Nouvelle bonnette pour Paul Larrouturou. Le reporter politique, rendu célèbre par ses nombreuses passes d'armes sur le terrain, débute sa saison sur un nouveau support. Fini la télévision ! À 37 ans, celui qui co-présentait la saison passée la tranche du 11h-midi de LCI avec Élizabeth Martichoux devient la figure de proue de TF1 info, l'offre d'information du groupe TF1 sur le web, et pourrait alimenter à terme la future plateforme de streaming, annoncée ce mercredi 30 août 2023 par Rodolphe Belmer, le directeur général de TF1.
Celle-ci proposera de l'information qui pourra être consommée à la demande sur l'application My TF1. D'ici là, Paul Larrouturou revient, pour puremedias.com, sur sa décision de quitter le petit écran et explicite le contenu des trois formats qu'il portera cette saison sur les comptes Tik Tok, Instagram, Snapchat, Facebook, X (nouveau nom de Twitter) et Youtube de TF1 info : "Paul Le Live" (directs), "Paul Le Plus" (reportages) et "Paul Les Enquêtes".
Propos recueillis par Ludovic Galtier Lloret
puremedias.com : Un nouveau pan de votre carrière s'ouvre. Vous quittez la télévision pour vous consacrer à 100% au web et aux réseaux sociaux. Comment l'appréhendez-vous ?
Paul Larrouturou : Je quitte la télévision. C'est évidemment un moment particulier pour moi, une petite révolution intime. Je me suis jeté dans le vide. Maintenant, je sais ce que je veux faire, je vois l'énergie qui est consacrée à ce projet au sein du groupe TF1. J'ai d'ailleurs été très touché par la phrase de Thierry Thuillier (directeur de l'information du groupe TF1, ndlr) qui a évoqué en public l'idée que peut-être, en 2025 ou en 2026, un homme ou une femme politique pourrait choisir de déclarer sa candidature à l'élection présidentielle de 2027 non pas sur le plateau du "20 Heures" de TF1 mais dans l'un de mes formats.
"Je ne suis plus un présentateur de téloche mais un créateur de contenus parmi d'autres"
Vous seriez ainsi avant-gardiste en prenant cette décision ?
Ce que je crois surtout, c'est que cela rend humble parce que je ne suis plus un présentateur de téloche mais un créateur de contenus parmi d'autres. Ici, c'est le meilleur laboratoire pour le faire. Il y a à la fois l'esprit start-up et l'empire TF1, porté par Rodolphe Belmer (directeur général de TF1, ndlr), pour qui c'est un enjeu industriel.
Concrètement, qu'est-ce que l'on pourra retrouver dans vos trois formats ?
Du direct, d'abord, en format 9/16e avec "Paul Le Live" : en septembre, je vais vous faire vivre, tout seul avec un iPhone – ce qui est une première pour moi – les coulisses des visites du pape François à Marseille et du roi du Royaume-Uni Charles III à Bordeaux. À l'Élysée, je vais vraiment faire de l'immersion et plusieurs ministres m'ont donné leur accord. Le format en direct s'accompagnera d'un format chiadé de deux minutes compilant les meilleurs moments du direct. Je vais aussi faire du "débunk" (de la déconstruction, ndlr) de fake news à base de reportages. "Paul Le Live" et "Paul Le Plus" sont intimement liés.
Et le troisième format ?
Ce sont les enquêtes. Là, il me faudra plus de temps. On va miser sur des enquêtes au long cours filmées à l'horizontal et d'une durée pouvant atteindre jusqu'à 8 minutes. Elles seront diffusées sur la future application de TF1 et sur Youtube voire pourquoi pas à terme dans le "20 Heures". Certaines enquêtes que j'ai commencées l'année dernière pourraient intégrer ce format à l'instar de Lacoste qui continue son business en Russie et les munitions françaises retrouvées en Iran. Ou, sur le terrain politique, quelque chose dans la même veine que mes enregistrements de Laurent Wauquiez à l'école de management de Lyon en 2018.
La communication gouvernementale que l'on dit ultra-verrouillée vous permettra-t-elle d'avoir les mains totalement libres ?
J'ai "dealé", pour l'heure, directement avec les ministres que je connais et pas avec leurs communicants. Plusieurs ministres, dont des régaliens, sont d'accord pour que je les suive dans leur voiture, réaliser des séquences qui nous emmèneront du ministère aux visites de terrain musclées.
"Une majorité de Français s'informent sur leur téléphone avant la télévision, et je ne parle pas seulement des 15-34 ans"
Êtes-vous de ceux qui pensent que la télévision va s'éteindre à petit feu ?
Beaucoup de confrères de la télévision m'ont dit : "Tu as raison, la télévision se meurt, moins vite que prévu, mais on sent que les gens ne la regardent plus". Ce qui est sûr, c'est qu'une majorité de Français s'informent sur leur téléphone avant la télévision, et je ne parle pas seulement des 15-34 ans. Ces derniers mois, parallèlement à mes reportages et interviews pour LCI, j'ai fait des expérimentations sur les réseaux sociaux. Je me suis rendu compte que mes sujets vivaient déjà en grande partie en ligne.
C'est-à-dire ?
Tout a commencé le 3 janvier 2022, avec ma séquence avec les "antivax" : j'ai réalisé que les gens qui m'en parlaient dans la rue l'avaient tous vu d'abord en ligne et que mon tweet seul avait fait 18 millions d'impressions, soit autant voire plus que son exposition cumulée sur LCI (multidiffusion) et dans le "20 Heures" de TF1.
Le même schéma s'est reproduit en début de saison dernière, le 5 septembre 2022, quand j'ai demandé à l'entraineur du PSG, Christophe Galtier, et à Kylian Mbappé s'ils comptaient répondre au responsable de la SNCF qui les incitait à prendre le train plutôt que des avions : 8 millions de vues en natif sur nos réseaux sociaux.
"Je ne veux surtout pas que l'on m'oppose à Rémy Buisine"
Justement, quelle est la patte de Paul Larrouturou en direct par rapport aux formats existants ?
"Comptez sur moi pour poser des questions piquantes à Ségolène Royal"
Je suis profondément dans l'incompréhension par rapport à Ségolène Royal, dont j'ai couvert la campagne en 2007. J'étais très jeune mais je me souviens qu'elle avait pour ambition de devenir une femme d'État. Il y a un moment où elle a vrillé factuellement que ce soient sur les vaccins ou sur l'Ukraine. Je pense qu'elle tente d'exister aujourd'hui. J'ai vu sa tentative de retour et son pacte avec Mélenchon pour les élections européennes de 2024 et ce que je vois, en tant que journaliste politique, c'est qu'une grande partie de la gauche est elle aussi dans l'incompréhension. Après, mon travail consiste à lui donner la parole, à faire entendre ses idées et à relayer les interrogations que les gens peuvent avoir. Comptez sur moi pour lui poser des questions piquantes.