Le ton monte du côté de la direction d'Ubisoft. Ce matin, le patron et co-fondateur français du numéro 3 mondial des jeux vidéo, Yves Guillemot, accorde une interview aux Echos pour réagir à la montée récente de Vivendi au capital de son entreprise. Lors des deux dernières semaines, le groupe médias de Vincent Bolloré a ainsi pris une participation de 10,39% dans Ubisoft. Lundi soir dans un communiqué , Vivendi a annoncé qu'elle "envisage de poursuivre ses achats en fonction des conditions de marché". En clair, le raid sur Ubisoft ne fait peut-être que commencer.
Alors qu'il détient toujours près de 9% du capital avec ses frères, Yves Guillemot a décidé de monter au créneau ce matin pour mettre en garde ses actionnaires. "Vivendi pourrait limiter les marges de manoeuvre d'Ubisoft" avertit le co-fondateur de l'entreprise. Selon lui, une prise de contrôle de Vincent Bolloré mettrait en péril "l'indépendance" d'Ubisoft. "L'indépendance est à la base de notre modèle de développement pour rester créatif et leader. Elle nous a permis de générer une croissance forte, et de créer des marques mondiales comme Far Cry, Watch Dogs ou Assassin's Creed", fait valoir Yves Guillemot qui dénonce aussi un possible "conflit d'intérêts" si la prise de contrôle se concrétisait. Vivendi détient en effet 6% du capital du concurrent d'Ubisoft, Activision Blizzard.
Pour éviter de passer sous le contrôle de l'homme d'affaires breton, le patron tout aussi breton d'Ubisoft dit "étudier toutes les options possibles, y compris auprès de nouveaux partenaires", ajoutant regarder en direction d'"acteurs qui créent des plates-formes et qui ont besoin de contenus".
Dans cet entretien, Yves Guillemot critique surtout la méthode Bolloré pour mener cette opération. "Nous avons le sentiment d'avoir vécu une agression", confie-t-il. Et de raconter : "J'ai reçu un appel de Vincent Bolloré deux heures avant l'annonce de son entrée dans le capital d'Ubisoft. Il ne m'en a même pas parlé ! Cela a duré cinq minutes, il m'a juste conseillé de rencontrer Arnaud de Puyfontaine (président du directoire de Vivendi, ndlr) pour parler des synergies possibles avec Ubisoft. J'ai dit 'pourquoi pas', je ne refuse jamais le dialogue, et nous avions convenu d'échanger le soir même. Entre-temps, nous avons reçu un mail de Vivendi nous indiquant qu'ils étaient montés à 6% dans notre capital". De quoi confirmer s'il en était encore besoin, la réputation de "corsaire des affaires " du milliardaire.