
Après Fast & Furious 5 et Thor, Pirates des Caraïbes, la Fontaine de Jouvence donne à son tour le coup d'envoi de la saison estivale et de sa déferlante de blockbusters. Les films vont s’enchaîner et se consommer à la pelle. En attendant les Very Bad Trip 2, X-Men : le commencement, Harry Potter et autres Transformers 3, c'est la grosse machine Disney/Bruckheimer qui ouvre les hostilités - et en 3D.
Quatre ans après le troisième film, on retrouve notre capitaine Jack Sparrow (Johnny Depp) mandaté par le roi George II (Richard Griffiths) pour dénicher la Fontaine de Jouvence, assisté de son éternel ennemi Hector Barbossa (Geoffrey Rush). Jack se retrouve alors face à Angelica (Penélope Cruz), une ancienne conquête qui le convint d'embarquer à bord du bateau de Barbe-Noire (Ian McShane), qui n'est autre que son père. Tous espèrent trouver la Fontaine avant les Espagnols. Commence alors une aventure mêlant humour, action, trahison et sentiments cachés.
Pirates des Caraïbes, c'est une association explosive qui dure depuis 2003 entre Disney et le célèbre producteur Jerry Bruckheimer (Top Gun, Les Experts) pour une franchise certes très divertissante mais aussi très inégale. Et le quatrième volet est marqué par le départ du réalisateur Gore Verbinski, remplacé par Rob Marshall, réalisateur talentueux et énergétique de Chicago, de la très belle fresque Mémoires d'une Geisha ou du très décevant Nine.
Mais ceux qui espéraient un certain renouveau seront déçus. Rob Marshall se normalise et ne devient finalement qu'un simple exécutant. On passe tout le film à espérer LA scène qui fait mouche entre Johnny Depp et Penélope Cruz, cette scène qui permettrait au film de prendre une tournure plus légère et jouissive pour le spectateur, à l'image de Jack...
Pourtant, ce n'est pas la matière qui manque. Un très beau terrain de jeux lui est offert avec les fabuleux costumes et les somptueux décors, les superbes paysages, les sirènes, ou bien les combats d'épées qui auraient mérité, pour le coup, d'être beaucoup mieux chorégraphiés. C'est sur ce type de séquences qu'on aurait aimé voir tout le talent du réalisateur. On en attendait beaucoup plus du monde des sirènes qui s'annonçait prometteur, avec les débuts encore très hésitants de la Française Astrid Berges-Frisbey dans le rôle de Syrena.
Réalisé directement en 3D sans passer par une quelconque conversion, ce quatrième film est finalement une belle arnaque visuelle puisqu’on ne retrouve plus les créatures inquiétantes et très réussies des précédents épisodes. On se souvient notamment de Bill Turner ou de l'incroyable Davy Jones qui composaient la richesse visuelle et scénaristique de ces tours de manège. Ici, les scènes s'enchaînent sans qu'on se souvienne réellement de l'enjeu. On assiste à une vaste relecture version 2.0 d'Indiana Jones et la dernière croisade ; la quête du graal et de la jeunesse éternelle étant l'élément moteur de ce film d'aventure, sur fond d'actes manqués entre un père et sa fille...
Tout ceci est, bien évidemment, traité en surface et on n'arrive pas être pris d'empathie pour les quelques protagonistes, ni même le grand méchant, même si le choix de Ian McShane en Barbe Noire est excellent. En revanche, les scénaristes n'ont pas oublié de nous servir une pseudo love-story très timide - à l'image de celle de Keira Knightley et Orlando Bloom dans les premiers films - entre le « prêtre » Philip Swift (Sam Claflin) et Syrena... Bizarre et moyennement convaincant.
Johnny Depp, pour qui le personnage est définitivement taillé sur mesure, se retrouve face à une Penélope Cruz très agacée et survoltée, qui rappelle sa composition dans Vicky Cristina Barcelona. Et si ce duo est pétillant sans être renversant, la force du film vient de la rivalité entre Ian McShane (Deadwood) et Geoffrey Rush (Le discours d'un roi), deux vraies gueules de cinéma. On regrettera en revanche que le retour inutile de Keith Richards en "papa" Capitaine Teague Sparrow.
Au final, Pirates des Caraïbes, la Fontaine de Jouvence n'a plus la fraîcheur des premiers films et traîne en longueur, mais garde heureusement un côté divertissant indéniable, qui devrait suffire à s'assurer que les fans soient de retour dans les salles pour le cinquième volet.