François Hollande est-il trop normal pour être drôle ? C'est une étrange question que se pose pourtant sérieusement Plantu. Alors qu'il a déjà dit regretter le départ Nicolas Sarkozy, qu'il jugeait comme une "caricature de lui-même", le dessinateur, qui officie dans le journal Le Monde depuis 1972, avoue avoir des problèmes avec le nouveau président de la République.
Hier, en marge d'une exposition de dessins à Berlin, Jean Plantureux (son vrai nom) a confié à l'AFP ses difficultés à aborder l'actuel locataire du Palais de l'Elysée. "François Hollande n'est pas très facile à croquer car c'est quelqu'un de gentil", a déploré le caricaturiste qui était bien plus inspiré par son prédécesseur. "J'ai préféré dessiner Sarkozy car c'est une figure satirique. C'était une telle caricature que c'était plus facile, il n'y avait pas besoin d'exagérer le trait", a-t-il reconnu.
Pourtant d'autres caricaturistes ont trouvé leur voie. "Le Petit Journal", par exemple, a plusieurs angles d'attaque pour se moquer de François Hollande, en raillant notamment ses cravates de travers. Mais Plantu, lui, est plus inspiré par Angela Merkel. "La chancelière Merkel est aussi facile à dessiner, elle a toujours une veste un peu trop courte et un grand pantalon. J'aime son côté 'j'assume mon paraître', sa coiffure, plutôt est-allemande au début", a-t-il expliqué hier.
En octobre, alors qu'il fêtait ses 40 ans de carrière au Monde, Plantu avait estimé que le défaite de Nicolas Sarkozy à la présidentielle avait été une "catastrophe" pour lui. "Sarko, je lui dois de l'argent, tellement il m'a facilité le travail : le dessin venait tout seul, le crayon courait sur le papier", s'était-il amusé, en rappelant que l'ancien président de la République a souvent appelé le journal pour se plaindre de ses dessins.
Plantu s'est souvent illustré avec ses dessins de Jacques Chirac, d'Edouard Balladur ou de Dominique de Villepin, semble avoir du mal avec l'austérité des dirigeants socialistes. En octobre, il avouait garder un mauvais souvenir des années Jospin. "Le pire, c'était Jospin : qu'est-ce qu'il était dur à faire ! C'est tellement plus facile avec des hommes politiques arrogants et qui insultent les gens. Ce qui est bon pour un caricaturiste n'est pas forcément bon pour la démocratie", avait-il regretté.