Dans ce deuxième des quatre volets de notre entretien avec Nagui, nous revenons sur l'émission "Taratata", programmée chaque vendredi en troisième partie de soirée sur France 2. Créé en 1993 sur France 2, le programme a été supprimé en 2000 avant de revenir cinq ans plus tard. Depuis la rentrée, "Taratata" réunit en moyenne 220.000 noctambules chaque semaine selon Médiamétrie.
Propos recueillis par Julien Bellver et Julien Lalande
@puremedias : Sur votre autre production, "Taratata", avez-vous également consenti une forte baisse ?
Nagui : Au mois de juillet 2012, France 2 m'a annoncé que le budget serait en baisse de 1 million d'euros cette année, c'est-à-dire -35% par rapport à la saison précédente. J'ai pris la décision de ne pas toucher à l'offre : 33 numéros de "Taratata" de 90 minutes. Il était important de dire aux téléspectateurs que l'émission restait programmée chaque vendredi vers minuit. Au final, "Taratata" coûte 90.000€ et elle est vendue 60.000 € à France 2 par numéro.
NDLR : À titre d'information, une deuxième partie de soirée (programme de flux) sur France 2 coûte 160.000 à 200.000 euros par numéro dorénavant, selon nos informations.
Vous perdez de l'argent sur "Taratata" ?!
Non, parce qu'il y a un plan de financement où Air France, Europe 1 et TV5 Monde participent au tour de table. Mais pour que l'émission continue à exister, il a fallu qu'on passe à trois "Taratata" tournés en un seul jour, tout en gérant toutes sortes de contraintes, comme mettre en musique les plannings des équipes techniques (sachant que je travaille avec les mêmes depuis 20 ans), des chanteurs, des musiciens. Les journées de tournage sont extrêmement denses ! En une journée, il y a une vingtaine de chansons à mixer. Les mecs ne déboulent pas sur le plateau, ne chantent pas un play back et ne repartent pas juste après. Il y a un énorme taf derrière cette émission, je fais tout pour que la qualité ne soit pas impactée par ce rythme imposé par les contraintes budgétaires.
Pourquoi avoir consenti cette importante baisse de budget si les contraintes sont devenues si fortes ?
Il y a des limites bien sûr. Mais il faudrait être aveugle pour ne pas voir qu'il y a une crise budgétaire à France Télévisions. Et je sais très bien que France 2 pourrait décider de mettre des clips à la place de "Taratata". Je ne m'abrite pas derrière la mission de service public que nous remplissons, me semble-t-il. Pour que l'émission existe, parce que c'est mon bébé, j'accepte de me battre pour que "Taratata" reste à l'antenne. Je regrette sincèrement que "Taratata" démarre parfois au-delà de 00h45 en étant annoncée dans les bandes annonces à 00h15 (depuis la rentrée, l'émission a démarré entre 00h25 et 00h49, avec une moyenne à 00h34, NDLR). C'est pour ça aussi que nous avons fait cette chaîne YouTube en association avec l'unité de Bruno Patino à France Télévisions : les internautes peuvent retrouver à la demande et gratuitement toutes les séquences de l'émission sur le net. La semaine dernière, on a franchi la barre des 10 millions de vidéos vues alors que la chaîne "Taratata on air" a été lancée seulement fin novembre.
Cette chaîne YouTube permet-elle de combler en partie le budget en baisse de "Taratata" sur France 2 ? On parle de 800.000 euros par an pour ces chaînes...
Pas du tout. C'est un budget de dépenses, pas de revenus. Tous les jours nous mettons en ligne un programme frais pour que la chaîne ne soit pas simplement composée de rediffusions. Comme, dernièrement, un petit cours de guitare par -M-.
P1. Le nouvel access de France 2 : "J'avais très envie d'arriver avec un nouveau jeu en janvier"
P4. Ses autres activités : "J'ai très envie de revenir à la radio"