Non, c'est non. Ce mercredi 29 mai 2024, une pétition a été mise en ligne par un collectif de salariés de France Télévisions, Radio France, l'INA et France Médias Monde pour s'opposer à la fusion de l'audiovisuel public, un projet défendu par la ministre de la Culture, Rachida Dati. Un texte également signé par une cinquantaine de personnalités publiques, parmi lesquelles l'actrice Laure Calamy, le comédien Vincent Dedienne, le DJ Martin Solveig, ou encore le musicien Julien Clerc. L'humoriste Guillaume Meurice, actuellement suspendu de sa fonction de chroniqueur à France Inter pour avoir réitéré ses propos polémiques sur Benjamin Netanyahu, figure également parmi les signataires.
L'examen par l'Assemblée nationale du texte du projet de loi visant à créer une entité unique regroupant les médias de l'audiovisuel public a été reporté le jeudi 23 mai à une date encore non communiquée, en raison "d'un ordre du jour déjà trop chargé". Baptisé "France Médias", ce groupe unique doit fusionner France Télévisions, Radio France et l'Ina (Institut national de l'audiovisuel). La question d'une intégration ou non de France Médias Monde (RFI, France 24) est encore sur la table.
La pétition, qui compte ce vendredi 31 mai plus de 5.300 signatures, assure que "soumettre ces quatre entreprises publiques à une direction unique ne les rendrait pas plus puissantes, mais au contraire beaucoup plus vulnérables aux tentatives de pressions politiques et économiques, aux ingérences éditoriales", peut-on lire sur le site change.org, où le texte a été publié. Les opposants à la fusion dénoncent notamment l'effet négatif de la réforme sur la pluralité des médias et un manque à la qualité de l'information.
"Avec cette fusion nous risquons de perdre une pluralité de points de vue, une richesse éditoriale si précieuse à la vie démocratique du pays. Il y a un risque évident d'appauvrissement et de lissage des contenus. Nous constatons déjà par petites touches, sous l'effet des rapprochements en cours, un début d'uniformisation. Ne continuez pas sur cette voie", demande encore le texte de la pétition, lancée par le "Collectif pour un audiovisuel public, pluriel et indépendant" et rédigée par les "publics et personnels de France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l'Ina", ainsi que par des "citoyennes et citoyens".
La semaine dernière, les salariés de l'audiovisuel public ont exprimé leur opposition à la réforme dans les médias via deux tribunes publiées par "Libération" ainsi que par le journal "Le Monde". Jeudi 23 mai, une grève avait été entamée par une majorité des journalistes et autres salariés des médias du groupe. Une grève qui a duré 48 heures et avait fortement impacté l'antenne. Selon le Syndicat national des journalistes (SNJ), 72% des salariés de Radio France étaient alors en grève le 23 mai, soit "près de 3 journalistes sur 4".
Adèle Van Reeth, directrice de France Inter, avait de son côté invité les députés à "visiter" les locaux de la station. "Je suis sûre que vous repartirez convaincus de tout faire pour préserver la radio publique", avait-elle écrit sur son compte X (Twitter). Présenté en mars dernier par Rachida Dati, le projet prévoit un "un rapprochement en deux étapes", avec la création d'un holding en janvier 2025 puis une fusion complète dès le 1er janvier 2026.