2016-2025 : le sort de BFM Paris Île-de-France semble scellé. Selon une information de "La lettre" publiée ce mardi 10 décembre 2024 et que Puremédias est en mesure de confirmer, la chaîne locale francilienne cessera d'émettre à l'horizon du premier semestre 2025. La décision a été officialisée en comité social et économique (CSE) dans la matinée par Nicolas de Tavernost, vice-président de la branche média de CMA CGM, et Jean-Philippe Baille, directeur général délégué à l'information de BFMTV et RMC. La direction a fait savoir à l'AFP qu'elle procéderait au reclassement des 27 journalistes de la chaîne locale actuellement en CDI.
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Cette décision serait motivée par le déficit généré par cette antenne en particulier. Si les 9 autres chaînes locales du groupe "cumulent entre 4 et 6 millions d'euros de pertes", selon "La lettre", BFM Paris Île-de-France "a perdu (à elle seule) deux à trois millions d'euros par an depuis son lancement par Patrick Drahi et Alain Weill" en 2016. Pour Rodolphe Saadé, nouvel actionnaire de RMC BFM, la fermeture de la chaîne était inéluctable.
Il l'avait réaffirmé, avait encore révélé "La lettre" en novembre, à ses lieutenants – Jean-Philippe Baille en tête – au cours d'un dîner à Marseille. Et l'évaluation de la limitation des pertes de la chaîne locale à 1,9 million d'euros pour 2025 (chiffre non-confirmé par la direction) ne l'aurait pas fait revenir sur sa décision. "C'est une chaîne qui perd de l'argent", qui "n'a pas trouvé son équilibre financier". "On est obligés d'en tirer les conséquences", a ajouté la direction à l'AFP. Ce coup fatal, porté à BFM Paris Île-de-France, aurait convaincu Philippe Antoine, directeur général des antennes locales estampillées BFM Régions, de quitter le groupe le mardi 3 décembre 2024.
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Dès lors que la CGT RMC BFM – CMA Media a découvert dans la presse l'intention de Rodolphe Saadé de fermer BFM Paris Île-de-France, le sang du syndicat n'a fait qu'un tour. "Lors de votre venue, nous avons tendu la main pour instaurer un dialogue social apaisé et constructif", rembobinait-il le 27 novembre dernier. "C'est avec stupéfaction que nous apprenons votre projet de fermeture de BFM Paris. Pourquoi choisir la voie de la confrontation ?".
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) avait alors dit partager la "consternation" de ses homologues de la CGT : "La station BFM Paris Île-de-France serait menacée. Après avoir subi trois réorganisations en quatre ans, les salariés l'ont appris avec accablement ce matin dans la presse...", déploraient sur la forme comme sur le fond les deux organisations dans un communiqué commun intitulé "BFM Paris va-t-elle fermer ? La direction doit répondre". Le SNJ et la CGT de prendre au mot Rodolphe Saadé : "Alors (qu'il) martelait à plusieurs reprises vouloir garder tous les salariés, cette clause de cession (ouverte du 1er octobre 2024 au 31 mai 2025, ndlr) semble aujourd’hui se déguiser en plan social pour BFM Paris. Elle nous interroge sur les ambitions du groupe pour les antennes locales", concluaient avec inquiétude les syndicats.
La chaîne d'informations locales lancée en 2016 compte "27 CDI journalistes et 5 personnes travaillant à la régie publicitaire. Notre objectif est de favoriser la mobilité interne" vers les autres chaînes du groupe, de "profiter de la clause de cession" actuellement en cours "pour reclasser un maximum de journalistes", a indiqué une source à l'AFP.
Dans un communiqué interne, que Puremédias a pu consulter, la direction, qui a défini les orientations stratégiques pour la période 2025-2027, affirme que "la place de l’information locale au sein du groupe, gage de proximité avec le public, est en cours de redéfinition, avec des études de redéploiement, notamment l’arrêt de la fréquence BFM Paris", confirme-t-elle. Le calendrier envisagé est une fermeture "au cours du prochain semestre", après "consultation, dans les règles, des syndicats" en CSE extraordinaire, "si possible d'ici fin 2024 ou début 2025".
Outre BFM Paris Île-de-France, indique "La lettre", trois autres antennes pourraient voir leur voilure réduite : BFM DICI (Alpes-de-Haute-Provence), BFM Grand Littoral (Côte d'Opale et Flandre maritime) et BFM Toulon Var. Mais il ne serait pas question d'autres fermetures : interrogée par l'AFP sur l'avenir des autres chaînes régionales de BFM, la direction a assuré : "pour l'instant, on ne va pas plus loin". "Notre ambition reste la même, être un gage de proximité".