L'heure était à la gravité ce soir du côté de TF1. Après l'annonce du CSA aujourd'hui de ne pas autoriser le passage de LCI sur la TNT gratuite, le patron du groupe, Nonce Paolini, s'est invité dans son propre journal de 20 Heures pour commenter cette décision. Après la diffusion d'un premier reportage revenant sur l'annonce du CSA de cet après-midi puis d'un deuxième à la gloire de la chaîne info lancée en 1994, le PDG du groupe TF1 a répondu aux questions de Julien Arnaud qui a ouvert son JT sur cette information.
"Je voudrais témoigner de mon émotion et aussi de mon incompréhension" a commenté d'emblée, l'air grave, Nonce Paolini. "L'émotion, parce que j'ai participé il y a 20 ans au lancement de LCI. Cette équipe a fait pendant 20 ans un travail tout à fait exceptionnel. LCI est une chaîne de référence reconnue par tous avec des professionnels aguerris qui ont donné une information honnête et responsable pendant toutes ces années". Rappelant ensuite qu'"il n'y avait plus de modèle économique sur le payant" pour sa chaîne d'information, il a adressé un mot aux salariés de LCI. "Moi, je pense d'abord aux collaborateurs. Ce sont des gens que j'aime, que j'ai recrutés pour un certain nombre d'entre eux et que je suis vraiment avec beaucoup de passion" a-t-il expliqué.
Nonce Paolini a ensuite fait part de son "incompréhension" face à cette décision du CSA. "Pourquoi et au nom de quoi va-t-on empêcher les téléspectateurs français de pouvoir disposer d'une nouvelle chaîne d'information gratuite ?" a-t-il interrogé. "Si c'est au nom du pluralisme, c'est incompréhensible ! Le pluralisme suppose d'avoir de multiples canaux d'information et de communication. Au nom de la liberté ? Mais la liberté d'entreprendre dans ce pays, je crois qu'elle existe !" a-t-il lancé. Concernant l'argumentation du CSA qui évoquait des risques de "déséquilibres" économiques, Nonce Paolini l'a balayée d'un revers de main : "Le CSA a sa théorie et sa position". Et de déplorer : "C'est à la fois pour les équipes et pour les téléspectateurs une très, très mauvaise décision".
Interrogé ensuite sur la fermeture annoncée de la chaîne d'information, Nonce Paolini a d'abord refusé de répondre précisément sur cette question. "A partir du moment où une entreprise n'a plus de modèle économique, la question de sa survie est posée" a commenté le PDG du groupe TF1. Expliquant que les collaborateurs de LCI honoreront leur contrat vis-à-vis du public et des distributeurs jusqu'au 31 décembre 2014, il a ensuite prédit un avenir très sombre après cette date. "Pour après, on va échanger avec les partenaires sociaux. On va évidemment être amené à prendre des décisions jusqu'y compris trouver les solutions les moins dramatiques sur le plan social" a-t-il expliqué. Avant d'être un peu plus clair : "Aujourd'hui, on est tous sous le choc d'une décision qui met, je crois, définitivement en péril l'avenir de LCI".
Concernant les recours possibles contre cette décision, Nonce Paolini s'est montré pessimiste. "Il y a toujours des recours possibles. Simplement, le temps des recours n'est pas celui qui nous presse aujourd'hui. Nous avons encore quelques mois pendant lesquels LCI va être rémunérée par des distributeurs. Au 1er janvier, il n'y a plus de recettes pour LCI. 247 personnes sont concernées par cette absence de recettes et les recours prendront évidemment beaucoup de temps : 12, 18 mois. Peut-on attendre ? La réponse est non" a lâché le PDG.
"Je vais essayer avec les équipes de trouver des solutions qui permettent d'éviter au maximum ce qu'on appelle la casse sociale mais ça va être évidemment très difficile" a averti cet ancien DRH venu de Bouygues. A Julien Arnaud qui lui demandait si le signal de LCI serait finalement bien coupé le 31 décembre à minuit, Nonce Paolini a répondu : "Comment faire autrement ?". Et ce dernier, de conclure : "C'est un jour extraordinairement triste et pour le pluralisme, et pour les téléspectateurs, et pour nous tous".