi créateur de contenu, aussi fédérateur et aussi rassembleur, ça me fait plus plaisir qu'autre chose.

"Mon rêve, ce serait de mêler des témoignages de stars et d'anonymes" Mohamed Bouhafsi

Cette rentrée marque aussi votre retour à la radio, avec "Focus dimanche" sur RTL. Comment se sont passés vos débuts dans cette nouvelle émission ?
C'est magnifique et exceptionnel. Quand je reçois un appel de RTL, j'appelle tout de suite Pierre-Antoine Capton qui me dit : "C'est extrêmement valorisant". Et c'est vrai que je suis revenu à mes amours, la radio. J'ai été pendant dix ans à RMC. Dans cette émission, je suis le présentateur. Je la produis aussi. Depuis le début, on a des retours fantastiques. On a eu des casts impressionnants. C'est ma marque de fabrique, avec mes invités et mon réseau. Avoir François Hollande qui réagit en exclusivité sur la disparition de la reine, c'est un grand moment. J'ai eu Kad Merad, Gilles Lellouche... Ce dimanche, on a la première interview à la radio de Laurent Nunez, le nouveau préfet de police de Paris, qui a choisi "Focus dimanche"... Et aussi des témoignages ! On parlait d'empathie tout à l'heure. Moi, je la revendique, que ce soit à la télévision ou à la radio. Mon rêve, ce serait de mêler des témoignages de stars et d'anonymes. C'est pour ça que j'ai pu avoir comme idole, Jean-Luc Delarue, Thierry Ardisson et Laurent Ruquier, qui avaient cette capacité de réunir l'anonyme avec le VIP. Dans la première de "Focus dimanche", on a eu la maman de la plus jeune victime de l'attentat de Nice, Tony Estanguet, Renaud Lavillenie et Gilles Lellouche. C'était un plateau riche et dans lequel les gens se reconnaissent. Moi, je me régale. Ca me fait penser aux plus belles époques de "Tout le monde en parle" où les gens pouvaient échanger. Je veux créer des passerelles et des cross-over. Avec RTL, j'aimerais organiser des délocalisations. J'aimerais aller voir les Français en Eure-et-Loir, dans les Hauts-de-France. J'ai envie d'aller au contact comme dans mes "Story".

Aujourd'hui, la radio et la télévision doivent nous rassembler. France Télévisions rassemble les gens. RTL aussi. Il y a un lien entre les deux, même si ce n'est pas les mêmes groupes. C'est le vivre-ensemble et le lien social. Moi, j'en parle avec le coeur. Le vivre-ensemble, c'est la marque de France Télévisions : France 2, France 3, France 5, les antennes régionales, France 4, Okoo... Aujourd'hui, France Télévisions, c'est le groupe où tu peux regarder la télévision de 6h à minuit en famille. Tu peux tout avoir sur une plateforme. Et c'est la même chose sur RTL : de l'humour, du reportage et du vivre-ensemble. Recréons du lien ensemble ! C'est ce que m'ont dit Régis Ravanas (directeur de RTL, ndlr) et Jacques Esnous (directeur de l'information de RTL, ndlr) quand ils sont venus me chercher. Je les remercie. Ils m'ont dit : "Tu recrées du lien avec les gens quand tu les interviewes. Tu as carte blanche".

Cet exercice de la radio vous avait manqué ?
Bien sûr. La radio, c'est un lien direct avec les gens. La télévision, c'est autre chose. C'est une image. Une posture. Une manière de regarder la caméra qui va être différente quand tu veux apporter un ton différent. La radio, c'est le média de confiance. Il n'y a qu'une voix. On se fie à cette voix-là. On peut créer une rencontre. La radio... (il abaisse sa voix) T'es dans un ton différent. Tu poses tes questions différemment. Tu apportes une façon de faire différente, presque intimiste. Ca va te permettre plus de confiance. Fianso, quand je l'ai reçu sur RTL, les gens l'ont découvert différemment. Il parle de sa maman, de son papa, de ce que la culture des quartiers lui a apporté, etc. Je ne pense pas qu'on l'ait déjà entendu ailleurs.

"Je ferai des chroniques le matin sur RTL pendant la Coupe du monde de football" Mohamed Bouhafsi

Est-ce frustrant de ne plus traiter de football ?
Ca ne me manque pas du tout. Non. Mais ce qui me manque, c'est le stade, la ferveur et le lien avec les supporters. Être au stade avec les gens, c'est fabuleux. Il y a des gens en costume cravate qui s'énervent et s'insultent. C'est le seul endroit au monde où dans un virage il y a un ouvrier, une personne au chômage, un trader et un patron d'une PME. Et parfois maintenant une maman et des enfants. Ca, ça me manque. C'est exceptionnel. Après... J'ai passé 10 ans et demi formidables à RMC. J'ai appris plein de choses. Le football me manque, mais pas tout ce qui traîne autour. J'ai aussi fait ce choix parce que je ne me sentais plus en adéquation avec l'époque du foot. J'ai préféré partir. Et ce qui m'intéresse, c'était de me challenger. Tous les jours à "C à vous", je me challenge.

Mais pour la Coupe du monde de football dans quelques semaines, comptez-vous endosser de nouveau votre costume de journaliste sportif ?
Déjà, pour moi, je préfère dire un journaliste "de sports", plutôt qu'un journaliste "sportif". C'est important. RTL m'a demandé de le faire. J'ai dit oui pour avoir des petites chroniques le matin et donner mon avis sur l'équipe de France. Ce sera de manière ponctuelle. Bien évidemment que "C à vous" va traiter la Coupe du monde. L'année dernière, nous étions le seul talk show à avoir eu en plateau Didier Deschamps et un joueur de l'équipe de France, Olivier Giroud. Ca va durer un mois et demi. Ca va rassembler les Français. Il y aura des matchs diffusés avant nous. Il y aura de l'actualité autour des Bleus, qui sera - je l'espère - plus positive et plus heureuse que celle actuellement. Peut-être qu'on aura des scoops depuis là-bas. Anne-Elisabeth nous laisse une liberté avec nos infos et nos contenus. Oui, nous traiterons la Coupe du monde, à partir du moment où le sujet est grand public. Si l'équipe de France arrive en demi-finale parce que Didier Deschamps a eu un discours fédérateur et qu'on arrive à avoir les coulisses de cette prise de parole, on le fera.

"Si quelqu'un veut boycotter la Coupe du monde, qu'il éteigne la télévision chez lui et qu'il regarde une très bonne série sur France 2 ou France 3" Mohamed Bouhafsi

Irez-vous au Qatar ?
Ce n'est pas d'actualité. Mais si l'actu le mérite et si Pierre-Antoine Capton, Anne-Elisabeth Lemoine et Stéphane Sitbon-Gomez (numéro 2 de France Télévisions, ndlr) me disent de le faire, oui, j'irai.

Il y a quelques jours, vous avez reçu Roschdy Zem dans "C à vous" sur France 5. Il estimait qu'il ne fallait pas "prendre en otage le téléspectateur" lors de la Coupe du monde en lui demandant de boycotter l'événement. Êtes-vous d'accord avec lui ?
Je ne vais pas faire des amis, mais je suis entièrement d'accord avec Roschdy Zem. Je vais parler avec le coeur. Je trouve facile de dire aux gens de boycotter la Coupe du monde alors que, pendant quatre ans, ils attendent un événement qui leur fait du bien. Je pense à des amis, qui ont des journées de galère au taff et qui seront bien heureux de rentrer le soir pour voir un match de football. Toutes les critiques qu'on aurait pu avoir sur cette Coupe du monde, il aurait fallu les faire il y a douze ans, au moment de l'attribution de la compétition. Bien évidemment que tout n'est pas parfait, qu'il y a des enjeux démocratiques et des problèmes écologiques à régler. Qu'il faille s'intéresser aux droits humains, que la prise de conscience écologique doit être importante, que les communautés LGBT devraient être acceptées et surtout acceptées. Il faut s'occuper de tout ça et s'en occuper avec force. C'est un vrai sujet. Mais pourquoi ne pas en avoir parlé il y a douze ans ? On est aujourd'hui en train de prendre en otage des gens qui veulent voir des matchs de football. Le contexte est suffisamment douloureux partout dans le monde. La vie est difficile. On ne sait pas si on va avoir froid cet hiver. On ne sait pas si les prix ne vont pas fortement augmenter. Et c'est un moment de plaisir une Coupe du monde. Ca rassemble les familles ! Il y a un côté que je n'aime pas : il faut arrêter de culpabiliser les gens. Après, oui, peut-être, disons qu'il faut arrêter de consommer certaines marques qui sont sponsors de la Fifa. Il faut boycotter ces grandes institutions qui font de l'argent sur ces événements et qui ne savent pas le remettre dans des causes caritatives. Je suis bien placé pour le dire car j'ai une embrouille forte avec l'UEFA pendant l'Euro après mes propos concernant la communauté LGBT en Hongrie. Il était même question, selon certains, de me retirer mon accréditation. Là-bas, je l'ai vécu de manière douloureuse. Si quelqu'un veut boycotter la Coupe du monde, qu'il éteigne la télévision chez lui et qu'il regarde une très bonne série sur France 2 ou France 3. Mais qu'on n'aille pas dire aux gens : "Ce n'est pas bien si vous regardez la télévision !". Et ce qui me dérange encore plus, c'est que les gens qui le disent ne sont pas fans de foot et veulent avoir une position démagogique pour paraître plus intelligents. Et je n'ai pas entendu beaucoup de personnes quand la Coupe du monde était en Russie. La Russie avait pourtant déjà attaqué l'Ukraine et la Crimée. Pareil pour les JO de Pékin. J'ai entendu des associations, mais pas des grands intellectuels dire qu'il fallait boycotter. Et peut-être qu'en parler, c'est aussi faire évoluer la condition des personnes qui travaillent au Qatar.

"Après mon face-à-face avec Marine Le Pen, j'ai eu la fierté du devoir accompli" Mohamed Bouhafsi

Comment avez-vous vécu votre expérience en journalisme politique la saison dernière dans "20h22" avec Anne-Sophie Lapix et "Elysée 2022" avec Léa Salamé sur France 2 ?
Je voudrais surtout remercier Stéphane Sitbon-Gomez. On imagine le pari et le choix de faire venir un homme qui était dans le sport et dans le football. Je me suis retrouvé d'interviewer Lionel Messi - c'était un gros coup pour France Télé - à interviewer deux mois après Xavier Bertrand et un mois avant l'élection présidentielle, Marine Le Pen, qui se retrouve au second tour, dans "Elysée 2022". France Télévisions a vu que les Français étaient en quête d'avoir un ressenti global, notamment dans "Elysée 2022". Ne pas avoir les mêmes personnes au même endroit tout le temps. Me concernant, le pari était risqué. Certains m'ont dit que j'allais dans le mur. Je pense que le virage a été réussi. Et il l'a été grâce à la confiance de deux personnes : Pierre-Antoine Capton et Stéphane Sitbon-Gomez. Je leur suis éternellement reconnaissant.

Dans "Elysée 2022", présenté par Léa Salamé et Laurent Guimier, vous vous êtes retrouvé face à Marine Le Pen. Comment vous y êtes vous préparé ?
Quand Léa Salamé et Laurent Guimier t'appellent pour te dire : "Tu vas faire 'Elysée 2022' la semaine prochaine, choisis un thème pour interroger Marine Le Pen", j'ai été surpris : "Pardon ? Ok... L'école et le sport ? Ok ! Signé !". Je me retrouve alors à poser des questions à des gens de la London Economic School et du rapport Pisa. J'ai dû étudier le programme du Rassemblement national. Je terminais à 2h du matin pour être le meilleur. En revanche, quand je suis sorti de l'émission, j'étais tellement fier et ému. Et ça s'est bien passé. Même Marine Le Pen a dit : "Vous avez raison monsieur Bouhafsi, mon collègue a tort". Puis, j'ai eu la fierté du devoir accompli. Je me suis dit que j'avais fait le taff ! Puis, j'adore apprendre. J'adore lire et aller au cinéma. "C à vous" me comble ! "Focus dimanche" me comble ! Parfois, je me dis que je vis un rêve éveillé. Quand on aime la culture, la politique et l'actu et qu'on a la chance de croiser tous les soirs autant de personnes, on ne peut pas ressentir de frustration ou de manque.

"Les gens, quand ils nous croisent dans la rue, ils nous disent : 'Vous êtes les 2be3 !'" Mohamed Bouhafsi

Serez-vous dans la nouvelle émission politique, "L'événement", présentée par Caroline Roux sur France 2 ?
On n'en a pas parlé pour l'instant. Mais je suis un joueur de France Télévisions. Je me tiens à la disposition de Caroline Roux, de la rédaction, de Stéphane Sitbon-Gomez et de Delphine Ernotte. J'ai un profond respect pour Caroline Roux qui est une journaliste exceptionnelle. L'interview qu'elle a faite du président de la République le 14 juillet a été très bien gérée. Elle présente une émission qui cartonne chaque soir avec "C dans l'air" sur France 5. L'année dernière, Stéphane Sitbon-Gomez ne m'a jamais demandé d'être journaliste politique dans "20h22" ou "Elysée 2022". Stéphane Sitbon-Gomez m'a demandé de venir avec mes convictions, mes partis-pris, mes questions et même mes doutes. Il m'a dit : "Si tu as un doute et que tu n'es pas sûr de comprendre, dis-le ! Si tu ne comprends pas un truc, peut-être que les Français non plus". Il a été à l'écoute avec moi. Concernant "L'événement", si on fait appel à moi, j'irai avec plaisir, mais ce n'est pas une déclaration de candidature. L'année dernière, "20h22", c'était prévu. "Elysée 2022", ce n'était pas prévu. Laurent Guimier m'a appelé et j'y suis allé avec plaisir.

Vous êtes une figure montante de France Télévisions. Rêvez-vous de présenter un jour le "20 Heures" de France 2 ?
Je ne me pose pas ces questions-là. Je suis content du lien que je crée avec les Français et que j'ai sur les réseaux sociaux. Les gens me parlent de ce que je fais à France Télévisions. Avant, on me disait : "Il signe où Messi ? Il signe où Neymar ?". Aujourd'hui, on me dit : "C'est super, tu as ouvert le débat sur ce sujet-là. Tu devrais traiter de ça". Il y a un lien qui se crée depuis l'année dernière. Je me régale à "C à vous", avec la confiance de mes dirigeants à France Télévisions. C'est une chance ! Je suis quelqu'un d'affectif, j'ai toujours été en quête de pères spirituels. J'ai la chance d'avoir auprès de moi Pierre-Antoine Capton et Stéphane Sitbon-Gomez. C'est les seuls capables de me dire les points sur lesquels je peux encore travailler. Moi, je suis une personne qui ne vit pas au jour le jour, mais qui vit saison après saison. Aujourd'hui, je vis une aventure exceptionnelle avec "C à vous". J'ai créé de vrais liens avec Bertrand Chameroy et Matthieu Belliard. On mange tous les jours ensemble. Les gens, quand ils nous croisent dans la rue, ils nous disent : "Vous êtes les 2be3 !". (rires) Donc, je ne me pose pas cette question-là.

Vous ne répondez pas à la question. C'est un peu une réponse de footballeur...
En fait, je ne peux pas dire ce que j'ai envie de faire. J'ai 30 ans. J'ai la chance d'être jeune. Je ne sais pas ce que j'ai envie de faire dans deux ou trois ans. J'ai des rêves. J'ai même un grand rêve, que je vais garder pour moi. Si on m'avait dit il y a un an demi que je passe de Verratti à Marine Le Pen, je n'y aurais pas cru. Ce n'est pas que je réponds oui ou non à votre question. C'est surtout que je ne me pose pas la question. Il y a tellement de choses à faire à France Télévisions. En fait, la feuille est blanche. Il y a plein de choses à écrire... De toute façon, j'ai glissé à Stéphane Sitbon-Gomez ce que j'avais envie de faire dans quelques années. Je l'ai croisé au Festival de Cannes. Je lui ai dit mon rêve.

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