"Paris Match" hors la loi ? Cette semaine, l'hebdomadaire du groupe Lagardère affiche en Une les images de l'arrestation de Piotr Pavlenski et de sa compagne, Alexandra de Taddeo samedi 15 février à Paris. L'activiste russe apparaît ainsi en couverture à terre, sur le ventre, pendant qu'un policier lui passe les menottes devant sa compagne.
"C'est interdit par la loi", a protesté Eric Dupond-Moretti hier soir sur France 5. Invité de "C à vous", le célèbre avocat a poursuivi : "Ca me choque. Match ('Paris Match', ndlr) s'était illustré dans l'affaire Merah (Abdelkader Merah, ndlr) puisqu'ils avaient pris des photos à l'audience - alors que c'est totalement interdit - de Merah, et accessoirement, de ses avocats", a rappelé Eric Dupond-Moretti. Et de conclure sur le sujet : "On ne répond pas à des violations de l'intimité de la vie privée par d'autres violations de l'intimité de la vie privée. La limite, c'est la loi. On ne peut pas filmer un type (sic) menotté", a rappelé l'avocat, évoquant le principe de présomption d'innocence.
L'article 35 ter de la loi du 29 juillet 1881, introduit par la loi Guigou du 15 juin 2000, dispose en effet que la "lorsqu'elle est réalisée sans l'accord de l'intéressé, la diffusion, par quelque moyen que ce soit et quel qu'en soit le support, de l'image d'une personne identifiée ou identifiable mise en cause à l'occasion d'une procédure pénale mais n'ayant pas fait l'objet d'un jugement de condamnation et faisant apparaître, soit que cette personne porte des menottes ou entraves, soit qu'elle est placée en détention provisoire, est punie de 15.000 euros d'amende". Contacté par "CheckNews" hier, Hervé Gattegno, directeur de la rédaction de "Paris Match", a assumé le choix de sa rédaction : "Si la justice est saisie, on verra bien. Nous, on considère qu'il y a un devoir d'information supérieur à tout cela. Si ce débat doit avoir lieu devant un tribunal, il aura lieu. Mais nous, on assume ce que l'on a fait".
En juin 2018, "Paris Match" avait été condamné pour avoir publié des photos de l'audience du procès d'Abdelkader Merah. L'hebdomadaire avait diffusé deux photos, l'une d'elles montrant Abdelkader Merah dans son box derrière ses avocats, Antoine Vey et Eric Dupont-Moretti. L'autre cliché montrait sa mère à la barre quelques jours plus tôt. A l'époque, Claire Leost, la directrice de publication de "Paris Match", avait été condamnée à 4.000 euros d'amende.