Interview
Patrick Cohen (Europe 1) : "À terme, il y aura moins de politique dans la matinale"
Publié le 21 septembre 2017 à 16:53
Par Pierre Dezeraud
puremedias.com s'est entretenu avec l'animateur de la matinale d'Europe 1.
Patrick Cohen Patrick Cohen© Marie Etchegoyen, Capa Pictures, Europe 1
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C'est le nouvel homme fort d'Europe 1. Au printemps dernier, son départ de France Inter avait fait grand bruit. Depuis le 28 août dernier, Patrick Cohen est devenu celui qui réveille chaque matin les auditeurs de la station du groupe Lagardère dans "Europe Matin". Fort d'un passé radiophonique riche, le chroniqueur de "C à vous" est la clé de voûte de la relance de la station. puremedias.com s'est entretenu avec Patrick Cohen en sortie de studio.

l A LIRE dans notre série "Une journée avec" : Une journée dans les coulisses d'Europe 1

Propos recueillis par Pierre Dezeraud.

puremedias.com : Vous êtes aux commandes de la matinale d'Europe 1 depuis trois semaines. Quel premier bilan - très prématuré - en tirez-vous ?
Patrick Cohen : Il est trop tôt ! Pour l'instant, on avance, on essaie d'améliorer à la marge ce qui doit l'être. Il y a eu des dizaines de petits ajustements d'antenne. C'est vraiment de la cuisine ou de la plomberie. Ce sont des petits détails qui créent de la complicité, des effets de bande, du plaisir d'écoute.

Quels types d'ajustements par exemple ?
La place de Julie, par exemple. Des petits réflexes d'animation, d'antenne. Essayer de faire en sorte que chacun ait sa place. Ce que l'on a créé entre 7h30 et 8h et lors de la demi-heure culture, ce sont des choses difficiles à réussir en radio. Généralement, cela demande du temps. Là, on essaie de le faire très vite. On marie des gens qui ne se connaissaient pas. C'était le cas de nos figures libres. Il faut donc créer un collectif, attiser de la curiosité et de l'intérêt entre les chroniqueurs. C'est l'alchimie de la radio qui est en marche. Cela se joue parfois à peu de choses. Il manque cinq secondes ici ou dix secondes par là. C'est vraiment de la petite cuisine. Sur le contenu, je suis content de ce que l'on a mis en place. Ce n'est pas forcément à moi de le dire mais je pense que nos choix sont les bons. On apprend des choses dans des styles différents à nos auditeurs que ce soit avec Géraldine Woessner et son "Vrai/ Faux" ou avec le "Pourquoi ?" de Philippe Vandel.

"Melting Pop" ne risque-t-il pas d'être cannibalisé par "Laissez-vous tenter" ?
Chaque émission a un ton et une façon de parler de la culture qui lui est propre. En ce qui nous concerne, avec "Melting Pop", nous sommes vraiment partis de zéro. Il n'y avait aucun précédent sous cette forme à Europe 1. Il fallait tout créer et trouver le bon dosage entre les chroniques, l'invité, le disque au milieu et le journal de la culture. La page était vierge le 21 août. Un mois plus tard, le résultat est sans doute perfectible mais je crois que nous avons le mérite de tenter et de faire bouger les lignes.

"Des artistes pourront bientôt proposer un titre en live dans la matinale" Patrick Cohen

Ce rendez-vous, vous continuez de le perfectionner et de l'ajuster avec, par exemple, l'arrivée d'Émilie Mazoyer.
Depuis qu'on a démarré, je veux qu'il y ait plus de musique dans la matinale. C'est mon obsession. Nous nous sommes arrangés pour qu'Émilie puisse intervenir plusieurs fois par semaine dans l'émission. Bientôt, on aura une autre nouveauté. Quand on aura des artistes en direct, ils pourront jouer de la musique et proposer un titre live. On va l'expérimenter dans les toutes prochaines semaines. On a aussi réagencé un peu le journal de la culture. Comme vous le voyez, tout cela est encore en phase de peaufinage.

Depuis l'arrivée du nouveau gouvernement et de figures politiques moins identifiées, est-il devenu plus difficile d'avoir des invités politiques ?
Non, je ne crois pas. Ce qui rend les choses difficiles, c'est l'hyper-concurrence, pas seulement avec les radios, mais aussi avec les chaînes d'information qui multiplient les rendez-vous politiques. Avec les radios, cela s'est accru avec Radio Classique, Sud Radio, RFI. Il y a pas loin d'une quinzaine d'invités politiques ou para-politiques dans les matinales, tous médias confondus. C'est plus un souci pour nous que le renouvellement du personnel politique.

Mais, par exemple, ce matin, vous n'aviez pas d'invité politique.
Nous avions un invité avec lequel nous avons pu parler politique. Mais rien ne nous oblige à avoir un invité politique stricto sensu tous les matins. Par exemple, nous avions Kamel Daoud la semaine dernière. Nous allons faire évoluer cette case. Il y aura des intellectuels, des savants, des scientifiques, des écrivains - pas des romanciers puisque la littérature relève davantage de "Melting Pop". En tout cas, on va ouvrir. Là, on sort d'une rentrée politique très attendue. Il est donc normal que l'on privilégie momentanément les invités statutaires.

"Il n'y a pas vraiment de tradition de l'interview politique matinale" Patrick Cohen

Quitte à ne plus vous inscrire dans la tradition de l'interview politique matinale ?
Il n'y a pas vraiment de tradition, à part à RTL. Sur France Inter, les cases ne sont pas entièrement dévolues à la politique. À RMC, ce n'est pas toujours le cas non plus. Jean-Jacques Bourdin fait parfois des pas de côté. Ici, à Europe, c'est un rendez-vous que l'on va faire évoluer vers une moindre dose de politique, c'est certain. En revanche, je ne peux pas encore vous dire à quelle échéance et dans quelle proportion.

D'un point de vue technique, ce n'est pas un peu inconfortable d'avoir Nicolas Canteloup par téléphone ?
Ce n'est pas tout à fait du téléphone, ce sont des lignes numériques sécurisées. C'est un souci quand la ligne ne marche pas. Sinon, pour l'auditeur, l'illusion est parfaite. Elle l'est encore plus pour Julie qui nous disait tout à l'heure que pour elle, c'est plus confortable de ne pas l'avoir en face car elle a vraiment le sentiment d'être en face des gens qu'il imite de l'autre côté des lignes. C'est vrai que ce matin, la ligne principale a craqué et que la ligne de secours était un peu défaillante. Nous ferons tout pour que ça ne se reproduise pas. Mais bon, dans 99% des cas, tout cela se passe sans encombre.

Ça ne favoriserait pas l'effet de bande que vous cherchez à créer et que Matthieu Noël tente de mettre en place ?
C'est tellement différent. Matthieu Noel est là comme Matthieu Noel. Nicolas Canteloup n'est pas lui-même, il n'est là qu'à travers les voix qu'il imite. Il ne prend que très rarement l'antenne avec sa vraie voix. Donc non, je ne le crois pas.

Dans une interview accordée à nos confrères de "TéléObs", Léa Salamé s'interrogeait sur votre "bonheur à Europe 1". Que lui répondez-vous ?
Je ne sais pas si Léa a vraiment tenu ces propos. Je ne l'ai pas eue au téléphone. Je pense que sa phrase était une sorte de futur antérieur qui a été un peu tarabiscotée. J'imagine qu'elle a dû se poser la question quand j'ai annoncé mon intention de quitter la matinale d'Inter. Assez logiquement, cela a surpris les gens avec lesquels je travaillais. Elle n'a pas tort sur le fait que j'étais heureux et épanoui à France Inter. J'étais dans un confort. Mais il y a des moments dans la vie où l'envie de prendre des risques est plus forte. En l'occurrence, j'ai été happé par l'intérêt du défi que représente la relance d'Europe 1.

"Si il n'y avait pas eu de changement à l'animation, je me serais d'avantage posé la question de quitter 'C à vous'" Patrick Cohen

Avec ce défi en perspective, vous vous êtes posé la question de votre participation à "C à vous" sur France 5 ?
Oui et s'il n'y avait pas eu de changement à l'animation, je me serais davantage posé la question. Là, il y avait un changement important avec Anne-Elisabeth, que j'ai soutenue. Je souhaitais vivement qu'elle incarne l'émission. Elle-même souhaitait vivement que je sois auprès d'elle. Donc, je ne me voyais pas la lâcher, par amitié pour Babeth et pour le producteur, Pierre-Antoine Capton. J'aime cette équipe. C'est une autre famille et je n'avais pas envie de la quitter.

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