Deux heures seulement après sa publication, le patron de Paris Première, Jérôme Bureau, a accepté de commenter pour puremedias.com la décision du CSA de ne pas autoriser sa chaîne à passer sur la TNT gratuite, tout comme LCI et Canal+. Regrettant cette décision, Jérôme Bureau affirme malgré tout vouloir continuer à se battre pour assurer la "survie" de Paris Première. Il compte maintenant se tourner vers les distributeurs de la TNT payante au premier rang desquels le groupe Canal+ via CanalSat, pour qu'ils assurent de meilleures conditions financières à Paris Première. Dans son communiqué, le CSA a annoncé à ce sujet qu'il serait "attentif aux conditions techniques et financières de distribution qui seront proposées" aux chaînes auxquelles il vient de refuser le passage sur la TNT gratuite.
Propos recueillis par Benjamin Meffre
Comment réagissez-vous à la décision du CSA de ne pas autoriser le passage de Paris Première sur la TNT gratuite ?
Jérôme Bureau : On prend acte de cette décision. On est à la fois déçu et pas du tout convaincu par les arguments employés par le CSA spécifiquement en ce qui concerne notre chaîne avec ce paragraphe dans le communiqué du CSA qui évoque notre offre. Cette dernière ne serait pas suffisamment différente pour que le bénéfice du téléspectateur soit retenu. Il nous semble en l'occurence que c'est la seule chose qu'on ait oubliée : l'intérêt qu'il pourrait y avoir pour le téléspectateur à avoir des chaînes en plus, des chaînes historiques comme Paris Première qui ont montré leur savoir-faire, leur différence, leur intérêt. Il est question de beaucoup de choses dans la décision du CSA sauf de ça. Or, c'est ça qui fait la valeur de Paris Première et qui fait qu'on espère que cette chaîne a quand même un avenir.
Le paragraphe de justifications du CSA concernant Paris Première est plus vague que ceux concernant LCI et Planète+ selon vous ?
Oui, le CSA évoque des analogies de formats, de publics. Alors, il est vrai qu'on s'adresse tous aux téléspectateurs qui reçoivent la télévision. Donc forcément... En l'occurence, je ne vois pas en quoi on peut trouver des analogies entre Paris Première, NRJ 12, Chérie 25 ou Numéro 23.
Si vous prenez acte de la décision du CSA, vous indiquez quand même dans un communiqué que vous vous interrogez sur d'éventuels recours. Quels sont-ils ?
Il est trop tôt pour en parler. On va se poser tranquillement la question. On va surtout tout faire pour que la chaîne vive quand même. Le CSA indique lui-même qu'il sera attentif aux conditions financières de distribution qui nous seront faites. Donc on le remercie de son soutien et on va essayer de tout faire pour que Paris Première continue et ait les moyens d'assurer cette offre qui ne ressemble pas à celles des autres chaînes.
Pensez-vous avoir pâti mécaniquement du refus du CSA concernant la candidature de LCI ?
Oui, dans le sens où on était la candidature la plus évidente et qui posait le moins de problèmes, techniques ou de position dominante. Il semble que cette question de la protection des deux autres chaînes d'info existantes ait entraîné dans sa foulée le refus de toutes les demandes et au premier chef, de celle de Paris Première. L'essentiel de la campagne contre cet article de loi (l'amendement LCI, ndlr) s'est concentrée sur LCI et on a sans doute pâti du fait qu'il était difficile de dire oui à l'une si on disait non à l'autre. Oui, ça c'est certain. Même si le communiqué du CSA développe des raisons spécifiques pour chacun, on voit bien que les nôtres sont un peu vagues quand même.
Paris Première ne va pas forcément fermer ses portes ?
On a le ferme espoir qu'elle continue à vivre. Maintenant, il faut que les distributeurs de la télévision payante nous donnent les moyens de vivre. Et quid de la TNT payante ? Si LCI s'arrête et qu'Eurosport disparaît, qu'est-ce qui se passera en janvier 2015 ? Mais si j'en crois le communiqué du CSA, il sera attentif aux conditions qui vont nous êtres faites. Donc on va se battre pour continuer à exister.
Lors de son audition devant le CSA, Nicolas de Tavernost avait pourtant laissé entendre que la chaîne fermerait si elle ne passait pas en gratuit ?
Non, il n'a pas dit ça. Il a dit qu'en restant sur la TNT payante, les conditions de la survie de Paris Première deviendraient très compliquées et que la question de sa survie se poserait. Et elle se pose ! Mais je ne vais pas vous dire qu'on va hisser le drapeau blanc et s'arrêter. On va se battre pour qu'elle vive.
Se battre, c'est donc obtenir de meilleures conditions financières de la part des distributeurs ?
Oui. J'ai entendu le groupe Canal+ expliquer devant le CSA qu'il allait faire une campagne de relance de la TNT payante. On verra ce qu'il en est. C'est un opérateur important et c'est à lui de faire les efforts nécessaires désormais.