Les grandes manoeuvres de communication continuent au sein du PAF. Après l'annonce hier du refus du CSA de faire passer LCI, Paris Première et Planète+ sur la TNT gratuite, les grands patrons des groupes audiovisuels concernés prennent à tour de rôle la parole pour faire part de leur réaction. Après la gravité bien comprise de Nonce Paolini hier sur son plateau du 20 Heures, place ce matin à la combativité démonstrative de Nicolas de Tavernost sur RTL, filiale du groupe Bertelsmann, également propriétaire du groupe M6.
Nicolas de Tavernost a ainsi qualifié d'emblée la décision d'hier du CSA de "malvenue", soulignant une nouvelle fois la spécificité de l'offre de Paris Première avec ses nombreux programmes culturels. "C'est un appauvrissement du paysage français et nous entendons nous battre contre cette décision que nous jugeons inéquitable" a ainsi annoncé le PDG du groupe M6. Et ce dernier de cibler l'un des arguments du CSA pour justifier le refus du passage en clair de Paris Première : "Dans la décision du CSA, on dit qu'on va faire un peu d'ombre à une chaîne qui s'appelle D8 qui a proposé de faire une chaîne haut de gamme au moment où elle s'est présentée au CSA et qui lundi, en face d'un film de Boisset sur Paris Première, proposait un film très intéressant, 'Mon curé chez les nudistes', suivi, si on n'avait pas compris le premier épisode, de 'Mon curé chez les Thailandaises'" a raillé Nicolas de Tavernost.
Et ce dernier de préciser : "Je n'ai rien contre 'Mon curé chez les nudistes'. Je dis simplement qu'on ne peut pas interdire Paris Première pour protéger ce genre de choses". Précisons que dans sa décision, le CSA a évoqué l'impact que pourrait avoir Paris Première sur Arte, D8, Numero 23 et NRJ 12. Il a cependant surtout retenu dans ses conclusions que "l'arrivée de Paris Première (...) menacerait particulièrement la viabilité économique et financière" de Numéro 23 et pourrait avoir une "incidence sur la situation économique" de D8.
Le PDG de M6 a ensuite confirmé ce que Jérôme Bureau, le patron de Paris Première, avait affirmé dès hier à puremedias.com en annonçant que son groupe M6 allait se battre pour la survie de sa chaîne. "On va vendre chèrement notre peau" a-t-il indiqué, précisant qu'il allait de nouveau discuter avec les distributeurs (CanalSat, les FAI) de la redevance versée à Paris Première après le 31 décembre. Ciblant particulièrement Canal+ dans cette négociation, Nicolas de Tavernost a ensuite précisé que si cette dernière échouait, son groupe déposerait alors un recours contre la décision du CSA.
Cette dernière est en effet selon lui "très mal motivée". "Ils ne peuvent pas défendre des chaînes nouvelles dont ils soulignent eux-mêmes qu'elles n'ont pas respecté leur cahier des charges en 2013. On ne peut pas rayer d'un trait de plume une chaîne qui a 28 ans avec des arguments économiques très solides pour montrer que son développement est menacé, au nom de la défense de chaînes qui vont soit se vendre, soit ne respectent pas leur cahier des charges" a taclé Nicolas de Tavernost.
Et d'ajouter : "Sur D8, le CSA a dit que Paris Première menaçait de 0,08% de part d'audience D8 (entre 0,08 et 0,11 point de perte de part d'audience selon le CSA, ndlr). Je ne sais pas si c'est très vrai et en tout état de cause, même si c'est vrai, je ne vois pas en quoi on menace l'activité de D8" a expliqué le PDG de M6, précisant qu'à ses yeux, Paris Première ne constituait une menace pour aucune des chaînes citées par le CSA dans sa décison.