Une déclaration moqueuse (et pas du meilleur goût) qui ne passera pas inaperçue. "La Lettre A" rapporte aujourd'hui des propos prêtés à Patrick Drahi, patron d'Altice, et tenus devant les salariés de Molotov. Pour rappel, Altice est entré fin janvier en discussion exclusive pour prendre une part majoritaire de 60% dans le capital de Molotov, la plateforme OTT fondée par Jean-David Blanc, Pierre Lescure et Jean-Marc Denoual, avec la participation du fonds Idinvest. Depuis cette annonce, Molotov, qui revendique 7 millions d'utilisateurs, a annoncé l'intégration du bouquet payant RMC Sport, fleuron de l'offre de contenus d'Altice.
Selon "La Lettre A", Patrick Drahi a promis aux salariés de l'agrégateur de contenus télévisuels que le management actuellement en place sera conservé. Devant les salariés de la plateforme, l'homme d'affaires aurait également flingué Salto, le projet de service de vidéos à la demande de TF1, M6 et France Télévisions, en le qualifiant "d'alliance de sourds et d'handicapés". De quoi faire plaisir à Gilles Pélisson et Nicolas de Tavernost, patrons de TF1 et M6, et surtout à Delphine Ernotte-Cunci, présidente de France Télévisions, qui a longuement milité, essuyant plusieurs revers au passage, pour qu'une plateforme de SVOD commune aux trois groupes voit le jour.
La déclaration rapportée du patron d'Altice est d'autant plus savoureuse que "les sourds et les handicapés" (sic) moqués par Patrick Drahi se sont intéressés de près à Molotov par le passé. Ces derniers mois, avant qu'Altice ne mette la main sur la plateforme et après l'échec des négociations avec Orange selon "L'Express", des discussions avaient eu lieu entre Molotov et France Télévisions. En janvier, "Les Echos" rapportait qu'un partenariat et une prise de participation avaient été envisagés, ce qui aurait pu permettre au nouveau-né Salto de s'appuyer sur l'expérience de Molotov.
Présenté comme la réponse des principaux groupes audiovisuels français à Netflix, Salto devrait être mis en service dans le courant de l'année. La date de lancement et le détail de l'offre, qui sera accessible via un abonnement payant, ne sont cependant toujours pas officiellement connus. En janvier, dans la perspective du lancement de Salto, France Télévisions a signé un nouvel accord avec les producteurs français concernant ses droits numériques sur les oeuvres qu'il finance. En vertu de celui-ci, des séries comme "Dix pour cent" ne pourront plus se retrouver sur Netflix.
Mise à jour 08/02 à 16h30 : Le groupe Altice fait savoir à puremedias.com qu'il dément "formellement" les propos rapportés par nos confrères de "La Lettre A". "Ils n'ont jamais été tenus et témoignent d'une seule volonté de nuire" commente le groupe.