Interview
Paul Larrouturou (LCI) : "J'avais peur de faire la saison de trop à 'Quotidien'"
Publié le 8 septembre 2021 à 11:58
Par Christophe Gazzano
Le journaliste politique, formé à l'école "Quotidien", sera présent ce soir sur LCI avec Ruth Elkrief pour le débat de la primaire des écologistes.
Bande-annonce de la primaire des écologistes sur LCI © Christophe Chevalin/LCI
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Quand on est reporter politique, on a l'élection présidentielle dans la peau. C'est le cas de Paul Larrouturou qui a rejoint cette saison LCI et l'émission présentée par Ruth Elkrief dans laquelle il tient une chronique quotidienne. Diffusée de 20h à 22h, la journaliste y a vu lors de sa première un clin d'oeil au scrutin de 2022. Et cerise sur le gâteau, pour son arrivée au sein de la tour TF1, l'ex-reporter tout terrain de "Quotidien" a eu droit à la place de parking numéro 2022. Ca ne s'invente pas.

puremedias.com a rencontré Paul Larrouturou pour évoquer son arrivée sur la chaîne d'information en continu du groupe TF1 et son premier livre à paraître, "Elysée confidentiel". Le journaliste interviendra également ce soir à l'occasion du débat de la primaire des écologistes diffusé sur LCI en prime time et modéré par Ruth Elkrief. A noter qu'un QR code sera affiché à l'écran tout au long de la soirée pour renvoyer les téléspectateurs vers l'espace des "Vérificateurs" sur le site de TF1/LCI où seront passées au crible les affirmations des candidats.

Propos recueillis par Christophe Gazzano.

En juin dernier, pour annoncer votre départ de "Quotidien", vous avez posté une photo avec cette légende : "J'ai décidé de partir pour me réinventer". Ressentiez-vous une forme de lassitude après cinq ans passés dans l'émission de TMC ?
Justement non. Je suis parti juste avant d'avoir ce sentiment. Je pense que je l'aurai ressenti en fin de saison prochaine en faisant la saison de trop. Je ne remercierai jamais assez Yann Barthès, Laurent Bon et Théodore Bourdeau, toute l'équipe de Bangumi. C'est ma famille professionnelle. Je suis très attaché à eux. Je pense que j'ai vécu ce qu'ont vécu des millions de Français avec le Covid, une remise en question. J'ai fait deux ans au "Petit journal", cinq ans à "Quotidien". Il n'y a eu aucun clash avec eux.

En mai dernier, vous avez été agressé verbalement lors d'une manifestation anti-pass sanitaire. Est-ce-que cela a pesé dans votre décision ?
Non, car ma décision en interne avait été prise et annoncée avant. C'était le 10 mai dernier. Ma décision était ferme et définitive. J'ai besoin de me mettre en danger, de tenter de nouveaux trucs.

Vous n'avez pas été traumatisé par cet épisode ?
Non. Comme beaucoup de confrères, j'ai été agressé au cours de ces dernières années sur le terrain, mais il faut aussi se poser les bonnes questions. D'où vient la haine ? Qui la propage ? Avec Gollnisch en 2015, j'ai été plus secoué.

Vous faites référence à l'épisode du parapluie où vous aviez été visé à plusieurs reprises par le parapluie de l'élu du Front national ?
Le parapluie, ça reste gagesque. En revanche, après, je pense que si les policiers n'étaient pas arrivés, nous nous serions fait lyncher. J'étais vraiment encerclé de gens du Front national. J'ai essayé de protéger mon équipe. Mais ce genre d'événements ne me donne pas envie d'arrêter. Je pense que ces gens-là n'aiment pas les journalistes en général. Quelle que soit la bonnette (de micro, ndlr), que l'on porte, on risque de s'en prendre une. Après, il y a des bonnettes qui sont plus tolérées que d'autres... (sourire).

"Je ne m'attendais pas à ce degré de liberté éditoriale" Paul Larrouturou

Comment s'est faite votre arrivée sur LCI ?
J'ai rencontré Thierry Thuillier (directeur adjoint du pôle info du groupe TF1, ndlr). C'était dans la salle "Danse avec les stars" (sourire). Il m'a fait rencontrer Fabien Namias (patron de LCI, ndlr), qui m'a dit qu'il souhaitait que je les rejoigne pour travailler avec Ruth Elkrief. J'étais un peu tétanisé parce que c'est quand même une légende. Elle m'a appelé un week-end. Nous avons évoqué les abstentionnistes pour essayer de comprendre qui en fait partie et comment leur parler. On partage une même vision de la politique qui consiste à dire que c'est une matière noble. On m'a donné une carte blanche absolue pour ma chronique et j'ai pu le vérifier dès la première émission avec mon sujet sur Eric Zemmour. Je ne m'attendais pas à ce degré de liberté éditoriale. Mais pour la première, j'étais hyper stressé et vraiment pas bon sur la forme.

Un des éléments forts de votre chronique, c'est la présence d'un écran tactile géant. Le risque c'est que cela apparaisse comme un gadget aux yeux des téléspectateurs...
C'est exactement l'enjeu. Il faut reconnaître que le premier jour avec Zemmour, ça faisait un peu PowerPoint. Mais jeudi, nous présenterons en exclusivité le nouveau quartier général de La République en marche et je prépare pour cela une belle carte interactive. Autre exemple, pour le débat de la primaire des écologistes, le fait de montrer leur site à l'antenne et d'expliquer comment ça fonctionne pour voter, cela apportera une valeur ajoutée. Et puis concrètement, ça fait sept ans que je suis assis avec un prompteur, j'avais envie d'être debout sans prompteur.

Auriez-vous pu débarquer sur une autre chaîne d'information que LCI ?
(sourire gêné) Précisez votre question.

Aurait-on pu vous voir sur CNews ?
Non. Quant aux autres chaînes, j'ai eu la chance d'avoir des propositions mais je n'entrerai pas dans les détails parce que ce ne serait pas élégant vis-à-vis de celles à qui j'ai dit non. J'ai été approché par une autre chaîne info et une autre chaîne de télévision avec deux belles propositions et je les en remercie.

"Je me suis mis trop de pression pour la première" Paul Larrouturou

Parlons un peu plus de votre première émission sur LCI lundi dernier. On vous a senti un peu stressé...
Sur le fond, j'assume d'avoir tourné le samedi pour le lundi soir le sujet sur Eric Zemmour car c'était important. J'ai pu poser toutes les questions que je voulais. Sur la forme, j'étais trop stressé. Je n'avais pas compris où étaient les bonnes caméras. Je me suis mis trop de pression. Le lendemain, je me suis rassuré en me rasseyant. Mais cette prise de risque et cette adrénaline là, c'est précisément ce que je suis venu chercher. La promesse éditoriale, c'est d'être le plus réactif possible.

Vous allez prendre part au débat des primaires des écologistes organisé ce mercredi sur LCI et présenté par Ruth Elkrief. Quel va être votre rôle ?
A partir de 20h, j'assurerai 40 minutes de direct sur Instagram pour montrer les coulisses du débat avec Ruth Elkrief. Et je serai à l'antenne pour une petite chronique, c'est Ruth qui me l'a proposé.

Parmi vos missions, l'objectif est-il de développer de nouveaux formats sur les réseaux sociaux ?
Exactement. On m'a fourni un kit de reporter mobile avec le dernier iPhone et des micros spécifiques. Une fois que ma chronique "L'instant Pol" sera bien installée, je vais tenter de faire des formats en full live sur internet. Je l'ai déjà testé quand j'étais reporter pour Le Lab d'Europe 1. Montrer les coulisses, ça m'excite beaucoup.

Sur le terrain, ces derniers jours, vous avez approché Eric Zemmour et Emmanuel Macron. Lequel des deux a été le plus facile à aborder ?
Eric Zemmour (sourire). Il pense que c'est son moment. Il était très accessible. Je suis content d'avoir pu montrer la toute première image de Sarah Knafo, qui est sa conseillère. Pour être honnête, je m'attendais à un comité d'accueil plus fourni à ses côtés. Concernant Emmanuel Macron, il faut toujours jouer des coudes pour pouvoir l'approcher. Ma méthode sur le terrain, c'est de louer une voiture et de suivre son convoi.

Comment arrive-t-on à attirer l'attention du chef de l'Etat sur le terrain au milieu des journalistes, des badauds et du service de sécurité ? Y a-t-il une technique Larrouturou ?
Ma chance, c'est que je suis Emmanuel Macron depuis le tout premier jour, lorsqu'il était secrétaire général adjoint de l'Elysée en 2012. Je fais partie des visages qu'il identifie, mais je ne suis pas du tout le seul. Parfois, il ne me répond pas ! (rires) Il aime bien la joute, les questions qui picotent.

Sur quels thèmes la présidentielle va-t-elle se jouer selon vous ?
Le régalien semble très fort. Avec le Covid qui écrase tout, la question est de savoir si nous allons aller vers une récession, une inflation des prix... Il y a un vrai gros point d'interrogation économique. Il y a la question de l'immigration également. Je sens que la France se droitise, je le constate en voyageant un peu partout en France. De plus, on peut se demander à quoi va ressembler une campagne avec le pass sanitaire...

"Je ne crois pas à l'irruption d'un candidat venu de nulle part pour la présidentielle" Paul Larrouturou

Croyez-vous en l'hypothèse développée par Laetitia Krupa dans son dernier livre, qui pronostique l'irruption d'un "clown", autrement dit d'un candidat hors système pendant la campagne ?
Non. Tous ceux qui disent cela oublient qu'en septembre 2016, Emmanuel Macron était déjà candidat et avait déjà fait la Une de tous les journaux. J'ai surveillé de très près les volontés présidentielles de Cyril Hanouna. Il fera un livre avec Barbier et une grande tournée promotionnelle mais a priori, il ne sera pas candidat. Je ne crois pas à l'irruption à huit mois du scrutin d'un candidat venu de nulle part. Je pense qu'il serait déjà forcément un peu dans le paysage.

Ce "clown" ne pourrait-il pas être Eric Zemmour ?
Pour moi, ce n'est pas un clown. C'est un intellectuel charpenté, excellent en débat. C'est l'objet politique le plus intéressant de cette rentrée. Il peut se louper et faire moins de 5% ou il peut être au-dessus de 10%. Il faut le suivre de près et voir à qui il peut prendre des électeurs, que ce soit chez Marine Le Pen, chez Les Républicains ou chez Emmanuel Macron. C'est le point d'interrogation dans l'équation : combien fera Zemmour ? Je pense que nous sommes à un moment où personne n'a la réponse.

"Eric Zemmour se prépare" Paul Larrouturou

Vous pensez donc qu'il va vraiment déclarer sa candidature ?
Je sais qu'il se prépare. Je ne sais pas quelle sera sa décision mais il y a beaucoup de candidats qui aimeraient être à son niveau dans les sondages. "Paris Match" a avancé la date du 11 novembre pour la déclaration de sa candidature. Il réfléchit, il hésite, il consulte... On va le suivre de très près.

Le 15 septembre, la veille de la parution du nouveau livre d'Eric Zemmour, vous publiez chez Flammarion votre premier livre en collaboration avec le photojournaliste Eliot Blondet, "Elysée confidentiel". Comment est né cet ouvrage ?
J'ai écrit un portrait de Makao, le garde du corps de Macron, en 2019 pour "Society". J'ai pris un grand plaisir à le faire et j'ai eu envie d'en écrire d'autres. Raphaëlle Bacqué, que j'adore, m'a suggéré d'écrire un livre, mais je ne trouvais pas d'angle. Elle m'a présenté une éditrice, on a discuté et on a "toppé" il y a un an. J'ai écrit toutes les nuits pendant un an. Le sujet est parti d'une discussion avec Eliot Blondet. Un jour, on s'est rendu compte qu'on n'arrivait pas à répondre à cette question : "Comment est vraiment Emmanuel Macron ?". Nous avons donc voulu donner la parole à des gens qui le connaissent, avec un cast qui ne soit ni à charge ni à décharge et les belles photos d'Eliot. Il y a 14 portraits de gens qui ont évolué dans la "bulle" Macron. Il y a par exemple Christophe Castaner qui fait de vraies confidences, notamment à propos d'une engueulade avec Emmanuel Macron sur l'islam de France.

Les personnalités interrogées dans votre livre sont-elles plus enclines à se confier par écrit que face caméra ?
Oui. Christophe Castaner ne m'aurait par exemple jamais confié cela face caméra.

Qu'est-ce-qui les bloque ?
L'image. Le fait que cela puisse devenir une vidéo virale. Je suis très heureux de la confiance que tous m'ont accordé. J'ai pu avoir le seul Gilet jaune qui est entré à l'Elysée, Gépy. J'ai Jonathan Jahan à qui le président a lancé : "Je traverse la rue, je vous trouve du travail" ; Sibeth Ndiaye qui revient sur son parcours et décrit les défauts d'Emmanuel Macron, ce qu'elle n'avait encore jamais fait... Il y a aussi des opposants et des passages qui picotent un peu.

Vous avez prévu de faire beaucoup de promotion dans les prochains jours ?
Je serai chez Sonia Devillers sur France inter le 14 septembre. Et normalement, je serai chez Laurent Ruquier et Léa Salamé ("On est en direct" sur France 2) le 18 septembre. Mais ma priorité, c'est l'antenne. Je ferai la promotion essentiellement le vendredi.

"Je raconte cette volonté profonde de l'entourage d'Emmanuel Macron de remplacer les journalistes par leur propre cellule de communication" Paul Larrouturou

Il y a quelques passages consacrés aux médias dans votre livre...
Oui, avec par exemple Sibeth Ndiaye qui raconte qu'elle a beaucoup appelé BFMTV pour se plaindre de leurs bandeaux. Ou avec un chapitre consacré à Laurence Benhamou qui est une des deux journalistes qui couvre l'Elysée pour l'AFP. Je m'énerve d'ailleurs un peu dans un passage lorsque j'écris : "L'absence organisée, délibérée, répétée des journalistes dans des déplacements publics importants restera comme le grand problème médiatique du quinquennat". Je raconte cette volonté profonde de l'entourage d'Emmanuel Macron de remplacer les journalistes par leur propre cellule de communication. Par exemple, il n'y avait aucun journaliste présent dans le bureau de Didier Raoult lors de sa visite. J'ai listé dans le livre tous les moments où la presse aurait dû être là et où ce n'était pas le cas. Donc ça, je pense que ça va les énerver (à l'Elysée, ndlr). Ca tombe bien, c'est fait exprès (rires).

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