Samedi soir, TF1 diffuse le premier des prime times en direct de la deuxième saison de "The Voice". Pour l'occasion Nikos Aliagas est toute la journée l'invité exceptionnel de puremedias.com. Dans cette première partie de notre entretien, le grec le plus célèbre du PAF revient sur l'incontestable succès du talent show de TF1 et confirme, sans surprise, le lancement d'une troisième saison.
Propos recueillis par Benoît Daragon et Charles Decant.
puremedias.com : Demain, c'est le premier prime en direct de "The Voice" saison 2. Dans quel état d'esprit êtes-vous ?
Nikos Aliagas : J'ai fait pas mal de prime times dans ma vie et pourtant je n'arrive jamais tranquille. Au fond, je suis un technicien et le gros du travail ne se voit pas à l'antenne. Je suis impliqué, je n'arrive pas au dernier moment. Je passe beaucoup de temps en coulisses. Les deux derniers jours, je me concentre beaucoup : au moment où ça commence, il faut être là.
C'est totalement rodé "The Voice" ou il y a un espace de liberté ?
C'est rodé car c'est une grosse machine. Ma préoccupation première, c'est de gagner du temps. Il y aura 20 candidats demain donc 20 chansons, ca va être dense et mon but est que ca ne finisse pas trop tard. L'autre challenge, c'est de réussir à conserver, en direct et sans montage, l'écriture très rythmée des phases des auditions de "The Voice". En y ajoutant de la fragilité et quelques vannes. Tout ça sans surjouer parce que les téléspectateurs sentent quand tu n'es pas honnête. Il ne faut pas jouer l'émotion mais la provoquer.
Pourquoi avoir gardé 40 candidats à l'issue des battles ? Ca va être un peu l'abattoir...
Enfin, ce n'est pas l'abattoir. On voulait muscler un peu les battles en ajoutant des ficelles et une dramaturgie différente, du coup on se retrouve avec plein de monde. Dans chaque équipe, il y en a deux qui seront sauvés : un par le coach et un autre par le public. Samedi, il en restera 8 à la fin. Même chose la semaine suivante avec l'autre groupe de 20. Mais ça prouve qu'il y a plein de talents. Tout ceux qui ont douté lors de la saison 1 savent que ce n'est pas un talent show traditionnel. Les candidats peuvent être eux-mêmes. La promesse est tenue puisqu'on leur donne leur chance pour leur voix et pas pour leur physique. Lors des auditions, il y avait beaucoup de monde. Et des bons.
Y aura-t-il d'autres nouveautés cette saison ?
Il y aura certainement des invités vers la fin. J'espère surtout faire davantage ressortir le fait que les talents bossent dans "The Voice". C'est touchant de voir le boulot qu'il font avec leur coach.
Une des spécificités de "The Voice", et particulièrement cette année avec Claire des L5 ou Kareen Antonn, ce sont ces personnalités qui viennent tenter une deuxième chance. Vous allez les démarcher ?
Il n'y a pas de castings sauvages. Cela se passe souvent, de façon informelle, ils peuvent glisser à quelqu'un "pourquoi tu ne tenterais pas ta chance ?". C'est tout le travail de Bruno Berberes, le directeur des castings, avec qui je travaillais déjà sur la Star Ac'. C'est lui qui sent. Parfois, il déniche quelqu'un qui a des petites faussetés mais il repère le potentiel. Après qu'il soit connu ou pas... Je ne vois pas pourquoi la fille de Tapie n'aurait pas le droit de chanter. Elle est arrivée toute seule, avec une humilité extrême. Pour moi, ce sont des candidats comme les autres. D'ailleurs, la production ne me prévient pas quand il y a des personnalités. Je ne veux pas le savoir avant de faire la petite interview dans le foyer pour garder cette virginité. Car la spontanéité que j'ai quand je le découvre, ce sera aussi celle du spectateur. Par contre, avec les secondes chances ou les fils de, on ne veut pas que leur participation se fasse au détriment de l'émission.
Comment ça ?
Quand le fils d'Hélène Segara est venu aux auditions et que personne ne s'est retourné, on lui a fait voir la séquence en lui disant : "Nous on veut la mettre dans l'émission, est-ce que tu y vois un inconvénient ou pas ? Si tu penses que ça peut te nuire, que tu vas le trainer, on l'enlève !"
C'est une question que vous posez à tous les candidats ou seulement à ceux qui ont une certaine notoriété ?
Non celui-là était particulier. Mais Shine a une éthique. Quand tu as une artiste qui a 15 ans de carrière, tu ne peux pas l'humilier parce que, sur un coup de stress, elle a raté une audition. Si elle se plante réellement, tu ne la mets pas parce que sinon c'est caricatural. Quand on se sent mal pour les candidats, on en discute toujours avec eux... Il n'y en a pas eu tellement mais ça peut arriver.
D'où parfois le sentiment de regarder une émission gentille...
Ce n'est pas "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil" mais, à un moment, on est là pour blesser personne. Un footballeur qui rate un but, il reste footballeur. Pareil pour les chanteurs ! Vous savez comment ça marche mais quand vous faites l'émission, vous pouvez choisir d'être voyeur ou non de l'échec d'un candidat. Dans ce cas, ça baisse le niveau de l'émission.
C'est un peu agaçant parfois tout de même de voir les coachs dire qu'une prestation est bonne alors qu'elle est honnêtement ratée...
Florent Pagny me dit toujours "mais qu'est ce que je dois dire dans ces cas-là" et je lui dis de se démerder ! (rires) Mais les coachs se sont lâchés cette année. Ils sont aussi plus stratèges. Du coup, parfois, ils disent "Oh je ne me suis pas retourné mais j'aurais dû !" car ils ont déjà des voix ressemblantes dans leurs équipes. Parfois des candidats se plantent mais on peut leur dire sans les vexer. Dans "The Voice", les coachs ne sont pas là pour démonter quelqu'un, ça fait partie du cahier des charges, dans le monde entier. Le ton insolent que tu as sur Twitter tu ne peux l'avoir à la télé !
Votre rôle pourrait être de défendre un candidat si les coachs étaient plus directs. On le voit dans d'autres formats....
Je le fais parfois sur les live ! Mais je suis suffisamment présent donc je n'ai pas envie d'en rajouter en jouant le rôle de celui qui défend les talents... Je ne suis pas là pour ça.
Votre place semble moins importante dans "The Voice" que dans "Star Ac'" où vous incarniez intégralement l'émission.
C'est vrai que ma place est particulière dans "The Voice". Aux premières auditions, je vis avec les talents et les familles. Pendant les battles, c'est encore différent. Mais mon rôle monte en puissance au fur et à mesure des semaines. Mais ça m'arrange quelque part. Le show, je l'ai fait pendant 800 quotidiennes et 300 primes. Avec les années, je suis devenu une valeur ajoutée de la "Star Academy" mais ce n'était pas le but ! Je pense vraiment que le concept est toujours plus fort que l'animateur. Dans "The Voice", la star c'est la voix. Et ça exige plus de subtilité dans ma façon de présenter.
Donc ça vous gênerait d'être aussi présent que vous l'étiez sur la Star Ac' ?
J'ai grandi. A l'époque de la Star Ac', je n'avais jamais fait ça de ma vie. J'étais journaliste, pas animateur. On m'a confié l'émission car personne d'autre dans Paris n'avait accepté. J'avais fait un peu d'antenne chez Christine Bravo. Mais à "Union libre" j'étais rédacteur en chef avant d'être chroniqueur. Je me suis retrouvé par hasard sur TF1. C'était rock and roll. J'avais 30 ans à l'époque. J'en aurai bientôt 44. J'ai grandi et j'ai moins envie de faire la toupie.
L'émission dure longtemps (un reproche qu'on fait souvent à "Top Chef", "Pékin Express"...). Vous faites tout pour gonfler la part d'audience ?
Vous ne pouvez pas comparer une émission de variétés, en direct, avec un concours de cuisine ! Vous avez vu à quelle heure finissent les Victoires de la musique ? Vous voulez qu'on en parle ? (rires) Pour boucler "The Voice" en 1h45, il faudrait que les talents chantent 30 secondes. Aux Etats-Unis, ils y arrivent mais tout est scénarisé. Il y a 40 auteurs qui écrivent tout, blagues comprises. Les coachs ont des prompteurs et des oreillettes ! Ce n'est pas notre culture de la télévision.
On dit déjà qu'en raison de bonnes audiences la troisième saison aurait déjà été signée. C'est fait ?
Oui je peux vous confirmer qu'il y aura une 3ème saison. L'appel à casting sera lancé demain sur MYTF1 lors du grand show en direct. Et j'en suis ravi !
Le succès de l'émission vous étonne ?
Oui ! Comme toute l'émission repose sur la voix, notre préoccupation était de savoir s'il y avait encore de la place pour des concours de chant en France, s'il y avait encore des voix. On avait tellement peiné à la fin de la "Star Academy"... Et finalement, les téléspectateurs sont là. Le plus étonnant avec "The Voice", c'est qu'on arrive à toucher tous les publics : les classes populaires, les bobos et même des personnalités qui tweetent pendant l'émission. Ca m'étonne moi-même. La "Star Ac'" avait fait une pointe à 14 millions mais il n'y avait pas un tel consensus auprès de tous les publics.