Un deuxième prime "Taratata" cette saison. Demain soir, Nagui proposera sur France 2 une soirée spéciale de son émission musicale, dont les recettes des ventes de places ont été reversées au Téléthon, après une 32e édition aux résultats en baisse. Pour l'occasion, c'est une version différente du programme qui est diffusée puisque Nagui est accompagné de cinq anciens parrains : Garou, Marc Lavoine, Zazie, Pascal Obispo et Patrick Bruel. L'animateur est l'invité spécial de puremedias.com tout au long de la journée et évoque dans cette première partie d'interview cette nouvelle soirée "Taratata".
Propos recueillis par Kevin Boucher et Benjamin Meffre.
puremedias.com : Vous proposez samedi un "Taratata" spécial Téléthon...
Nagui : Non, c'est un "Taratata" spécial, dont les recettes du public vont au Téléthon. Pour faire depuis plusieurs années le Téléthon, cela n'a rien à voir avec le Téléthon. Nous n'avons pas de reportages, pas de testimonial, pas de chercheurs, pas d'interviews, pas de plateaux consacrés au Téléthon... Simplement, de la même manière que l'on peut imaginer que l'on fabrique des peluches et des écharpes et que la vente serve au Téléthon, là on fabrique un concert et une émission de télévision, dont les bénéfices - plus de 100.000 euros - vont au Téléthon. Et c'est l'occasion de dire que l'on peut donner jusqu'à fin février. Sincèrement, les messages sur le Téléthon sur 2h30 d'émission ne sont pas plus longs que cela.
"L'émission coûte à peu près 20% de plus que ce que la chaîne me donne"
Vous dites pendant l'émission que l'idée de cette soirée vient de Marc Lavoine.
Non, ce n'est pas une idée de Marc Lavoine mais un coup de téléphone de Marc Lavoine à 4h du matin, disant "Il faut faire quelque chose, on ne peut pas s'arrêter comme cela". Et je lui ai répondu : "On va faire un truc : je vais me coucher, Marc. Il est 4' du ! On va s'appeler demain !". Avec beaucoup d'amour, Marc m'a proposé 2-3 idées qui ne sont pas vraiment présentes dans l'émission (Rires). Moi, cela m'a pris une bonne semaine pour construire cela et gérer les textos de Marc, disant "Et alors ?". Mais l'idée ne venait pas : je ne voulais pas refaire le "Taratata" au Zénith d'octobre ni un "N'oubliez pas les paroles" ou un "concert du Téléthon". J'avais la possibilité d'avoir un prime en février, avec différents formats, et ce qui m'a paru simple, c'est de réunir les parrains chanteurs récents du Téléthon et disponibles et de trouver une manière de vivre qui ne ressemble à rien - ce qui est une catastrophe à l'école mais qui devient original à la télévision. Donc les 5 artistes restent tout au long de l'émission, peuvent chanter ensemble, à deux ou seuls, improviser, tomber sur des surprises... Et je vous donne ma parole d'homme, ils ne le savaient pas, ni eux, ni leur entourage !
En parlant de surprise, l'une est de taille : le retour de K. Maro, pour un duo avec Marc Lavoine sur "Femme Like U" !
Ca, j'avoue que même moi j'étais surpris ! C'est Marc qui m'a dit "J'ai envie de faire 'Femme Like U', je sais comment joindre K. Maro, je vais l'appeler". Pardon d'avance mais je ne connaissais pas ce Monsieur, la chanson nous amuse sur "N'oubliez pas les paroles" parce qu'elle revient régulièrement mais avoir Marc Lavoine sur un titre r'n'b m'amusait.
Pour Air Productions, le programme est-il vendu à perte à France 2 ?
Oui. L'émission coûte à peu près 20% de plus que ce que la chaîne me donne. Mais je ne cache pas le nombre de productions que j'ai à côté, le fait que nous fassions partie d'un groupe, Banijay, qui est confortable avec cela, qui accepte intelligemment que des émissions soient à pertes et que d'autres soient bénéficiaires... Mais il n'y a aucun "Taratata" où nous faisons le moindre centime d'euro de marge. Nous ne sommes pas payés sur "Taratata" ! Mais on le sait, Gérard Pullicino, Jean-Philippe Bourdon et moi. Nous faisons cela parce que nous aimons cela. Mais ce ne serait pas viable si nous n'avions que cela.
"J'ai brûlé un cierge pour ne pas être face à 'The Voice'"
N'est-ce pas un peu dommage que France 3, face à ce prime, programme le lancement de la nouvelle saison de "Cassandre", une série très suivie ?
Je n'ai pas la main, ni France 2, ni même la personne chargée de l'harmonisation des chaînes. C'est une série avec plusieurs épisodes. Ils doivent tenir compte de la finale de tel ou tel compétition de football... Très honnêtement, sans aucune langue de bois, j'ai brûlé un cierge jusqu'aux annonces de la concurrence pour ne pas que ce soit le lancement de "The Voice". Là, cela aurait été une catastrophe, cela aurait fait ton sur ton, de la musique face à de la musique, avec un noyau de public semblable... Je suis ravi de la concurrence du coup. (Sourire)
Peut-on imaginer ce "Taratata" revenir année après année ?
J'espère qu'il n'y aura surtout plus jamais de déficit pour le Téléthon. La situation sociale, politique et économique était quand même très particulière cette année, jusqu'au déménagement en dernière minute du plateau. Pour répondre à votre question, Pascal Obispo dit dans l'émission de samedi que nous tenons un concept et tous m'ont dit qu'ils ne se sont jamais autant amusés et me l'ont répété hors antenne. Qu'on aime ou pas ces cinq artistes, on ne peut pas leur retirer leur popularité, leur notoriété, leur carrière, leur empathie et leur générosité. Mais je pense comprendre dans leurs propos, le fait qu'ils soient heureux d'être là, qu'il n'y ait pas beaucoup d'émission d'accueil où un chanteur peut venir faire son métier sans forcément être contraint d'être juré de télé-crochet, de faire un numéro de cirque, de faire un tour de passe-passe, de répondre à des questions politiques ou gênantes ou de faire un jeu comme "N'oubliez pas les paroles". Mais lorsqu'il me dit que nous avons un concept, le concept il est dimanche matin, à 9h02, avec les audiences ! Là, nous saurons si l'histoire que nous avons racontée était plaisante, lisible et si le public a adhéré. Mais ce qui est sûr c'est que ce format est adaptable avec d'autres artistes et d'autres associations.
"A 100.000 euros, 'Taratata' est une deuxième partie de soirée mensuelle moins chère que n'importe quelle deuxième partie de soirée hebdomadaire"
Ne trouvez-vous pas que le Téléthon devrait moderniser son format TV ?
Je ne suis pas producteur du Téléthon. Franchement, quand je vais aux réunions, quand je fais les répétitions et quand je fais l'émission, je propose des choses mais en tant qu'animateur. On m'envoie bouler mais il n'y a aucun égo. Je me tais, je fais, je suis debout, je tiens l'antenne longtemps et je ne me plains pas parce que je vois les familles, les malades... La leçon d'humilité arrive très, très, très vite. Mais après le Téléthon, c'est quand même la quadrature du cercle ! Il faut savoir où régler le curseur entre reportages, témoignages, malades, chercheurs, people, ventes aux enchères, demandes de dons... Ce n'est pas simple. Et je pense qu'il y a quelque chose d'épidermique désormais, une espèce de pudeur où l'on donne au Téléthon en disant "J'ai donné, ne me forcez pas à regarder". Je n'arrête pas de le dire mais lorsque l'on croise quelqu'un en fauteuil, il faut regarder le fauteuil puis la personne et lui sourire parce que ce fauteuil n'est pas son ennemi ni une honte. Il la sauve ce fauteuil, c'est son ami !
Cette soirée est estampillée "Taratata", qu'on retrouve chaque mois en deuxième partie de soirée sur France 2. Cette version mensuelle est-elle en danger au moment où France Télévisions doit faire des économies ?
Non. Mais à 100.000 euros, c'est une deuxième partie de soirée mensuelle qui est moins chère que n'importe quelle deuxième partie de soirée hebdomadaire ! L'émission est là tant que mon contrat est là et il court jusqu'en 2020.