Comme un air de déjà vu. Ce mercredi, "Le Canard enchaîné" révèle dans ses colonnes que la publication des "Paradise papers" dans "Le Monde" a très peu plu à Bernard Arnault, le président du groupe LVMH. En effet, selon le palmipède, le beau-père du co-actionnaire du quotidien du soir Xavier Niel, a fait retirer les pages de publicité des marques de son groupe jusqu'à la fin de l'année. Cela représenterait un manque à gagner pour le journal de l'ordre de 600.000 euros.
Cette décision aurait été prise par Bernard Arnault après la Une du "Monde" du 9 novembre dernier qui lui était consacrée. Le quotidien, aussi détenu par Matthieu Pigasse, avait titré sur "les avoirs offshore du PDG" de LVMH, dans le cadre des révélations sur l'évasion fiscale de personnalités. Dans ses colonnes, en pages intérieures, le journal du soir s'était penché sur les montages financiers du groupe de Bernard Arnault dans plusieurs paradis fiscaux et avait montré, via une photo satellite, sa propriété londonienne, détenue grâce à une société-écran basée à Jersey.
La veille, alors que "Le Monde" avait déjà publié un long article sur le web, Bernard Arnault avait communiqué une déclaration à l'AFP pour réagir à cette enquête. "Tous les actifs évoqués dans cet article ont été constitués de manière parfaitement légale et sont naturellement connus des autorités fiscales", avait-il affirmé, dénonçant "une opération journalistique de ce média pour créer une sensation en utilisant (son) patrimoine". Selon lui, certains de ses investissements ont été "présentés comme des biens cachés et non déclarés, fiscalement répréhensibles, ou à la limite de la légalité".
Cette affaire rappelle le conflit en septembre 2012 entre Bernard Arnault et un autre quotidien national, "Libération". Après l'élection de François Hollande et l'annonce de la création d'une tranche d'imposition à 75%, le patron de "LVMH" avait évoqué sa tentation de partir en Belgique. Dirigé alors par Nicolas Demorand, le journal s'était payé le PDG en titrant en Une : "Casse-toi, riche con !" Très agacé par cette couverture, le milliardaire avait fait retirer en représailles les publicités du groupe de luxe, qui avec les marques Dior, Louis Vuitton ou Givenchy, représentait le plus gros annonceur du quotidien.
Mise à jour (17h40, 15/11/2017) :
En fin de journée, ce mercredi, un porte-parole de LVMH a démenti les informations du "Canard enchaîné", via une déclaration transmise à l'AFP. Le groupe détenu par Bernard Arnault dit "s'étonner des rumeurs fantaisistes" sur une coupure totale des investissements publicitaires dans "Le Monde". "Comme les lecteurs pourront le vérifier par eux-mêmes, les maisons du groupe LVMH seront bien présentes dans les pages du Monde et ses différents suppléments dans les prochaines semaines", assure la société de luxe.